Nos copains les borlotti, en frichti maritime et estival

Par Estebe

Bien le bonjour, les pétulants omnivores

Je ne sais pas vous. Mais nous, il y a des choses à manger que l’on adore juste à cause de leur nom. Ces mets-là, on les a à la bonne avant même d’avoir croqué dedans. C’est que la grande loterie étymologique leur a aimablement refilé une paire de syllabes lutines, des sonorités qui swinguent, une procession de lettres qui chantonne.

Notez que tout ça reste méchamment subjectif. Il se peut ainsi que les mots potiron, crépinette, bigorneau ou croustade n’éveillent rien en vous. Chez nous, oui. Ça résonne, ça tintinnabule, ça rigole, quoi. A contrario, duxelles, porridge, quiche, salsifis ou macaron ne groovent nullement à nos oreilles. Une affaire de goûts musicaux, donc, mais pas culinaires. Ou si peu.


C’est évidemment dans la première catégorie que l’on range les borlotti, soit ces haricots à l’exquise robe marbrée de vieux rose, nommés également cocos roses, qui débarquent frais sur nos marchés à cette époque de l’année. Ben, borlotti, c’est kawaï en diable. C’est chou de chez chou. C’est du miel lexical dans nos vieilles portugaises. Pour un peu que l’on s’interdise de penser au vilain Borloo, Jean-Louis, ce qui gâcherait ce moment de béatitude sonore.
Et puis, tant qu’on y est, avalez donc cette salade de borlotti aux bébés seiches, recette roots et vivifiante ramenée par la copine Claire du sud de l’Italie.
Comme quoi on n’attrape pas que des coups dans les Pouilles.


Il vous faut de petites seiches prêtes à la grillade, du persil, du citron, du basilic, des tomates rubicondes, de l’oignon rouge autant que frais, un petit piment rouge et, donc, des cocos roses frais. Compter grosso modo 320 grammes par bouche à table.
Ecossez les borlotti, en vous émerveillant de la gamme chromatique croquignolette des haricots qu’ils cachent. Haricots qu’il s’agit de pocher une vingtaine de minutes, dans une eau frémissante mais pas salée, qu’ils se décrispent tout en restant croquants. Rafraîchissez aussitôt.
Pelez, épépinez et détaillez les tomates en dés. Ciselez menu basilic et persil. Emincez l’oignon et le piment.
Rincez les petites seiches et poêlez dans un peu d’huile d’olive quatre ou cinq minutes. Sel, poivre, citron.
Touillez le tout. Assaisonnez résolument d’huile d’olive, jus de citron, sel, poivre.
Puis servez en susurrant d’une voix rauque et chaude bor-lo-tti, borlo-tti, bor-lo-tti. Effet ga-ran-tti.
Ciao, les potes