Harry potter et le prisonnier d'azkaban

Par Rob Gordon

Alors quasiment inconnu, Alfonso Cuarón fut le lapin sorti du chapeau Warner, le metteur en scène que l'on n'attendait pas, devançant in extremis une demi-douzaine de réalisateurs chevronnés. Une prise de risques qui porte ses fruits : Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban est jusqu'ici le meilleur film de la série. Plusieurs faits expliquent cette réussite. D'abord la mise en scène du Mexicain, stylisée et efficace, brillant prélude aux Fils de l'homme. Ayant parfaitement saisi les enjeux de l'adaptation de Steve Kloves (fidèle scénariste des quatre premiers films, avant d'être brusquement débarqué), Cuarón livre un film étonnamment lisible. Les pièges étaient nombreux : le film est notamment construit autour d'une histoire complexe de voyage dans le temps, et plus d'un cinéaste s'y serait pris les pieds.
Mais la mise en scène de Cuarón n'aurait aucun intérêt si le fond du Prisonnier d'Azkaban n'était pas aussi intéressant. Les héros ont beau n'être encore que des ados, leur lent glissement vers l'âge adulte connaît ses premiers problèmes. L'histoire pose enfin de façon concrète les véritables enjeux de la suite et les drames personnels des personnages principaux (notamment la mort des parents de Harry, et le fait qu'Hermione soit une fille de Moldus), faisant des troubles de l'identité le sujet principal du film. Les personnages interprétés par Gary Oldman et David Thewlis sont parmi les plus intéressants de cette première partie de saga. Et malgré, une nouvelle fois, quelques longueurs (quasiment inévitables, en conséquence du style ampoulé de Rowling), Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban est un parfait film de transition, conditionnant parfaitement le spectateur à vivre des heures de plus en plus noires dans l'école de Poudlard.
7/10