Les caricatures de Mahomet censurées par l'éditeur effrayé

Publié le 17 août 2009 par Actualitté
Elles ne paraîtront finalement pas dans ce nouveau livre, a estimé Yale University Press, annonçant que les caricatures danoises de Mahomet, d'après certaines analyses, pourraient provoquer une inutile vague de violence. Non seulement les 12 portraits du prophète ne paraîtront pas, mais en outre, l'éditeur a choisi de ne pas publier d'autres dessins, dont un datant du XIXe siècle, et réalisé par Gustave Doré, que l'on retrouvait dans l'Enfer de Dante.
Le livre était prêt à partir sous presse, mais des réactions « assez alarmistes » émanant d'experts ont finalement contraint à reculer sur ce point. Pourtant, estime l'enseignante en politique de l'université du Massachusetts et auteure, Jytte Klausen, comment est-il possible de discuter de ces points, s'ils ne sont pas représentés ? Favorable à la présence des caricatures dans le livre, elle a finalement cédé à regret.
L'éditeur Yale s'est déclaré très attaché à la liberté d'expression, pour contrebalancer cette décision, mais peu enclin à devenir un motif de désordre civil. Ayant pris en compte le fait que les précédentes éditions de ces caricatures se sont accompagnées de mouvements violents et d'incidents, c'est donc en accord avec l'opinion d'experts qu'il a pris sa décision.
Le président de l'association américaine des professeurs d'université, Cary Nelson, a pour sa part déploré la décision et dans une lettre ouverte, il en pointe les conséquences : à la manière de ce qui se passa avec The Jewels of Medina, ouvrage refusé par un Random House de peur qu'il ne provoque une insurrection et des montées de violence, faut-il qu'un éditeur se prive d'un ouvrage ou d'une partie de son contenu, sous prétexte qu'il pourrait choquer des fondamentalistes religieux ? « Nous ne négocions pas avec les terroristes. Nous venons juste d'accéder à une demande qu'ils n'ont pas encore formulée », enrage-t-il.
Pourtant, dans l'ouvrage de l'intéressée, il semblait bien qu'était prouvé que cette première crise des caricatures de Mahomet avait tout du conflit politique bien plus que de la crise culturelle...