Chronique d'un lecteur en vacances, épisode 3 : Les aventures du capitaine Alatriste

Publié le 15 septembre 2009 par Sammy Fisher Jr
"Il n'était ni le plus honnête ni le plus pieux des hommes, mais il était courageux. Il s'appelait Diego Alatriste." C'est par ces mots que s'ouvre le premier tome de la série de romans d'Arturo Pérez-Reverte sur les aventures du capitaine Alatriste.

C'est du vrai roman de cape et d'épée, de ceux qui plongent le lecteur en plein dans le dix-septième siècle. Car le roman de cape et d'épée se doit d'être du dix-septième siècle. Si on vous propose un roman de cape et d'épée qui ne se déroule pas au dix-septième siècle, refusez le, c'est une imposture.
Ces indispensables prémices posés, penchons nous un peu sur le cas du capitaine Alatriste. D'abord il n'est même pas capitaine, mais tout le monde l'appelle comme ça. C'est un titre honorifique en quelque sorte. Et l'honneur, à cette époque, était une chose avec laquelle il ne valait mieux ne pas plaisanter. Celui qui manquait à cette règle avait vite fait de se retrouver avec six pouces d'acier dans le corps. Encore qu'il serait plus juste de dire "en travers du corps", parce que vous pouvez prendre le problème comme vous voulez, mais une épée de six pouces qui vous rentre dans la poitrine, ça ressort de l'autre côté. Surtout lorsqu'elle est maniée par la puissante poigne du capitaine Alatriste.

Ensuite, au physique comme au moral, le capitaine Alatriste est de ces hommes dont il vaut mieux ne pas chatouiller la moustache, qu'il a d'ailleurs bien fournie.Ancien soldat ayant survécu à toutes les batailles, spadassin par nécessité, fine lame par métier et fier par nature, car espagnol, l'homme impressionne par son calme et sa bravoure. Ajoutez à cela une restitution très précise de l'atmosphère du début du règne de Philippe IV (je le sais, j'y étais), dans un empire espagnol décadent et corrompu, et vous aurez un cocktail savoureux, roman de cape et d'épée certes, mais avec de vrais personnages. Roman historique certes, mais avec du caractère.
Autant dire qu'on prend du bon temps à les lire, ces aventures. Ce ne sont que duels à l'épée et à la dague, chapeaux à plumes, cape sur le bras et tavernes obscures. Le reste se composant essentiellement de batailles rangées, d'abordages, de complots ; avec pour méchants récurrents un inquisiteur sans pitié, un conseiller royal sans scrupules, un tueur à gages sans remords et une belle sans cœur. Le tout joyeusement saupoudré de tudieu, mordieu, morbleu et autres plaisants jurons qui donnent envie de changer de siècle.

Vous l'aurez compris, tous les éléments sont réunis pour que les pages de ces romans somme toute assez courts se lisent à grande vitesse et avec grand plaisir. L'astuce -et le paradoxe- de la narration est vieux comme l'art du roman : c'est un jeune garçon, Íñigo Balboa, que le capitaine a pris sous sa protection, qui raconte leurs aventures bien des années plus tard. Le paradoxe réside dans le fait que le garçon n'assiste pas à tout les événements qu'il décrit et que ce n'est sûrement pas le capitaine, réputé peu causant, qui les lui a raconté.
Mais ceux qui s'en offusquent n'ont pas compris que c'est là toute la magie de l'art romanesque.
Mordieu.
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Les aventures du capitaine Alatriste, par Arturo Pérez-Reverte : - Le capitaine Alatriste- Les bûchers de Bocanegra- Le soleil de Breda- L'or du roi- Le gentilhomme au pourpoint jaune- Les corsaires du levant