Les Impromptus Littéraires proposent un quartier libre.

Par Sandy458

C'est la rentrée!
Les
impromptus littéraires reviennent également à la vie quotidienne mais nous laisse "quartier libre" pour le thème de la semaine.
Enfin... pas tout à fait... il y a une
photo en guise de support...
Voici ma contribution  (sur site, avec les commentaires, c'est
ici!) :

"La danse du Grand Serpent de Mer.

La vieille sorcière avait solennellement prévenu les Farfadets des Dunes.


Ponctuant ses paroles d’un index belliqueux qu’elle brandissait bien haut au-dessus de sa tête, tel une sentence sans appel, elle leur avait seriné qu’il ne fallait jamais – ô grand jamais – contempler le Grand Serpent de Mer lorsqu’il s’ébattait sur la surface de l’océan.  Ses écailles reflétaient alors les nuances changeantes des vagues mêlées aux teintes ardentes du ciel donnant l’illusion d’unir, un court instant, deux des éléments primordiaux.


Vision interdite, vision trop dangereuse pour le commun des mortels tout comme pour les farfadets, fussent-ils des dunes…


Aussitôt, l’observateur trop curieux et imprudent se sentait gagné par une inquiétante paralysie létale, tous ses fluides corporels vitaux s’évaporaient de son corps et il ne restait bientôt de lui qu’une dépouille grisâtre dont les membres, rognés par le vent, s’éparpillaient vers l’horizon.

Ce jour-là, Kells, plus désobéissant et facétieux que jamais, avait coulé un regard de biais vers les remous qui annonçaient la remontée de la bête fantastique des profondeurs où elle gitait.

Captivé par le bouillonnement qui lacérait la crête des vagues, il avait trop tardé a détourné ses yeux en amande.

Un cri profond, né dans les tréfonds de son être avant de se répandre dans l’éther, avait conduit ses compagnons à diriger leur regard vers l’incroyable vision et à les précipiter tous, comme un seul homme, vers l’abyme de leur perte.

Depuis ce jour, une foule immobile et racornie borde la grève.


Les incrédules déclarent péremptoirement qu’il ne s’agit là que d’un alignement de vieux piquets de bois dont le folklore populaire a aujourd’hui oublié la véritable signification.


Les anciens, quant à eux, chuchotent à la dérobée qu’en prêtant l’oreille, il est encore possible d’ouïr le cri effroyable de Kells et de ses compagnons farfadets.


D’après la sorcière, les pauvres bougres demeurent éternellement pétrifiés pour rappeler aux imprudents qu’il n’est pas conseillé de braver ce qui nous dépasse et que toute fanfaronnade déplacée peut se payer bien cher…"