Une maison explosive

Par A_girl_from_earth

EL PROFESOR

( UNE MAISON EXPLOSIVE )


Présentation de l'éditeur
"De loin, on croirait bien l'agent 007 attablé devant un " scotch on the rocks " au bar de l'aéroport international de Houston. Mais, de près, c'est un paisible professeur cubain exilé, portant perruque et talonnettes, qui passe avec un "expert" texan un marché à haut risque : le kidnapping d'un fameux prix Nobel de littérature colombien, réputé pour son indéfectible dévotion à Fidel. Pour prix de la libération de la légende vivante, le fin stratège entend obtenir du lider maximo le départ de son fils retenu dans l'île.
A l'invraisemblance de l'intrigue répond l'humour subtil de l'auteur qui, sur fond de polar politiquement incorrect, fustige le système d'oppression et de confiscation régnant à Cuba. Les joutes littéraires improbables entre Marqués et son ravisseur, les échanges téléphoniques burlesques avec les autorités militaires cubaines, et le portrait corrosif du vieux dictateur évoquent habilement une réalité autrement plus funeste."


Une quatrième de couv' très prometteuse en terme d'humour (j'étais encore dans ma période panne de lecture sèche quand j'ai emprunté à la bib' ce livre qui a croisé mon chemin comme un signe), de virée cubaine loufoque mais également instructive, la thématique de l'écrivain kidnappé me parlait aussi, mais je dois dire que, tout comme A livre ouvert, j'ai eu du mal à rentrer dedans au début, peut-être parce que j'étais trop dans l'expectative de cet humour salvateur que j'attendais et que je ne trouvais pas, ou que je n'étais pas assez réceptive pour recevoir (en même temps je relis la quatrième de couv' là et l'humour ne semblait pas aussi prédominant que j'ai voulu le croire...).

Les scènes ne manquent pourtant pas de burlesque, notamment dans toutes les situations improbables imaginées par l'auteur, les dialogues entre l'écrivain colombien et son ravisseur, le professeur cubain, étaitent plutôt amusants, ce dernier ne manquant pas de piques, de cynisme, ni de dérision.

"Deux Cubains, c'est une foule quand il s'agit de tout foutre en l'air."
"Ca pourrait nous coûter un voyage dans l'autre monde; celui-ci a ses problèmes, mais je préfère y rester pour le moment." (j'ai vraiment bien aimé cette phrase!

)

Cela dit, il y a eu une mise en scène de départ assez confuse pour ma part, qui n'a pas rattrapé la suite car à ce moment-là, j'étais déjà plombée par le début qui m'avait un peu perdue.

Cet écrivain colombien qui fait l'éloge de Castro dans ce roman n'est, à n'en point douter, autre qu'une référence à peine déguisée à Gabriel Marcía Márquez (il s'appelle d'ailleurs Marqués dans ce livre) qui ne cache pas ses sympathies pour le dictateur cubain, et dont Reinaldo Arenas, autre écrivain cubain dont je viens de lire l'autobiographie, Avant la nuit, parle en ces termes:
"néanmoins le prix Nobel fut attribué à Gabriel Marcía Márquez, pasticheur de Faulkner, ami personnel de Castro et opportuniste-né. Son oeuvre, en dépit de certains mérites, est imprégnée d'un populisme de pacotille qui n'est pas à la hauteur des grands écrivains qui sont morts dans l'oubli ou qui ont été mis à l'écart."

(pour le coup, ça me fait presque plaisir de ne pas avoir été enthousiasmée par Cent ans de solitude

)

Subtile attaque donc et revanche fantasmée par l'auteur, exilé comme tant d'autres de ses compatriotes à cause de la dictature castriste, et qui en profite ici pour dire tout ce qu'il a sur le coeur à propos de cette situation:

"Je suis un homme qui refuse de supporter l'insupportable. Je retiens votre mari par la force et c'est un délit. Fidel retient mon fils par la force et il ne vient à l'esprit de personne de le considérer comme un délinquant. [...] Si un homme quelconque viole la loi, en prison! Mais un chef d'Etat peut la violer autant de fois qu'il en a envie. Vous trouvez ça normal?"
"- Mais quelle est la responsabilité de Rafa...?
- La responsabilité de défendre une tyrannie."


Un court roman intéressant, sympathique dans l'ensemble, sûrement drôle, mais qui ne m'a pas enthousiasmée plus que ça je dois dire...


L'auteur
R. Luque Escalona est né à Holguin en 1936. Il a étudié le droit à la Havane et l'histoire à Mexico. Pilier du Comité cubain pour les droits de l'homme, il a connu les geôles de la police militaire. Exilé aux Etats-Unis depuis 1992, il est écrivain et journaliste.