Les éveilleurs, Livre 1 : Salicande ~ Pauline Alphen

Publié le 17 septembre 2009 par Clarabel

Hachette, 2009 - 520 pages - 14,90€

Ouhlala, encore un très bon roman que voilà ! Encore une nouvelle série aussi, ce n'est pas drôle, et puis ce premier tome frise les 500 pages, mais pardi ça vaut fichtrement le coup ! L'histoire est pleine de mystère et pleine de charme, les personnages ont énormément de charisme, l'action est assez lente pour commencer mais elle se déguste, tout se met en place tranquillement, et pas besoin de rebondissements haletants pour s'y sentir à son aise et pour apprécier suivre ce rythme en apparence débonnaire.

Nous sommes donc à Salicande, une cité créée en 2208 par le grand-père des jumeaux Claris et Jad. Les adolescents ont douze ans, ils ont toujours vécu dans le cocon du château et du village. Pourtant, il y a neuf lunées, leur vie a été bouleversée par la disparition énigmatique de leur mère Sierra. Leur père ne s'est d'ailleurs jamais remis de ce départ et a préféré se réfugier dans le phare, où sont entreposés des milliers de livres. L'éducation des jumeaux a été confié à Blaise, autrement dit le Mandarin, un précepteur hors pair qui manie le cynisme avec brio, c'est un homme très intelligent, avec des capacités aussi extraordinaires que communiquer avec son chat - le Gris - ou avec les chouettes. Et puis, Chandra, leur nourrice, très présente par sa tendresse, apporte aux deux enfants un équilibre quasi parfait. Claris est une jeune fille pleine d'énergie qui rêve d'aventure et de chevalerie, c'est aussi une grande lectrice, féministe et bornée. Jad, son frère, est plus renfermé, sérieux et calme, il est tombé gravement malade la nuit de la disparition de sa mère et depuis il souffre de migraines fréquentes et douloureuses. En fait, Blaise n'en dit mot mais il sent un changement imminent, dans la vie des jumeaux et pour Salicande. Trublion à sa façon, il n'hésite pas à confier des objets interdits, à parler des Temps d'Avant et à évoquer Sierra pour émoustiller nos protagonistes qui s'endormaient sur leurs lauriers.

Car le rythme du roman est indolent, n'attendez pas une explosion de faits nouveaux et insolites, mais admirez la finesse des personnages, leur beauté intérieure et profonde, leur personnalité délicieusement excentrique, la part des mystères et des questions qui fourmillent. Ici, pas besoin de retentissant, comme dit Blaise, "la magie n'existe pas, ce n'est qu'une autre façon de se servir de son cerveau". Le roman fait néanmoins place au fabuleux, grâce à son univers typique et prononcé, sa part d'imagination, son romanesque. Pauline Alphen signe là un premier roman débordant d'enthousiasme, où transpire aussi son amour pour la lecture (il suffit de relever les nombreux clins d'oeil aux oeuvres de la littérature jeunesse pour le comprendre !).