Anne Perry : "Resurrection Row"

Par Schlabaya

Quatrième de couverture : " "Bas les masques", tel paraît être le mot d'ordre d'Anne Perry dans la série de romans où elle met en scène son couple de héros "victoriens", l'inspecteur Thomas Pitt et son épouse Charlotte, les personnages de roman policier les plus pittoresques et attachants qui nous aient été donnés à découvrir ces dernières années. Dans le Londres de la fin du XIXè siècle qui sert de cadre à leurs exploits, c'est en effet le code hypocrite de bonne conduite de la société anglaise de l'époque qui se trouve singulièrement mis à mal, sa corruption et sa fausse respectabilité. Anne Perry ou le polar au vitriol : décapant ! "

Dans ce quatrième épisode des enquêtes de Thomas et Charlotte Pitt, nous retrouvons ces derniers aux prises avec un sinistre mystère : qui donc peut bien s'amuser à déterrer des cadavres en pleine putréfaction, voire à les substituer les uns aux autres dans leurs tombes respectives, et pourquoi ? S'agit-il d'une mystification, d'une farce d'un goût épouvantable, ou bien est-ce le geste d'un dément ? À moins que ces profanations n'aient un but bien précis : comme par exemple d(obliger les gens à se demander si tous ces personnages sont bien morts de leur belle mort... Il faudra toute la ténacité et la perspicacité de Pitt pour résoudre cette énigme. Parallèlement à l'enquête criminelle, nl'auteur nous convie à une plongée dans les bas-fonds de Londres : pauvreté, prostitution, travail  forcé, exploitation des enfants... Le charmant et conventionnel Dominic Corde (dont nous avons fait la connaissance dans "L'étrangleur de Cater Street", alors qu'il était marié à Sarah, la soeur aînée de Charlotte), d'abord réticent à l'idée même de se mêler de politique, finit par pénétrer, bon gré mal gré, dans ces quartiers puants et mal famés où  règnent la crasse, l'ignorance et le vice. Ébranlé, il finit par prendre fait et cause pour un important projet de réforme sociale soutenu par une poignée d'aristocrates siégeant à la Chambre des Pairs. Mais la progression de l'enquête menée par Pitt pourrait bien compromettre cette juste cause, voire empêcher le projet de loi d'être débattu...

J'ai apprécié ce roman, du fait de la présence de personnages savoureux, comme Lady Vespasia ou Mr Carlisle, et aussi en raison de l'importance de la question sociale développée par Anne Perry. En revanche, l'intrigue souffre de coïncidences invraisemblables et la fin est trop bâclée pour offrir une explication vraiment satisfaisante. Par ailleurs, outre le côté répugnant de la chose, le fait de déterrer des cadavres vieux de plusieurs semaines me paraît extrêmement dangereux. Sauf erreur, des corps en décomposition, tels que ceux décrits dans le roman, devraient normalement être infestés de diverses bactéries et dégager des gaz toxiques... Personnellement, je ne me risquerais pas à approcher un macchabée bien avancé sans équipement approprié, et vous ?