La parisienne et le parisien sont des personnages qui jalonnent de nombreux siècles. Dans cet article il est question de la parisienne, et dans le suivant du parisien.
Au XIXe siècle, dans la capitale française, le grand nombre de cocottes, demi-mondaines et autres lorettes fait que le mot de 'parisienne' a souvent dans la bouche d’un étranger en villégiature dans cette ville une connotation de fille facile. Ceci vient sans doute de la liberté qu'affichent les parisiennes. Mais ce qui les caractérise toutes c'est leur charme. Certaines sont des 'filles', d'autres des grisettes, des 'dames', des artistes, des 'grandes dames' voir des aristocrates. Ce personnage a sa place parmi les petites-maîtresses qui sont très souvent des parisiennes.
Voilà ce que l’on peut lire sur elle dans le chapitre 64 intitulé ‘Les grisettes et les lorettes’ du Tableau de Paris (1853) d’Edmond Texier : « Sa beauté n’est pas un type fixe, sujet à des lois d’esthétique qu’on puisse déterminer : c’est un composé de traits étrangers, de beautés particulières, qui se révèlent par les contrastes les plus inattendus et qui n’ont de commun que l’air de famille, air propre à la Parisienne, indéfinissable et insaisissable pour la plume comme pour le pinceau. […] vous verrez parfois ces traits si distincts se succéder sur sa physionomie, essentiellement mobile et changeante. Son regard, toujours perçant, expressif, malicieux, sait, quand il le faut, imposer le respect, ou bien traverser le coeur, comme un rayon de feu ; son sourire, que dessinent d’ordinaire la grâce et la finesse, prend au besoin toutes les significations, et supplée au langage. Où vous reconnaîtrez le mieux la Parisienne, c’est à sa toilette. Je défie toute femme, quel que soit son pays, quelle que soit l’époque où elle ait brillé, de porter comme elle le costume moderne, tel que la mode le fait et le défait à chaque instant. Une figure parisienne, seule, peut, sans ridicule, être encadrée de ce cône renversé, en carton couvert de soie ou en paille tressée, qui s’appelle chapeau. Un corps de Parisienne peut seul laisser deviner toutes ses perfections et dissimuler tous ses défauts sous les plis flottants des vêtements qui changent sans cesse, et qui passent d’une impossibilité à une absurdité. Il y a une sorte de gageure entre celles qui font les modes et celles qui les adoptent : les unes s’ingénient à trouver les combinaisons les plus antipathiques avec les lois du beau et du goût, les autres semblent tout naturellement corriger ces combinaisons absurdes et en faire jaillir une grâce, une beauté nouvelle et imprévue. Pour se convaincre du génie dépensé dans cette lutte entre la coquetterie des unes et les écarts d’imagination des autres, il faut avoir vu, avoir observé les caricatures vivantes qui peuplent la province et l’étranger. Vous regardez une femme qui n’a pas vécu sa vie entière à Paris, vous considérez son cachemire du meilleur fabricant, son chapeau, chef-d’oeuvre de la plus habile modiste, sa robe taillée par la main de la meilleure ouvrière, et vous haussez les épaules. Ce n’est pas sans raison, la pauvre femme a copié la gravure de modes, elle n’a pas créé ce qui manquait en elle pour s’assortir avec sa toilette. Aussi vous déplorez les erreurs et l’aveuglement du caprice féminin, qui combat ainsi sans cesse contre son propre intérêt. Vous jetez un regard d’admiration sur les costumes antiques, aux plis austères et majestueux ; vous contemplez encore une fois les habits pittoresques de quelques paysannes arriérées et vous venez à Paris avec une sainte horreur de ces débauches d’imagination qui guident la main des couturières et la toilette des dames. Quelle surprise vous attend, dès votre première promenade sur le boulevard ! Ces modes si extravagantes, ces créations d’une fantaisie si bizarre, si étrangement originale, vous les retrouvez, mais transformées, mais devenues gracieuses, mais embellies, mais rendues inimitables, par un je ne sais quoi qui appartient en propre à la Parisienne de toutes les conditions. Ici, c’est une grisette , une fille d’ouvrier, une demoiselle de boutique, vêtue sur le modèle de la grande dame, sauf la différence des étoffes ; elle a bien ce chapeau qui vous semblait si ridiculement jeté en arrière et accroché au chignon, cette robe taillée en dépit des contours naturels du corps, ce fichu, non pas drapé, mais chiffonné et pendant au hasard. Le chapeau n’est qu’un tissu de paille sans beaucoup d’apprêt, la robe, qu’une pièce de cotonnade, le châle, qu’un carré d’étoffe imprimée ; et tout cela forme pourtant un ensemble ravissant de grâce et de bon goût. Le regard brille et jette des éclairs sous ce modeste abat-jour ; la taille se balance mollement, la jupe flotte d’une façon onduleuse et provocante. Le pied chaussé d’un mignon brodequin apparaît, à chaque pas, furtif, fin, cambré. »
Dans sa pièce intitulée La Parisienne (1690), Dancourt (1661-1725) met en scène une Angélique, personnage du titre, qui a de l'esprit, plusieurs amants et jongle avec eux alors que sa mère veut la destiner à un quatrième. Finalement elle s'en sort assez facilement et épouse celui qu'elle aime le plus. Comme le dit sa servante : « Ma foi, vive Paris ! L'esprit ne vient pas si vite aux filles de province ! »
Dans un autre article, je parlerai des « pieds mignons » dont les
parisiennes sont les plus grandes représentantes.
observé les caricatures vivantes qui peuplent la province et l’étranger. Vous regardez une femme qui n’a pas vécu sa vie entière à Paris, vous considérez son cachemire du meilleur fabricant, son chapeau, chef-d’oeuvre de la plus habile modiste, sa robe taillée par la main de la meilleure ouvrière, et vous haussez les épaules. Ce n’est pas sans raison, la pauvre femme a copié la gravure de modes, elle n’a pas créé ce qui manquait en elle pour s’assortir avec sa toilette. Aussi vous déplorez les erreurs et l’aveuglement du caprice féminin, qui combat ainsi sans cesse contre son propre intérêt. Vous jetez un regard d’admiration sur les costumes antiques, aux plis austères et majestueux ; vous contemplez encore une fois les habits pittoresques de quelques paysannes arriérées et vous venez à Paris avec une sainte horreur de ces débauches d’imagination qui guident la main des couturières et la toilette des dames. Quelle surprise vous attend, dès votre première promenade sur le boulevard ! Ces modes si extravagantes, ces créations d’une fantaisie si bizarre, si étrangement originale, vous les retrouvez, mais transformées, mais devenues gracieuses, mais embellies, mais rendues inimitables, par un je ne sais quoi qui appartient en propre à la Parisienne de toutes les conditions. Ici, c’est une grisette , une fille d’ouvrier, une demoiselle de boutique, vêtue sur le modèle de la grande dame, sauf la différence des étoffes ; elle a bien ce chapeau qui vous semblait si ridiculement jeté en arrière et accroché au chignon, cette robe taillée en dépit des contours naturels du corps, ce fichu, non pas drapé, mais chiffonné et pendant au hasard. Le chapeau n’est qu’un tissu de paille sans beaucoup d’apprêt, la robe, qu’une pièce de cotonnade, le châle, qu’un carré d’étoffe imprimée ; et tout cela forme pourtant un ensemble ravissant de grâce et de bon goût. Le regard brille et jette des éclairs sous ce modeste abat-jour ; la taille se balance mollement, la jupe flotte d’une façon onduleuse et provocante. Le pied chaussé d’un mignon brodequin apparaît, à chaque pas, furtif, fin, cambré. »
Dans sa pièce intitulée La Parisienne (1690), Dancourt (1661-1725) met en scène une Angélique, personnage du titre, qui a de l'esprit, plusieurs amants et jongle avec eux alors que sa mère veut la destiner à un quatrième. Finalement elle s'en sort assez facilement et épouse celui qu'elle aime le plus. Comme le dit sa servante : « Ma foi, vive Paris ! L'esprit ne vient pas si vite aux filles de province ! »
Dans un autre article, je parlerai des « pieds mignons » dont les parisiennes sont les plus grandes représentantes.
Photographie : 'La Parisienne', Tableau de Paris (1853) d’Edmond Texier