Salon du livre de Paris : l'Edition indépendante, petite donc débile ?

Par Actualitté
Depuis lundi dernier, l'édition indépendante en France subit une douche froide sévère : au cours d'une réunion organisée au SNE, Bertrand Morisset a en effet présenté les tarifs pour la location d'un stand. Une véritable « censure économique », avait commenté l'association L'autre livre, contactée par ActuaLitté.
Aujourd'hui, le vice-président de L'autre livre, Jean Ferreux, nous fait parvenir un courrier pour faire état de cette réunion.
Une réunion surréaliste
Non, ce n'est pas Breton qui a inspiré Bertrand Morrisset ce lundi 7 septembre, dans les locaux du SNE : l'adjectif est à prendre en son sens courant de « bizarre, extravagant ». En ces locaux, en effet, un certain nombre de petits éditeurs indépendants avaient été conviés à venir s'informer sur le Salon du livre 2010.
Après s'être présenté (ancien commissaire du Salon du livre, remercié par Reed, puis rappelé en 2009 par ce même Reed) et nous avoir présenté une pléiade de jeunes femmes aux titres ronflants (« une nouvelle équipe ») Morrisset s'est lancé dans un long panégyrique de l'édition indépendante, à ses yeux ; j'exagère à peine ; plus importante que les mastodontes financiers. Et pour ces éditeurs indépendants, il allait faire monts et merveilles en matière de services... enfin, il allait « essayer » (ce verbe qu'on utilise pour se donner par avance des excuses pour n'avoir pas réussi ! ; un verbe qu'il a utilisé près d'une centaine de fois).
Mais cette caresse dans le sens du poil était juste, apparemment, destinée à amadouer l'auditoire ; car, lorsqu'il s'est agi de tarifs, ce fut la douche glacée : quasi-suppression des « trampolines » et multiplication par deux des autres tarifs. Seule explication : simplifier l'offre tarifaire, qui aurait, en 2009, donné lieu à des dérives.
Bronca dans l'auditoire, d'autant plus que les tarifs annoncés n'étaient pas ceux reçus par certains participants quelques jours auparavant. D'où proposition de Morrisset : inclure un certain nombre de suppléments (location compteurs, inscriptions dans l'annuaire...) dans le tarif. Et puis aussi une manière inélégante de botter en touche : « Allez voir les Régions ».
Je n'entrerai pas dans le détail des offres de service (que je n'ai pas notées), ni dans celui des propositions tarifaires (apparemment peu assurées). Ce, par contre, que je retiens de cette réunion surréaliste est que, une fois de plus, les éditeurs indépendants n'intéressent pas la profession. Ce qui est le « droit » des « grands ». Mais ce que je retiens, en outre, et contre lequel je suis très en colère, c'est qu'on nous prend, au prétexte que nous sommes petits, pour des débiles.
Les éditions du Sonneur, que ActuaLitté avait également contactées abondaient dans le sens des propos de M. Ferreux : « La seule chose qui ressort de cette réunion, de toute manière, c'est un flou informe et contradictoire... »
Reste que cette édition du Salon du livre 2010 à Paris, qui se veut franco-recentrée, puisqu'elle n'invite pas de pays en particulier, semble bien mettre de côté tout un pan de l'édition française...