Un homme, des combats

Publié le 07 septembre 2009 par Aurialie

Dans la nuit de samedi à dimanche, en zappant sur France5, je suis tombée par hasard sur un reportage intitulé "Mon mari, Andreï Sakharov", dans lequel Elena Bonner, la veuve du physicien, raconte leur vie, leur exil à Gorki, la surveillance du KGB, leur combat, les grèves de la faim, … le tout agrémenté de petites anecdotes sur leur vie commune. Par exemple, Elena Bronner préfére manger frais, Sakharov chaud, donc quand ils mangeaient de l'ananas, Elena Bronner mettait sa moitié au frigo, l'autre moitié était mise sur le radiateur pour Andreï Sakharov. Mais ce qui m'a le plus impressionné dans ce reportage a été l'intervention du Prix Nobel de la Paix 1975 au Congrès des députés des peuples le 9 juin 1989, la façon dont il a tenu tête à Gorbatchev en continuant son discours alors que son temps était écoulé, son micro coupé (à environ 3min30 sur la vidéo).

Son intervention concernait le (non-)vote du Décret sur le pouvoir. Il aurait voulu que les députés limitent le pouvoir du Président du Soviet suprême de l'URSS, que la concentration des pouvoirs ne soit pas dans les mains d'une seule personne. Il souhaitait également la suppression de l'article 6 de la Constitution de l'URSS ("Le Parti communiste de l'Union soviétique est la force qui dirige et oriente la société soviétique, c'est le noyau de son système politique, des organismes d'État et des organisations sociales. Le PCUS existe pour le peuple et est au service du peuple. Armé de la doctrine marxiste-léniniste, le Parti communiste définit la perspective générale du développement de la société, les orientations de la politique intérieure et étrangère de l'URSS, il dirige la grande œuvre créatrice du peuple soviétique, confère un caractère organisé et scientifiquement fondé à sa lutte pour la victoire du communisme.") Il proposait aussi de diminuer la durée du service militaire, de démobiliser les étudiants qui avaient déjà fait un an de service. Vous pouvez lire une retranscription de son intervention ici.

En faisant des recherches sur cette intervention, j'en ai trouvé une autre, tout autant intéressante, qu'il avait faite quelques jours auparavant, concernant la guerre en Afghanistan. C'est un sujet qui lui tenait à cœur ; il a été la cause de son exil à Gorki en 1979, quand il a dénoncé l'invasion de l'armée soviétique dans ce pays. Vous pouvez lire son intervention ici, dans un livre d'apprentissage de la langue russe pour les anglophones (j'aurais aimé avoir ce type de texte quand j'étudiais le russe au lycée).

Le courage, la force et la conviction qui se dégagent de cet homme, qui meurt 6 mois plus tard, le 14 décembre 1989, m'impressionnent vraiment.