Le faux-cul de la République ne prend pas de vacances

Publié le 27 août 2009 par Forrestgump54

Il est loin le temps où Bernard Kouchner se démenait comme un beau diable pour médiatiser, selon ses propres termes, "le plus grand massacre de l’histoire moderne après celui des juifs, ne l’oublions pas" (Politis) au Biafra, en 1970, ou, sac de riz à l'épaule, sur les plages de Somalie en 1992, contre la sous-nutrition. Avalant des couleuvres toujours plus grosses depuis l'affaire Total (société à laquelle il a vendu un "rapport" la dédouanant de tout mauvais traitement de ses travailleurs birmans pour 25 000 €, selon la FIDH) et son "transfert" du PS à un Ministère des Affaires Etrangères fantoche des gouvernement Fillon I et II (depuis mai 2007, donc), l'ex-French doctor a remis le couvert ce mardi 25 août alors que Jean-Pierre Elkabbach l'interviewait pour Europe 1, et avec quelle classe, voyez-plutôt, et savourez ce silence qui dit tout.

Oui, c'est bien le théoricien du concept de "l'ingérence humanitaire" qui fait tout son possible pour que la France ne "s'ingère" pas d'un pas dans une affaire qui pourtant la concerne, contrairement à ce qu'il laisse supposer.
Le contexte est simple : l'UNESCO doit élire au mois de septembre son nouveau directeur général, un poste beaucoup plus stratégique et utile qu'il n'y paraît à première vue, pour une institution discrète mais dont les réalisations sont souvent en avance sur leur temps. C'est le Ministre de la Culture égyptien Farouk Hosni qui est pressenti pour succéder au Japonais Matsuura. Et c'est là tout le problème, comme le laisse entendre Jean-Pierre Elkabbach. Car ce "sinistre de la culture", en poste depuis 20 ans dans une Egypte fermée à toute liberté d'expression a fait condamner des bloggeurs, (voir le rapport d'Amnesty au sujet de l'arrestation de Karim Amer et de Musaad Abu Fagr), interdit de dangereux festivals indépendants de cinéma (en 2007 et en 2008), organisé le pillage des trésors archéologiques de son pays (ses principaux collaborateurs dont son ex-chef de cabinet Aymane Abdel-Moneim condamnés à 10 ans de prison pour corruption), et, pour rajouter une ligne à son brillant CV, proposé de "brûler les livres en hébreux dans les bibliothèques d'Egypte". Ce qui avait provoqué un véritable tollé et le lancement d'une pétition par Bernard Henri-Lévy, Elie Wiesel et Claude Lanzmann (Le Point).
La position de la France est donc exprimé avec clarté par son illustre ministre des Affaires Etrangères :
Elkabbach - "Il est respectable ?"
Kouchner - "Mais, Monsieur, il est candidat !"
Pour rappel, la France, "patrie des Droits de l'Homme", héberge la direction générale de l'UNESCO, et fait partie des 58 pays votant à l'élection. Il n'est donc pas vrai que la France n'a pas de position, puisqu'elle doit choisir un candidat... en espérant que ce ne soit pas Farouk !