Y comme « Yourcenar »

Publié le 29 août 2009 par Jeanyvessecheresse

Vous êtes vous déjà perdu, capturé corps et âme, dans les Nouvelles Orientales de Marguerite Yourcenar ? Si oui et si vous aimez la peinture, il faut relire « Comment Wang-Fô fut sauvé ». Vous entrerez à nouveau dans le monde magique des images-sentiments, des couleurs-sensations, du réel-faux plus vrai que le vrai.

Vous marcherez sur le pavement de jade d’un palais impérial ou bien vos longs cheveux flotteront sur une mer peinte dont le murmure des vagues vous berce. Vous entendrez, figé de stupeur, le claquement des rames sur l’eau. Comme Ling, le disciple de Wang-Fô, emporté par le tableau que peint son vieux maître, vous reviendrez, un foulard de sang autour du cou, de ce pays au-delà de la mort, là où votre enfance vit encore, pour monter dans la barque que Wang-Fô est en train de peindre.

Faites comme Ling ou comme l’empereur et ses courtisans. Admirez l’œuvre du maître. Essayez ! L’effet est garanti. Posez-vous devant une de ces toiles magiques, dans un silence aussi profond que celui décrit par Yourcenar : « si profond qu’on eût entendu tomber des larmes »

Par exemple, devant l’un des tableaux de mer de Claude Gellée dit Le Lorrain. Embarquez dans un de ces navires dont les mâts craquent sur la houle. Vous entendrez claquer les oriflammes et le grincement des cabestans. Vous assisterez à l’embarquement de la reine de Saba. À Tarse, vous rencontrerez Cléopâtre et son nez joli. Dans un port au ciel blanc, vous irez en courant incendier les navires des femmes de Troie. Dans un petit port de mer à l’aube, quand la mer est verte, vous respirerez des odeurs d’algues et de pêche et, sur votre peau, vous sentirez la chaleur du soleil sortant des eaux et chassant les fraîcheurs en même temps que les…