Dans le vieux Nice, les handicapés se lancent à la découverte du patrimoine

Par Handiady
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NICE,  Mireille Azzaro, en fauteuil roulant depuis quinze ans, peut enfin profiter dimanche des Journées du patrimoine dans le vieux Nice aux ruelles étroites. Cette femme de 49 ans frappée par la sclérose en plaques depuis 1985 vient bien parfois se promener dans la ville. Mais elle n'est jamais sûre de ne pas trouver une pente trop raide, une marche, une porte lourde.

"Il y a un risque, on ne sait jamais", dit-elle. Pour elle, et pour cinq autres personnes en fauteuil ce weekend ainsi qu'une dizaine de sourdes ou malentendants, la mairie a organisé cette visite guidée de la vieille ville à l'occasion des 26èmes Journées européennes du patrimoine.

Une aubaine pour admirer les façades ocres à l'italienne, les palais et églises baroques mais aussi les montées et les nombreux escaliers. Dans la vieille ville, l'itinéraire de la visite accompagnée d'explications historiques a ainsi été sécurisé par une personne de la municipalité qui l'a parcouru en fauteuil roulant.

"Ca me rassure", dit Mme Azzaro, "en temps ordinaire, tout n'est pas accessible et on ne sait jamais avec certitude ce qui l'est ou pas". Un peu plus loin, sur la promenade des Anglais, les aveugles ont droit à des plaquettes en braille pour mieux apprécier le patrimoine architectural déployé le long de la célèbre baie des Anges.

C'est la première fois que cette initiative met l'accent sur l'accès à la culture aux personnes à mobilité réduite, à handicap auditif et aux déficients visuels. "Le propre des Journées du patrimoine c'est d'ouvrir le patrimoine à tous et de sortir", explique Jacques Dejeantile, conseiller municipal chargé de l'accessibilité et à l'éducation à la mairie de Nice qui a pris à coeur de traduire dans sa ville l'initiative européenne.

Lui-même victime d'un accident de la route en 1979, il se déplace en fauteuil roulant. Sourde, Josiane Picart, 66 ans, apprécie les explications de la conférencière grâce à l'interprétariat en langue des signes. "Je suis très contente que les sourds ne soient pas abandonnés" alors qu'ils sont de plus en plus nombreux, dit cette présidente de l'association culturelle pour sourds et malentendants "Le cri du silence".

Une loi prévoit que d'ici 2015 les établissements ouverts au public soient rendus accessibles aux handicapés. Mais il s'agit d'un travail monumental et il y aura des exceptions, reconnaît M. Dejeantile. "Il ne faut pas rêver. Il y a des endroits qu'on ne pourra jamais rendre accessibles.

Les Monuments de France s'y opposeront", dit-il. Et puis il y a la topographie: "on ne peut pas raser toutes les collines et aplanir la ville", observe M. Dejeantile. Nathalie Audap, l'interprète pour sourds de la visite, souligne l'enjeu de ces Journées pour les handicapés. "Connaître leur ville est quelque chose de primordial", dit-elle, car il ne s'agit pas seulement d'inaccessibilité matérielle: "c'est l'inaccessibilité à l'information".

afp"

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Par Jacques BOYER