The Offence : Connery et Lumet dans un polar glauque

Par Cineblogywood @Cineblogywood

En DVD : Lassé de jouer James Bond, Sean Connery a tenté de relancer sa carrière et de prouver au monde qu'il pouvait faire autre chose à l'écran que commander un martini. Et il n'y a pas plus éloigné de l'univers de 007 que The Offence
Dans ce film méconnu de 1973, pas d'espion glamour mais un flic désabusé, traumatisé par les horreurs auxquelles il a dû assister tout au long de sa carrière. Pas d'organisation secrète voulant détruire le monde, mais un insaisissable violeur d'enfants. Pas de plage paradisiaque aux Bahamas mais une sordide banlieue anglaise, au coeur d'un hiver gris et pluvieux.
A la réalisation, Sidney Lumet. Avant Serpico (1973) et Un Après-midi de chien (Dog day Afternoon, 1975), le cinéaste américain signe un polar sombre, cru. Glauque, même. Sa mise en scène parvient à concilier parti pris réaliste pour décrire l'environnement sordide de l'histoire (ville-nouvelle sans âme, campagne boueuse) et séquences hallucinatoires, qui ne manquent pas d'interpeller le spectateur.
Radical
Sean Connery joue un être sur le fil du rasoir, enfermé dans son propre cauchemar. Rien à voir avec le héros hollywoodien classique. Un de ses grands rôles, sans aucun doute. Mais voilà, le film est trop radical pour son époque et casse trop le mythe de la star écossaise. D'où une sortie minimaliste et un vautrage au box-office.
Bravo Wild Side pour avoir sorti de l'oubli cette oeuvre âpre mais pleine d'intérêt. Comme l'expliquent dans un bonus pointu Jean-Baptiste Thoret, historien du cinéma, et François Guérif, expert ès-polar, The Offence était finalement trop en avance sur son temps. Une (re)découverte s'impose.