Taïaut (détail) !

Par Moushette


Il y a des billets de blog que l'on écrit à toute allure, sans les relire, et que l'on publie dans français approximatif, remplis de fôtes par flemme de les retoucher...
Car on veut se débarrasser d'un stress et user du blog comme une thérapie, ou vite partager un scoop fumant avant les autres, ou bien tout simplement parce qu'on envie de faire rire avec une bonne vieille vanne qui vous trottait dans la tête depuis 5 minutes, et que ce genre d'envie démange trop pour attendre !!
Mais il y a d'autres billets pour lesquels on prend son temps. Tout simplement car on veut faire durer le plaisir du réel en y repensant devant son clavier. Tout simplement aussi parce qu'on aime écrire, et que l'on aime transformer le plaisir du vécu en plaisir des mots, en tout "égoïsterie" ; et tant mieux si ça plait à certains lecteurs, et tant pis pour les autres qui se moquent.

Vous l'aurez deviné avec pareille intro', j'aurai pris un peu plus de temps que d'habitude pour ce billet.
Comme je le disais précédemment, nous avons passé un fabuleux weekend. A "quelques" kilomètres de chez nous, de l'autre côté de la Loire, nous sommes arrivés à une petite maison. Une petite maison pleine de charme, un peu tordue, au milieu des bois. Une maison tellement charmante, qu'on aurait dit qu'elle était sortie de la tête de Walt Disney pour un dessin animé de princesses, genre celle des fées de la belle au bois dormant, au milieu de la forêt.
A une nuance près : lors de nos multiples ballades à pied en forêt, je n'ai trouvé aucun prince charmant (que Mister Moush qui chantait de AbbA comme une casserole, pffffffffffffffff).
Cette maison ce n'est pas la maison de n'importe qui. En la regardant, on pourrait s'attendre à en voir sortir Grincheux, Atchoum ou Simplet (ou BN !). Mais que nenni, il y vit un autre genre de VIP : zeu garde forestier du parc d'un château DLL bien connu ! Oui, nous étions invités par ce VIP (et sa famille) à venir passer un weekend spécial brame des cerfs avec eux...
Y en a un qui explosait de joie à l'idée de voir les animaux en liberté, c'était mon Nishal : depuis qqs jours, il nous parlait de plus en plus de ce weekend, il avait réussi à négocier avec sa maîtresse de garder pour le weekend un livre de l'école sur les cerfs. Il était donc déjà bien renseigné sur le sujet avant d'arriver, et impatient d'en savoir et voir plus. Il avait même toute une liste de questions à poser au GF sur son métier ! Alors forcément, il était très fier d'avoir repéré la première biche lors de notre trajet en voiture pour y arriver : il en avait vu une.... sur le panneau de l'autoroute !!!!
Bref, lorsque notre pote GF nous proposait d'aller faire un "safari" aller voir les animaux, Nishal arrivait toujours en courant avec un large sourire, et n'était jamais le dernier à enfiler ses bottes !!
Mais il n'était pas le seule à accepter l'invitation. Tout ma famille adorait ces promenades... Quel plaisir nous avions à nous entasser à l'indienne à l'avant du pickup, les gosses sur les genoux des parents, sans ceintures et de se faire chahuter sur les chemins limite carrossables de la forêt ! Quel plaisir d'observer la diversité de la flore, d'admirer les énormes chênes, les étangs calmes, tout en s'exclamant lors des fréquentes apparitions des stars au détour d'un virage : biches, faons, chevreuils, cerfs et daguets à gogo autour de nous... Nishal et Scarlett étaient au comble du bonheur, leurs excitations comblaient mon coeur, et en tant que maman gaga gâteuse, j'avais presque plus plaisir à les voir s'exclamer que de regarder moi même l'animal en question.
Et puis, il y avait la cherry on zeu cake. Notre gentil pote avait "grainé" (comme il dit), la clairière devant la maison. Conclusion, il y avait toujours un monde de ouf en train de brouter ou bramer just in front of us, à quelques centimètres de notre nez. Le luxe ultime quoi ! Quel plaisir j'ai pris à me faufiler dehors le soir avec mon fils en pyj' et pantoufles pour approcher furtivement les bestioles et les observer et les écouter de près.... Quel kif aussi de dîner portes ouvertes afin d'entendre bramer de tous côtés dans la forêt. Quel plaisir de s'endormir avec les images de cerfs et de nos promenades à pied tranquilles dans les yeux, les oreilles bercées par les brames lointains... Quel merveille de se faire réveiller le matin par son petit garçon surexcité qui nous a annoncé que les petits chiots de la chienne de la famille étaient nés pendant la nuit ! Et comment ne pas rire intérieurement à la mine déconfite de son gosse qui nous annonce qu'il a fait échapper le poney et le mouton de la maison car il a oublié de refermer le portail (en se demandant bien quelle genre de punition on peut avoir pour ça, car un mouton et un poney ça doit peser lourd et il n'a pas ça dans ses barèmes de punitions habituelles !!!).
Il y eut aussi la visite VIP du chateau (avec une grosse envie de faire un gros "nannannèèèèèreu" aux touristes de base qu'on croisait), du chenil de la meute pour la chasse à cour, du musée de la fameuse BD qui semblait plus intéresser les parents que les enfants !!
Et puis, en regardant l'album photo du mariage bohëmo romantique des nos hôtes, je me suis mise à réfléchir au mien, à ce que je croyais être mon avenir alors que nous nous marions il y a 11 ans. A l'époque nous étions deux ingénieurs, "beaux et intelligents", avec l'avenir entre nos mains d'après nos parents. J'imaginais alors une vie classique de cadre sup bobo en banlieue chic de Paris, un taf à la Défense, une carrière aux responsabilités croissantes, deux enfants un peu typés aux yeux clairs, un tichu chochial (private joke !) de gens comme nous avec les mêmes petits soucis que nous et les mêmes sujets de conversation, des vacances chics, exotiques et chères...
Mais non. La vie ou Mère Destin comme disent les Indiens, en a décidé autrement, et notre vie de famille est maintenant tellement différente de celle de ces camarades de promo qui n'ont pas connu les chemins de traverses. Elle est certes plus pauvre financièrement, mais certainement plus riche sur bien des aspects. Alors finalement, ne sommes nous pas gagnants ? Tout dépend d'où on situe la richesse, finalement.
Enfin, revenons à notre weekend : trop vite, ce fut l'heure de partir. Partir oui, mais les bras bien chargés : bois de cerf, photo poster d'un cerf en plein brame, empreintes de cerf moulé, afin que les enfants puissent partager leur plaisir et savoir avec les camarades de leur classe. Et de l'engrais pour mon potager dépressif et aussi des beaux œufs tout frais (des poules qui nous cassaient les oreilles pdt qu'on déjeunait !!!) que les enfants mangeront demain avec un pain maison ;-) !
Bref, des plaisirs simples, en toute convivialité, dans un cadre authentique et très riche. Avec une impression d'être arrivée au bout du monde, dépaysement total. Ma définition du luxe en fait, ouaih c'était un weekend 5 étoiles, 5 étoiles Moushette, bien loin des critères GM ou Michelin.
Nous sommes repartis rêveurs de là, et enfants et parents en nous répétant la même phrase qui avait été bien souvent prononcé lors de notre weekend : "On en a de la chance..." Oui, on en a de la chance de vivre tout celà (et en plus d'avoir eu beau temps malgré des prévisions pessimistes !!), je n'oublie jamais de le souligner aux enfants, car il faut savoir profiter et savourer les trésors du présent. Comme dirait tristement Christie, il faut chérir ce que l'on a. Et oublier un peu tout ce que l'on n'a pas, plus et qu'on n'aura jamais (tout en restant ambitieux pour le futur non mais !).
Alors encore merci, gentille tribu, de nous avoir si bien accueillis dans votre tanière... J'ai été touchée, je m'y attendais pas, et c'est à mon tour de dire, presque un an après, un grand MERCI !
(Taïaut est le cri que l'on lance lorsqu'on voit un cerf à la chasse !)