Le seul moyen de me retrouver un visage (Charles Dobzynski)

Par Arbrealettres

- Colle-toi de toutes forces
à cette vitre invisible,
à cette peau
dont je tente de t’arracher
ta délivrance.

- Je cogne, cogne,
sur la paroi d’un mutisme
qui me perfore,
et je disparais
dans les intervalles.

- Si c’est toi qui remues
sous le drap,
tu resurgiras plus sombre,
imprimée,
là où je te touche
tu deviens de plus en plus
écriture.

- Est-ce toi qui me suis
ombre dans l’ombre
sueur dans mes plis
éboulis dans mes veines?

- Je cherche à m’échapper
en claquant la porte
de ton image.

- Où est ton île
battue des vents et des voiles?

- J’ai perdu mes rivages
je n’habite plus qu’un contour.

- Je navigue sans port d’attache
sans étape annoncée
la dérive est le seul moyen
de me retrouver un visage.

(Charles Dobzynski)