Ne surtout pas perdre le nord !

Publié le 20 août 2009 par Pascal Boutreau

Toujours aussi magique et fascinant ce Usain Bolt ! Et un record du monde de plus avec celui du 200m. Mais en ce jeudi soir, le coup de coeur du jour va aux décathloniens. Ce sont eux les dieux du stade, capables d'enchaîner en deux jours des efforts incroyables et d'enchaîner des performances remarquables. Le 1500m, dernière épreuve de ce décathlon est toujours un moment intense.

Voir un mec comme le Kazakhstanais (oui oui les habitants du Kazakhstan ne sont pas les Kazakhs, appellation  qui  définit une ethnie, présente à seulement un peu plus de 50% dans le pays) Dmitriy Karpov, 102kilos, boucler son 1500 en 4'53'', après avoir notamment sauté 4,80m à la perche ou couru le 110m haies en 14'46'', ça fait rêver ! Le titre est revenu à l'Américain Trey Hardee qui en deux jours aura couru le 100m en 10''45, le 400m en 48''13, le 110m haies en 13''86, le 1500m en 4'48'', lancé le poids à 15'33m, le javelot à 68m et le disque à 48m et enfin sauté 7,83m à la longueur, 1,99m à la hauteur et 5,20m à la perche ! Respect total à tous ces messieurs dont le tour d'honneur commun à l'issue de ces deux journées, est bien plus qu'une tradition. 

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Content de mon coup en ayant réussi à glisser un papier conséquent sur la course d'orientation. Ce n'était pas gagné d'avance, mais les Championnats du monde qui se disputent actuellement en Hongrie étaient une belle occase de tenter le coup. Content aussi puisque jeudi, Thierry Gueurgiou, notre champion, a remporté son septième or mondial. De quoi évidemment légitimer la présence de la CO dans le journal. Voici donc le papier.

Caps à la carte

A haut niveau, la course d'orientation est loin de l'image de loisir qu'elle traine. Six fois champion du monde, le Français Thierry Gueorgiou est l'un des cadors de ce vrai sport.

Les idées reçues sont parfois tenaces. Si vous pensez uniquement "loisir", "petite balade tranquille en forêt" quand on vous évoque la course d’orientation (CO), vous faites fausse route ! Car la "CO" est aussi un sport de haut niveau (elle en a d’ailleurs le statut auprès du Ministère des Sports). Des doutes ? Dix fois médaillé dans des Mondiaux d’orientation, le Suédois Jorgen Martensson vaut 2h12’ au marathon. Champion du monde de relais en CO en 1997, le Danois Carsten Jorgensen, champion d’Europe de cross en 1997, affiche 27’54’’ sur 10 000m (la meilleure performance française 2009 est de 28’21’’).

Sextuple champion du monde et à la quête de nouveaux titres lors des Mondiaux qui se disputent cette semaine à Miskolc, en Hongrie, le Français Thierry Gueorgiou, trente ans, se bat depuis des années pour que son sport soit d’abord connu et si possible reconnu. "Au mieux, on nous prend pour des ramasseurs de champignons et au pire pour des chasseurs de trésor, regrette-t-il. C’est dur de faire comprendre que courir au milieu de la végétation sur des terrains pentus, le tout en s’orientant, c’est parfois un enfer et que finir en moins de cinquante minutes sur 10km c’est déjà super costaud. Quand je suis en stage à Font-Romeu par exemple, je m’entraîne plus de trente heures par semaine !"

Trente heures, avec parfois trois séances quotidiennes, pour être le plus efficace possible au moment d’effectuer un parcours où figurent un certain nombre de postes (des balises à poinçonner) en fonction de la distance (voir par ailleurs). "On ne s’entraîne jamais sur la piste car tout le travail de qualité se fait avec une carte en main, explique Gueorgiou, surnommé "Tero". Ça ne sert à rien d’avoir un moteur de Formule 1 si tu n’es pas efficace techniquement sur des terrains difficiles."

Courir aussi selon le principe que la ligne droite n’est pas forcément le chemin le plus rapide. Mieux vaut parfois effectuer cent mètres de rab et profiter d’un terrain où la foulée sera plus efficace. Pas le temps pour autant de lézarder pour analyser la carte. "Si tout se passe bien, on ne s’arrête jamais, explique le champion français, licencié à Nature-Orientation Saint-Etienne et dans le club finlandais de Kalevan Rasti. On doit lire la carte et prendre les décisions en courant. La différence se fait sur la qualité d’analyse et la faculté à faire face à l’imprévu. A haut niveau, dix secondes de perdues à réfléchir, c’est déjà une grosse erreur. La zone de compétition étant inaccessible avant les épreuves, on essaie de piquer plein d’infos avec Google Earth ou des anciennes cartes. Même si tu n’as jamais mis les pieds sur le terrain, tu dois arriver en ayant l’impression d’être dans ton jardin."

Orienteur à plein temps depuis 2004 et l’obtention de son Masters en biologie comportementale, Gueorgiou bénéficie d’un contrat de sportif de haut niveau à la Gendarmerie. Les primes de course, ses sponsors, les aides fédérales, celles des institutions stéphanoises et de son club finlandais ("là-bas, on change de monde"), lui permettent de vivre de son sport. "Tout ce que je gagne est aussitôt réinvesti dans les stages, précise-t-il. C’est du flux tendu car je suis deux tiers de l’année en stage sur des terrains différents pour multiplier les vécus. Quand on arrête notre carrière, c’est clair qu’il faut aller bosser. Mais j’ai la chance de pratiquer ce que je crois être le plus beau des sports. Il n’y a pas d’effet répétitif car il n’y a pas deux forêts qui se ressemblent. On découvre tout au moment du départ et cela laisse une grande place à l’improvisation. C’est la beauté de ce sport."

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Tous azimuts

. La Fédération française (FFCO) compte 7000 licenciés et estime à 300 000 le nombre de pratiquants de cette discipline très populaire dans les pays nordiques. Des variantes existent aussi en VTT (Matthieu Barthélémy, médaillé de bronze aux Mondiaux disputés en Israël, samedi dernier) et à skis.

. Les Championnats du monde 2011 seront organisés du 10 au 21 août en Savoie Grand Revard dans la région d’Aix-les-Bains. Les Championnats de France se disputent jusqu’à dimanche à Dijon.

. Plusieurs distances sont proposées avec des temps d’effort variant de 15’ à 1h35’. Aux Mondiaux, les orienteurs s’affronteront sur un sprint (2,8km, 14 postes), la moyenne distance (6,5km, 22 postes), la longue distance (18km, 32 postes) et le relais (trois par équipes, 9km, 26 postes).

. Le chrono se déclenche au moment où la carte est remise (départs toutes les 2’). L’orienteur doit alors choisir son itinéraire pour aller valider chacune des balises (postes) le plus vite possible.

. La carte, au 1/10000e (1cm = 100m) est une carte spécifique et indique toutes les caractéristiques de la zone avec notamment les courbes de niveau (une courbe tous les 5m d’altitude), les obstacles naturels (les rochers d’au moins 1m de hauteur) ou artificiels. Un code couleur définit la nature du terrain : le blanc où l’on court facilement, le jaune où l’on voit encore le soleil, le vert pour la végétation (plus le vert est foncé, plus la végétation est dense). "La réalisation d’une carte d’orientation peut nécessiter de 40 à 200 heures de travail pour 1km2 contre 4 heures pour une carte IGN", explique Yann Maraigner, ancien athlète et concepteur de cartes à Cap Orientation. Ci-contre, la carte des qualifications longue distance des Mondiaux avec en violet l’itinéraire direct entre les 22 postes et en bleu le parcours effectué par Gueorgiou, vainqueur de ces qualifs en 58’. 

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Un petit conseil

. Albertine a 13 ans et son rêve est de devenir journaliste à L'Equipe (eh oui, il parait que ça fait rêver...). Depuis l'Euro 2008, cette future confrère (enfin si je suis toujours journaliste dans quelques mois...) tient un blog dédié au foot. Même si le foot n'est pas spécialement votre tasse de thé (sinon vous ne viendriez pas ici), je vous conseille d'aller y faire un tour. Moi, je dis franchement RESPECT Albertine !  Il y a évidemment quelques trucs à améliorer, quelques fautes à gommer (mais qui n'en fait pas...), mais à son âge, c'est juste remarquable. Son site : http://footballwrite.com/

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Pendant que je serai la semaine prochaine à Windsor pour suivre les Championnats d'Europe de saut d'obstacles et de dressage (j'y reviendrai), l'équipe de France féminine de foot disputera le Championnat d'Europe, en Finlande. Comme pour chaque grosse compétition, le but sera d'atteindre au moins les demi-finales. Avec les deux premiers de chaque poule et les deux meilleurs troisièmes qualifiés pour les quarts, sortir du groupe semble être le minimum syndical. Les Bleues de Bruno Bini devront pourtant être au top car avec la Norvège et l'Allemagne dans leur poule, deux habituées des derniers tours dans les phases finales, et l'Islande, une force montante du foot au féminin, l'affaire n'est pas dans le sac. Ce serait pourtant bien de faire enfin quelque chose... sur le terrain.

Poser en tenue d'Eve dans certains magazines a certes créé le buzz il y a quelques mois. Mais cet intérêt évidemment artificiel, ne pourra perdurer qu'avec des résultats sportifs convaincants. Ces résultats qu'on attend depuis maintenant des années... La France présente de sérieux atouts avec notamment ses deux "Américaines", Sonia Bompastor (en rouge sur la photo) et Camille Abily, les deux Tricolores parties jouer cette saison dans le Championnat professionnel américain. Soso a d'ailleurs terminé meilleure passeuse et Camille, sous les couleurs de Los Angeles, premier de la phase régulière, fut la deuxième meilleure buteuse du Championnat juste derrière sa coéquipière brésilienne Marta, la meilleure joueuse du monde. Avec également des filles comme Laura Georges, Louisa Necib, Gaetane Thiney ou encore les Bleues ont les moyens de briller enfin. Alors chiche les filles ?