Jeudi soir, je me suis retrouvé à 19h30 devant mon antre préféré des Halles en compagnie d’une amie, à hésiter entre Fish Tank, Démineurs et Hôtel Woodstock qui commençaient tous trois dans le quart d’heure suivant. C’est le nombre de places restantes qui nous a finalement dirigés vers Hôtel Woodstock, le onzième long-métrage du cinéaste taïwanais Ang Lee.
La richesse du film d’Ang Lee, c’est justement de rester à distance de l’évènement qui était au centre du monde en ces jours de juillet 1969. De rester en marge et de tisser cette chronique familiale joyeuse et entraînante, parcourue d’une énergie communicative, existant à travers des personnages attachants. A commencer par le jeune héros porté à bout de bras par Demetri Martin, inconnu au bataillon de ce côté-ci de l’Atlantique, qui apporte candeur et sincérité à l’homme grâce à qui Woodstock a eu lieu.
L’hystérie maternelle d’Imelda Staunton, la folie douce d’Emile Hirsch, ou la force tranquille de Liev Schreiber finissent de donner une consistance à cette ballade trippante dans l’Amérique hippie, capturant sous forme d’instantané vivant une effervescence palpable. Beaucoup se sont demandés ce qu’un tel film faisait en compétition à Cannes en mai dernier. On imagine pourtant facilement la bouffée d’air qu’a pu apporter Hôtel Woodstock sur la Croisette.