Ces changements étaient-ils bons ou mauvais ?"
Je n'ai eu aucun mal à me souvenir des personnages (l'auteure nous réserve quelques résumés des épisodes précédents bien utiles) et j'ai aimé les retrouver. Anju mariée à Sunil, "installée en Amérique", enceinte, invite Sudha, sa soeur, à venir la rejoindre, après son divorce et la naissance de sa fille Dayita. Mais, car il y a un "mais" Anju perd son enfant et c'est compter sans le désir que Sunil ressent depuis toujours pour Sudha et qu'il lui a avoué en Inde, avant son départ.
Chitra Banerjee Divakaruni nous conte par le biais de ce ménage à trois forcément explosif, les limites du "rêve américain", les fêlures de l'exil, mais également les pièges du sentiment amoureux ou du désir. Comme souvent dans ses écrits, est mise en avant l'idée que, solitaire, la femme indienne peut enfin puiser en elle la force et la lucidité nécessaire à la poursuite de son bonheur, un bonheur qui ne passe pas forcément par l'amour ou le mariage mais dont la culture originelle n'est pas exclue.
Les diverses focalisations du récit apportent à cet écrit une force particulière qui m'a beaucoup touchée. Les émotions sont traduites de manière très fine. Vraiment, un très beau moment de lecture, et une sacrée leçon d'écriture, que je vous recommande.
"La femme au sol ouvre les bras à celle qui était dans le ciel. Voilà ce que nous faisons du chagrin. Les morts sont des goutelettes d'eau de mer et de cendre, qui voyagent dans l'air. Montent-elles ? Tombent-elles ? Regardez, il n'y a pas de différence. La courbe de la terre ressemble à un sourire."
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