Sarko : arroseur arrosé par la vague – peu claire – Clearstream ?

Publié le 20 septembre 2009 par Kamizole

Pour de la bombe, c’est une vraie bombe ! Qui risque d’éclater sur le gros tarin de qui vous savez. Les lanceurs de boomerang le savent : il revient avec exactement la puissance qui a servi à le lancer. En découvrant ce matin le titre du Figaro Clearstream : un nouveau témoignage troublant j’étais loin d’imaginer le contenu de l’article. Pour tout dire, j’étais même persuadée que les Sarko’s boys avaient trouvé un témoin à charge de plus contre Villepin.

Hé ben, non… C’est même l’inverse. Pour résumer – mais si, j’en suis capable ! nonobstant mes habituelles digressions… - il s’agit du beau-frère de Dominique de Villepin, Michel Piloquet. Lequel était ami avec l’informaticien Imal Lahoud qui est soupçonné d’avoir confectionné les faux listings Clearstream qui devaient servir à accuser Nicolas Sarkozy d’avoir bénéficié de pots de vin.

Or, ce chef d’entreprise a surpris un jour dans son bureau Imad Lahoud en train de pirater son ordinateur en compagnie d’une stagiaire et pas n’importe qui : «la fille de François Casanova, un policier des RG, aujourd’hui décédé, qui était en rapports étroits avec Imad Lahoud entre 2002 et 2004. François Casanova était un homme de confiance du n°2 des RG, Bernard Squarcini, lui-même proche de Nicolas Sarkozy»

Michel Piloquet dit «n’avoir aucune certitude sur ce qu’Imad Lahoud et la fille de François Casanova faisaient dans son bureau». Mais pour Mediapart qui livre cette info capitale, ce témoignage «risque de relancer les interrogations sur les conditions dans lesquelles le nom de l’actuel chef de l’Etat a été glissé sur les listings Clearstream, certains allant jusqu’à imaginer que Nicolas Sarkozy aurait tendu un piège à son rival Dominique de Villepin. Et non l’inverse».

Putain ! l’embrouille… Nicolas Sarkozy a tellement instrumentalisé cette affaire, au point d’avouer sans vergogne qu’il avait demandé – et obtenu – en juin 2005 le ministère de l’Intérieur pour découvrir ses ennemis dans cette lamentable affaire, que si ce témoignage est vrai et que la justice le prenne en compte, ce serait un juste retour des choses qu’il soit pris la main dans le sac ou le nez encore tout barbouillé par la confiture du pot.

Le procès doit s’ouvrir demain. J’ai lu tout dernièrement que l’avocat de Dominique de Villepin voulait le faire reporter en raison de l’immunité judiciaire de Nicolas Sarkozy qui théoriquement devrait lui interdire d’être témoin et de toutes façons empêche la stricte égalité des droits de la défense. L’édito du Monde (19 septembre 2009) Sarkozy plaignant qui traite précisément de cette disproportion des droits entre le Président de la République (intouchable) et les accusés n’est pas particulièrement tendre à l’égard de l’hôte de l’Elysée… en témoigne la conclusion : «Plutôt que de pousser l’ancien premier ministre à saisir la Cour européenne des droits de l’homme - on lui conseille de le faire le moment venu -, Nicolas Sarkozy aurait pu faire un geste de simple justice. Retirer sa plainte. De minimis non curat praetor (*). Au faîte des responsabilités, on néglige l’accessoire».

Il me semble qu’à défaut de refuser d’admettre ce témoin de la dernière heure ce qui constituerait en soi un déni de justice – mais en Sarkoland, ce ne serait guère une nouveauté ! – le parquet sera peut-être tenté d’admettre opportunément que le fameux «statut pénal» du Chef de l’Etat s’oppose à la tenue du procès qui serait donc remis sine die…

A moins que l’entêtement sarkoïdal et l’obsession d’éviter à tout prix que Villepin puisse être candidat contre lui en 2012 – une partie de la droite y serait tout à fait favorable – ne l’emporte sur son peu d’intelligence. On peut être malin - même à un et demi ! - mais n’avoir qu’à peine un quart de matière grise en état de fonctionner.

Pourquoi ce témoignage si tardif ? Michel Piloquet explique que c’est «la lecture d’un article de presse défavorable à Dominique de Villepin qui l’aurait incité à se manifester». On ne peut pas dire qu’il se soit empressé de soutenir son beau-frère !

Ce devrait être un motif suffisant pour reporter le procès en demandant un supplément d’enquête puisque s’il s’était manifesté plus tôt le juge d’instruction aurait procédé à une confrontation entre Michel Piloquet et Imad Lahoud.

L’affaire Clearstream ne date pas d’hier. J’avais notamment le souvenir d’un article du Point qui en parla le premier et à défaut d’avoir conservé la plupart de mes archives papiers trop envahissantes dans 45 m², j’ai pu en récupérer les références (juillet 2004) sur Wikipedia : où vous retrouverez toutes les personnes mêlées à ce drôle de «sac de nœuds», barbouzes comprises.

Affaire à rebondissements permanents, un vrai thriller !

Il est trop tôt pour savoir ce que donnera ce nouvel épisode. S’il apporte un éclairage nouveau sur cette nébuleuse affaire Clearstream - à supposer qu’il soit vrai ce qui restera à démontrer - cela prouverait une fois de plus que tout ce que touche Nicolas Sarkoz. y devient objet et sujet de scandale. Scandale permanent, toujours sur fond de mensonges. D’où la Constante de Sarkozy © mémé Kamizole : “un scandale par semaine, un mensonge par jour”… A personnalité trouble – la simplicité et la vérité lui semblent inconnues – affaires troubles.

Abraham Lincoln a dit que «l’on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps»

Perso, j’ai toujours préféré la vérité. Non pas tant par sens moral mais pour une raison simplissime : c’est nettement plus facile et confortable ! Enfant, j’étais douée d’une belle imagination et je me demandais quelles seraient les conséquences d’un mensonge que j’eus fait sans réfléchir. Je m’apercevais alors de tout ce dont il eût fallu me rappeler pour étayer mon mensonge, pour ne point se «couper» à un moment ou un autre. Sans compter les faits que l’on ne peut escamoter et qui risquent de refaire surface à un moment ou un autre.

Il me trottait dans la tête le souvenir d’un passage de Kant dans les «Fondements de la métaphysique des mœurs» qui a trait précisément aux promesses faites sans l’intention de les tenir et donc au mensonge : «A la vérité, je vois bien que ce n’est pas assez de me tirer, grâce à ce subterfuge, d’un embarras actuel, qu’il me faut encore bien considérer si ce mensonge ne peut pas résulter pour moi dans l’avenir un désagrément bien plus grand encore que tous ceux dont je me délivre pour l’instant ; et comme en dépit de toute ma prétendue finesse, les conséquences ne sont pas si aisées à prévoir que le fait d’avoir perdu la confiance d’autrui ne puisse m’être bien plus préjudiciable que tout le mal que je songe en ce moment à éviter…».

Or donc, en supposant que Nicolas Sarkozy soit l’instigateur du faux listing Clearstream où son nom apparaissait, cela tendait bien évidemment à le faire passer pour la victime d’une machination une fois le listing connu et donné en pâture aux magistrats qui enquêtaient sur les – bien réelles - commissions des fameuses frégates de Taïwan – avec à peu près les comparses et sociétés que les rétro-commissions des sous-marins Agosta 90 B vendus par la France au Pakistan en 1994.

Lesquelles, on s’en souvient devaient financer la campagne d’Edouard Balladur en 1995 et sont vraisemblablement à l’origine de l’attentat qui a coûté en 2002 la vie à 14 ingénieurs français de la DCN, avec un parfum de scandale d’Etat au début de cet été…

Si Nicolas Sarkozy a bien été l’instigateur du faux listing dans l’espoir de faire accuser Jacques Chirac et Dominique de Villepin d’en être les instigateurs pour le faire tomber – il y faut une sacré imagination, perverse en diable ! - il devait être bien loin d’imaginer que ce scénario si bien ficelé pouvait être un jour dévoilé. C’est quand même oublier que très souvent un «deus ex machina» en décide tout autrement et qu’il suffit d’un ridicule grain de sable pour enrayer les «machines infernales» les plus sophistiquées.

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(*) Adage juridique qui signifie que le préteur (magistrat romain chargé d’organiser la tenue des procès) ne doit pas s’occuper des causes insignifiantes