Gauchiste primaire ?

Publié le 27 août 2009 par Mister Gdec

 

Un élan semble se dessiner pour dépasser les divisions qui font régulièrement les choux (très) gras des médias, afin de désigner le candidat de la gauche aux présidentielles, autour d’un programme à clarifier et définir, ensemble. On appelle cela des primaires.

 Certains à gauche, dont le ténor de mon propre parti, Monsieur Mélenchon, s’y opposent. Je suis désolé d’être en contradiction avec le Parti de Gauche (encore qu’il n’y ait pas eu de vote en interne sur le sujet, et Monsieur Mélenchon ne parle donc qu’en son seul nom, à ma connaissance), mais en y réfléchissant bien, examinant dans le détail mes propres priorités, je considère que ce qu’il y a de plus important dans le cas présent, en politique, c’est de battre Sarkozy et la droite, certes. Mais cela, on pourrait y parvenir avec un candidat du centre ou de la démocratie chrétienne, comme les Bayrou, Villepin et autre…

Mais l’une de mes autres priorités, que je pense partagée, c’est aussi de lutter contre cette logique libérale qui consiste (sous la pression d’un dumping social mondialisé qui donne les effets que chacun peut constater), à démanteler un à un tous nos acquis sociaux, tous nos droits fondamentaux, tous les garde-fous longuement obtenus autour de nos emplois, toutes nos institutions tutélaires, nos administrations et notre fonction publique. Et comme si cela ne suffisait pas et devenait tellement urgent, de voter récemment en catimini un redécoupage électoral dont on se demande à qui il peut bien profiter… Et en quoi il fait partie des priorités nationales, là où bien d’autres préoccupations alimentent les soucis des français… dont l’emploi, le logement et le pouvoir d’achat, inextricablement liés.

Et comment peut-on prétendre se battre efficacement contre une droite si dure sans une gauche plus forte et plus unie ? Avec seulement les 6,5 % représentés par le front de gauche, éventuellement additionnés aux 3 % du NPA ? Soyons sérieux un instant. Je sais que Monsieur Mélenchon est contre ces primaires parce qu’il estime que c’est au premier tour des présidentielles de faire le tri parmi les candidats. L’argument me semble fallacieux, et surtout dangereux. Face à une droite unie, il faut une gauche qui se rassemble, malgré nos points de désaccord, bien réels, notamment quand à une certaine vision économique : libéraux ? ou pas…

A nous de négocier les critères de ce rassemblement autour d’idées fortes, d’engagements auxquels nous tenons, de points programmatiques précis. J’y inscrirai pour ma part l’un de ceux sur lesquels la gauche a failli par manque de courage depuis plus d’une vingtaine d’années : le vote des étrangers aux élections locales, qui me tient particulièrement à cœur. On ne peut parler de désengagement politique et de travail sur l’abstention électorale sans avoir exploré cette voie là, me semble-t-il. Entre autres, bien sûr…

Bien qu’ayant toujours combattu pour une (vraie) gauche de combat, plus forte, plus ferme, plus engagée pour la défense des droits de l’homme, de la femme, de l’enfant, des travailleurs, des exclus, des étrangers, et des citoyens, une gauche qui ne trempe pas dans la compromission avec des intérêts financiers amoraux que constituent pour moi le libéralisme et le capitalisme, qui n’ont que faire de l’intérêt public comme on peut le percevoir à travers de multiples exemples en ce moment, je considère qu’on ne peut pas non plus se cantonner dans un rôle de simple opposition au risque de se retrouver dans un camp de gaulois retranchés dans un village qui menace de tomber dans une intransigeance et un extrémisme absurde avec un barde qui chante mal et dépourvu qui plus est de potion magique… Alors que les romains eux sont légion.

 Je sais que parmi ceux qui me lisent, certains crieront à la trahison ou au positionnement de compromission avec un PS que je ne suis pas le dernier à critiquer. Mais il arrive un moment ou il faut choisir son camp : l’opposition permanente ou la construction collective. Et l’on ne peut bâtir un édifice public en refusant perpétuellement l’aide du cousin honni, simplement parce qu’il mange avec des couverts en argent. ¹

La logique anti-sociale du réformisme actuel de cette droite là, qui non contente d’ingurgiter les électeurs du FN, et qui est en train de phagocyter ceux du MPF et des chasseurs, ne nécessite-t-elle pas que l’on se regroupe pour les contrer efficacement et leur coller une raclée, alors que nous sommes en pleine débâcle ?

A vous de voir… et de voter. Ou pas. Moi, en mon âme et conscience, c’est tout vu.

Reste un problème, technique, mais qu’il s’agit de relativiser : qui votera à ses primaires ? Comment définira-t-on un « sympathisant de gauche » ? Comme l’a dit avec beaucoup de pertinence Hamon ce matin sur France Info, peut importe après tout, car ce sont des primaires ouvertes et on voit mal des sympathisants de droite être très motivés pour ce jeu là…

¹ Avertissement : ceci est un exemple ! Libre à vous d’imaginer d’autres ustensiles permettant de symboliser une gauche que je considère frelatée… (Cf Boeckel, Besson, et tutti qanti)