Le bon goût, ça ne s'achète pas : Illusion, de Damien Jean

Publié le 19 septembre 2009 par Mikatxu @crystalfrontier

Damien Jean est l'une des coqueluches du net, depuis son premier morceau "C'est mon rêve", qui lui a valu passages TV et gros buzz généralisé, à grand coups de "beurk", "hahaha", ou de fans enamourés, dont les commentaires saturent Youtube et Dailymotion. Il est marrant de constater l'aveuglement de certain(e)s, persuadé(e)s de voir en Damien Jean une sorte de prophète, un poète aussi.
Pourtant, son premier clip avait tout pour flanquer la nausée, entre montage épileptique, chorégraphie hideuse et le jeu d'acteur de Damien, à peu près aussi expressif qu'un paquet de biscottes. Sans se retenir nullement, l'affreux personnage se lançait dans une espèce de bluette pour séduire sa belle à grands coups de clichés, de poncifs et de plans de biais sur des nanas parfois peu vêtues. Mais en signant cette abîme de nullité, Damien Jean avait mis la barre très haut. Comment se renouveler ? Comment, même, se surpasser ?
Ila réponse à tout, Damien. Plus de 25 ans après, il s'est dit : "Je vais faire une suite à Thriller, moi aussi je ferai mon clip de genre". Et en bon spectateur averti des productions nocturnes de M6 (pas celles du dimanche, je précise pour les libidineux), il est allé piocher dans les meilleurs films d'horreur, les bons vieux clichés. Il vit dans un manoir le garçon, déjà. Le mec, il a besoin d'un 2000 m² pour lui tout seul, ça commence bien, même Hervé Gaymard serait satisfait d'une telle surface. Il a encore une photo de sa copine défunte (enfin, je suppose, le mec il a trop la poisse en plus), il fait orage, tadada, il va au lit, quand le monde mystérieux des rêves lui tombe sur le rable, et là, c'est plutôt moche.
En fait, il fait des cauchemars, ça doit être freudien, ou un truc dans le genre, en tout cas, il est agressé de zombies au maquillage Carrefour (un peu trop de talc sur la gueule, plus des charentaises au pied pour qu'ils aient cette démarche traînante) qui lui en veulent, mais le pauvre, il ne comprend pas pourquoi, non, c'est trop affreux. Peut-être qu'une bonne cuite avant d'aller se pieuter lui ferait du bien, il pioncerait et n'aurait mal qu'au réveil : honnêtement, vu la tronche des zombies qui hantent sa baraque, c'est une solution hautement recommandée. Les méchants semi-macchabés tentent de l'étrangler, lui font des tours pendables, et en poète, DJ se dit qu'il va poser des mots sur son calvaire, histoire d'expulser toute cette douleur.
Sans me lancer dans une bien longue analyse de la bouillie de 1er degré que semble affectionner Damien Jean, il ferait réellement mieux de se trouver un vrai boulot, au lieu de tenter d'écrire des trucs pseudo-profonds mais qui ont plutôt tendance à sentir mauvais la psychologie de Biba . Et comme en plus, le reste est au diapason, ça donne un espèce d'OVNI clipesque tout à fait déroutant. La musique est à vomir, donc je n'en ferai presque aucun cas : de vieux relents de métal symphonique libre de droits, surproduit à l'extrême et qui a sûrement eu pour seul mérite de faire travailler quelques intermittents du spectacle. Par contre, le visuel est chargé bien comme il faut et sait se faire remarquer.

Ah, comment je suis tout fou ! Raaaah, que les feux d'artifice soient avec moi !
Grosso modo, il y a deux écoles pour les films d'horreur : ceux qui ont des moyens, et ceux qui n'en ont pas. Il y en a bien une troisième, forme malencontreuse entre les deux précédentes, à savoir ceux qui ont pas un rond, mais qui veulent faire comme s'ils en avaient. Je pourrais dire "péter plus haut que son cul", mais comme le mauvais goût colle à la peau de Damien Jean comme la suffisance à Raymond Domenech, ça donne toute une symbolique catastrophique, avec le cercle de flammes, la lumière verdâtre ou bleutée, les feux d'artifice (wtf ?), et ce n'est pas le jeu d'acteur monolithique de DJ qui va sauver le clip du naufrage, avec son visage figé et sa gestuelle proche du pantin désarticulé. Comme il le dit si bien "Je viens de comprendre que la vie est cruelle / Je ne suis qu'un mortel" : oui, mortel, c'est sans doute le qualificatif qui convient à cette chose, qui n'a même pas un petit grand écart à proposer. Mince alors, Damien Jean a encore repossé ses limites : à quand la suite ?