Elise Caron chante Boris Vian

Publié le 27 juin 2009 par Assurbanipal
Elise Caron chante Boris Vian.
Paris. Le Sunside. Dimanche 21 juin 2009. 21H
Elise Caron : chant
Franck Avitabile : piano
Henri Texier : contrebasse
Aldo Romano : batterie
Alex Tassel : bugle
Géraldine Laurent : saxophone alto
La photographie d'Aldo Romano est l'oeuvre de l'Imputrescible Juan Carlo Hernandez.
Boris Vian a quitté ce monde d'affreux en 1959. Il méritait bien un hommage de la part des clubs parisiens de Jazz en 2009. J'étais à celui du Sunside pour la Magnifique Elise Caron, une des rares chanteuses de Jazz dignes de ce nom dans ce monde de savonnettes emballées sous vide que nous vend le show business.Le concert était organisé par Aldo Romano.
« On n'est pas là pour se faire engueuler », sans les paroles, c'est moins rigolo. C'était le tour de chauffe des musiciens.
Le Sunside est plein comme un œuf ce soir. Elise Caron se fait hisser sur scène en franchissant le dernier rideau de spectateurs. « Le déserteur » qu'elle chante dans le grave. La dernière fois que cette chanson a été interdite de diffusion à la radio et à la télévision française, c'était pendant la Guerre du Golfe en 1990-91. Aujourd'hui, avec Internet, cela n'aurait plus de sens. Elise le chante bien mais, venant d'une femme, c'est moins crédible.
« Je suis snob ». Elise est dans le texte, dans le personnage. Le groupe la sert sur un plateau d'argent. Elise nous fait quelques effets de sons prolongés, étirés qui impressionnent, à juste titre, le public.
« La java des bombes atomiques ». Dans le grave, Elise Caron est impériale.
Une chanson de Boris Vian que je ne connais pas. Elle parle de spleen et de migraine. « J'ai mal à la tête ». La contrebasse du Maestro Henri Texier gronde en douceur. Piano et sax alto se répondent. Vocalises à la sauce Elise. Belle musique et quel texte ! « Y a plus que l'araignée du soir pour compter sur l'espoir ».
« The man I love » démarre en duo piano/voix. C'et un standard du Jazz, un de ceux que Boris écoutait chanté par Billie Holiday. Elle le chante droit devant. Jolis frottis de balais pour lancer la rythmique puis le sax alto.
« Je bois » chanson qui inspira Serge Gainsbourg. Le « Je bois systématiquement pour oublier les amis de ma femme. Je bois systématiquement pour oublier tous mes emmerdements » de Vian devient chez Gainsbourg « Je bois à trop forte dose, Je vois des éléphants roses, des araignées sur le plastron de mon smoking, des chauves souris au plafond du living ... room ». C'est après avoir vu Boris Vian chanter sur une scène parisienne que Lucien Ginzburg décida de devenir chanteur sous le nom de Serge Gainsbourg. Décidément, en voix grave, Elise Caron est la Reine. Beau solo de bugle par ailleurs. La suite de Clark Terry est assurée.
Un autre standard apprécié par Vian en son temps « Love for sale ». C'est curieux d'écouter Elise Caron dans ce répertoire. Evidemment, ça aussi, elle sait le faire.
« Johny fais moi mal ». Comment elle assure, Elise ! Pas loin, deux jeunes filles de 1 !-20 ans , fans de Boris Vian, chantonnent en chœur avec Elise. 50 ans après sa mort, les jeunes filles aiment toujours le Grand Boris. Ca lui ferait plaisir de le savoir.
Elise Caron quitte la scène descendue par deux spectateurs. Solo de batterie d'Aldo Romano qui fait rouler, roucouler les baguettes sur les tambours. Travail ultra rapide de la rythmique. C'est du bebop. Le sax alto reprend. Le jeu se calme pour lancer le solo de bugle. Alexandre Tassel a un beau son mais il n'a pas la griffure de son oncle Eric Le Lann. Il est vrai que le bugle sonne plus doux, plus arrondi que la trompette. Frank Avitabile fait fumer le piano.
RAPPEL
Une chanson de Boris Vian sans Elise Caron c'est moins bien. Ca joue tout de même. La rythmique déroule. Le pianiste brille avec légèreté et élégance.