119ème semaine de Sarkofrance: au royaume des tarfuffes, Sarkozy reste Roi

Publié le 15 août 2009 par Juan


Nicolas Sarkozy espérait que l'actualité le laisserait tranquille. Erreur ! Le Monarque est certes resté à l'ombre des pins du Cap Nègre, s'autorisant ici ou là une baignade avec son épouse Carla, si possible quand les paparazzi mouillaient au large, ou une virée à vélo pour aller chercher des pizza au Lavandou. Mais il a dû nous faire croire qu'il était toujours sur le pont.
Tartufferie médiatique
Dès sa première semaine de vacances, on pouvait comprendre combien les vacances présidentielles seraient scénarisées: le convalescent de l'Elysée s'affichait en maillots de toutes les couleurs, bisous avec Carla en prime, sur des plages supposées hautement sécurisées. Il sortait parfois de sa villa, mal rasé et souriant, comme un vacancier échappé de son camping. Mardi, il fallait lire VOICI, l'hebdo people. La rumeur fait rage. Non content d'être prochainement grand-père, Nicolas Sarkozy réfléchirait à un nouvel enfant avec son épouse Carla... en 2011. Un an avant l'élection présidentielle, le timing serait parfait. Une grossesse, rappelons-le, dure 9 mois. Une naissance "royale" calée la veille d'une élection présidentielle serait l'aboutissement d'une mise en scène médiatico-politique pour troubler le jeu électoral. Plus tard, le Parisien a délivré l'information suprême : jeudi soir, Nicolas a fait 1h15 de vélo au Cap Nègre pour aller chercher quatre ou cinq pizza à «La Paillotte» à Pramousquier, un quartier du Lavandou, près du Cap Nègre. Nous sommes rassurés. Le Monarque va bien. Il pédale.
Autre contre-feu médiatique, un opportun article du Journal du Dimanche révélait que des parlementaires UMP réfléchissaient à revoir le niveau des niches fiscales: de la suspension du bouclier fiscal à la création d’une nouvelle tranche de l’impôt sur le revenu pour les plus aisés, voire unee réduction forfaitaire des niches fiscales, tout fut bon pour masquer l'annonce du lendemain: le déficit budgétaire de la France a triplé en un an, pour atteindre le montant faramineux de 86,6 milliards d'euros à fin juin 2009. Eric Woerth, le ministre du Budget, est venu rassurer les Français à la télévision : "c'était prévu !"
Tartufferie économique
La meilleure blague gouvernementale de la semaine est venue jeudi. Miracle ! La croissance du PIB (prononcez "pib", comme Sarkozy) est revenue au second trimestre ! Allelulia ! Même Christine "Marie-Antoinette" Lagarde s'est dite "surprise". En juin déjà, elle s'était félicitée du rebond de la consommation des ménages, oubliant que ceux-ci n'achètent donc plus que pendant les soldes. L'UMP a acclamé ce "résultat dû très largement aux effets de la politique gouvernementale de soutien à l'économie". L'UMP a tout faux. Cette bonne nouvelle a peu à voir avec le plan de relance. L'investissement a encore reculé de 1%, masquant un effondrement du secteur privé, tandis que l'investissement public progressait timidement de +0,1% grâce à 'l'énorme' plan de relance sarkozyen. Au contraire, la France résiste grâce au modèle que notre Monarque voulait détruire: ces Français "protégés" comme les dénomme habituellement l'UMP dans ses propagandes de campagne, ceux qui n'ont pas été affectés (pour l'heure) par la récession, les retraités, les chômeurs, les fonctionnaires, les allocataires de la CAF, les malades (mal) remboursés par l'assurance maladie, tous aidés par la quasi-disparition de l'inflation (-0,5% sur un an), sur laquelle le gouvernement n'a aucune influence, ont maintenu leur consommation. De surcroît, les seules mesures sociales adoptées par Nicolas Sarkozy depuis le début de la crise "officielle" en septembre dernier l'ont été sous la contrainte: en janvier dernier, la forte mobilisation sociale avait conduit Sarkozy à lâcher 2,6 milliards d'euros de soutien à la demande (comme la suppression d'un deuxième tiers de l'impôt sur le revenu pour la première tranche de ménages imposables, qui aurait, d'après Christine Lagarde, permis "d'injecter 1 milliard d'euros directement dans la consommation"). Au total, la consommation des ménages s'en tire donc toujours relativement bien (+0,3%), comme les exportations, modestement tirées par l'égale reprise de nos voisins allemands (+1,0%).
Les experts s'inquiètent surtout de l'effet "W" : après un grave ralentissement, les acteurs économiques reprennent leur souffle avant de s'effondrer de plus belle. Bref, cette reprise est un "effet d'optique", rien de plus, rien de moins. Qu'importe la vérité !. En Sarkofrance, la crise est finie, rendormez-vous braves gens ! Les 4 millions de chômeurs qui pointent au pôle emploi en sont ravis. Les salariés de Molex, NewFabris, Renault, ou Sanofi-Aventis aussi. Au second trimestre, les destructions d'emploi se sont ralenties (+74 100, versus + 140 000 au trimestre précédent). Mais elles atteignent tout de même 400 000 sur 12 mois glissants. Depuis un an, la chute de l'emploi intérimaire, plombé par la défiscalisation des heures supplémentaires mise en place en octobre 2007, est impressionnante: -32%. Côté pouvoir d'achat, le salaire de base a stagné sur un an.
Tartufferie diplomatique
L'Iran joue avec les nerfs de notre vacancier présidentiel. Samedi dernier, la dictature iranienne a montré Clotilde Reiss, jeune chercheuse française, et Nazak Afshar, une collaboratrice feanco-iranienne du service culturel de l'Ambassade de France en procès à la télévision. Personne n'était prévenu. Nazak Afshar a été libérée sous caution mardi. Elle a hypothéqué son domicile familial pour cela. La Sarkofrance est chiche même en temps de crise. La Sarkofrance paye-t-elle le prix de sa diplomatie brouillonne ? Notre Monarque a lui joué du muscle, allant jusqu'à implanter une base militaire à quelques miles des côtes iranienne ou fustiger l'élection présidentielle iranienne en juin dernier. dans le même temps, Sarkozy promet le nucléaire civil à l'Iran si ce dernier abandonne ses plans militaires. La France est de retour ! Elle a surtout agacé l'Etat perse. Obama élu, il fallait retrouver un méchant Satan. Un rôle sur mesure pour Sarkozy. Pour une fois, Nicolas n'est plus maître du casting, et ça l'agace. Lundi, il fait publier un communiqué élyséen pour prévenir les Français qu'"Il multiplie les interventions auprès de tous ceux qui peuvent exercer une influence en vue d'un règlement rapide et de sa libération". Vendredi, re-belote, l'Elysée informe le Figaro que «le président a eu des gens au téléphone mais aussi eu des entretiens avec des dirigeants de son niveau».
Mardi, Nicolas Sarkozy fait savoir qu'il réclame des sanctions contre le régime militaire birman, qui vient de condamner l'opposante Aung San Suu Kyi à 18 mois de résidence surveillée supplémentaires, histoire de la disqualifier pour les élections parlementaires prévues en 2010. Sarkozy demande que l'on cible «tout particulièrement contre les ressources dont il profite directement dans le domaine de l'exploitation du bois et des rubis». Belle arnaque médiatique. Il s'est bien gardé de parler de son ami chinois. La Chine est le premier partenaire commercial et industriel de la Birmanie.
Samedi, un homme se fait sauter devant l'ambassade de France à Nouakchott, la capitale mauritanienne. La France en Afrique n'a pas changé. La rupture sarkozyenne s'est arrêtée très vite aux discours de façade. En Mauritanie, notre Monarque fut l'un des premiers et l'un des seuls à soutenir le putsch militaire de 2008, puis l'élection présidentielle contestée de juillet dernier. La France devient cible pour les terroristes de tous poils sans avoir gagné ni honneur ni en efficacité. Bravo ! En Côte d'Ivoire, la rupture est consommée. Au Niger, le secrétaire d'Etat à la Coopération se contorsione pour éviter de contredire le dictateur local et son référendum contesté par sa propre Cour Suprême et son parlement.
Jeudi, dernière déconvenue. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait savoir avoir rejet la demande du président français Nicolas Sarkozy de libérer par anticipation un détenu franco-palestinien, Salah Hamouri. Après de multiples appels, le monarque français s'était décidé, quelques jours après un nouveau rejet en appel d'une demande de liberté, à demander la clémence de l'Etat israélien.
Iran, Birmanie, Israël, Afrique, l'impasse est complète.

Tartufferies ministérielles

Les ministres de Sarkofrance ont eu la vie dure cette semaine. Depuis plusieurs semaines, Eric Besson, le ministre de l'identité nationale, voulait apparaître plus gentil, plus compréhensif, faire oublier les polémiques à répétition pour discuter du délit de solidarité. Lundi dernier, il a fait réquisitionner des douches dans le Nord, devant une résurgence alarmante de la gale parmi les migrants. Ce joli scenario de compassion s'est effondré mercredi. La ligue des Droits de l'Homme puis la Défenseure des Enfants, que l'on ne soupçonnera pas d'antisarkozysme primaire, ont interpellé le ministre sur la détention d'enfants, une violation de la Convention de New York. Le ministre bafouille une réponse à la va-vite: il ne faut pas séparer les familles ! Tout le monde au centre !
Vendredi, Brice Hortefeux a dû sévir contre un préfet récidiviste. Il a suspendu de ces fonctions un préfet, Paul Girot de Langlade, de sa mission de coordinateur local des états généraux de l'Outre-mer pour la Réunion, après une plainte déposée contre lui pour des insultes à caractère raciste. Le préfet a été relaxé l'an passé pour des accusations similaires. Lundi déjà, Hortefeux a publiquement désavoué l'administration policière. Cette dernière, appliquant les consignes budgétaires du gouvernement, avait gelé il y a plusieurs semaines tout recrutement dans la police nationale, y compris pour les Cadets de la République. Hortefeux est sur tous les fronts. la veille des vacances, Sarkozy lui avait reproché sa mollesse.
Ses collègues des Finances et du Budget ne furent pas mieux lotis: Christine Lagarde et Eric Woerth durent interrompre leurs vacances pour expliquer que l'explosion des bonus bancaires ne sont pas acceptables. "Ils ne laisseront pas faire" ! Lagarde a promis "une tolérance zéro pour les excès". Les banquiers tremblent déjà. On croyait que le G20 d'il y a 4 mois déjà avait tout réglé ! Rappelez-vous les fanfaronnades présidentielles. La crise était la faute aux méchants traders et aux patrons voyous. Et voici qu'on découvre qu'aucune régulation nouvelle n'a été mise en place depuis près d'un an, et que la dizaine de milliards d'euros prêtées aux banques à l'automne par l'Etat l'a été sans aucune autre contre-partie que des intérêts financiers... La Sarkofrance préfère mettre les bonus bancaires à l'ordre du jour du prochain sommet du G20 à Pittsburg (USA) en septembre prochain. Un an jour pour jour après le déclenchement de la crise boursière. Elle aurait pu imaginer taxer lourdement ses bonus.
La grippe A s'est invitée toute la semaine. Chaque jour, de nouveaux cas, et un rappel médiatique: nous sommes prêts, les procédures sont en place. Mardi, Luc Chatel a ainsi expliqué qu'il était prêts à fermer toutes les établissements scolaires si besoin est. Deux médecins, spécialistes de virus, ont gentiment rappelé le lendemain que cela ne suffirait pas: la France est-elle prête à des centaines de milliers de morts d'ici Noël ?
Jeudi 13 août, un éditorialiste émérite du Figaro se satisfaisait de ce "bel été de Sarkozy" qui aurait validé "la pertinence de sa stratégie sur trois fronts : politique, diplomatique et économique".
Vraiment ?
Ami sarkozyste, où es-tu ?