Primaires socialistes ou primaires ouvertes à Gauche ?

Publié le 05 septembre 2009 par Radicallibre77

“S'il s'agit de désigner le candidat socialiste, alors c'est pas la peine de nous inviter”, c'est par ce commentaire que Jean-michel Baylet, Président du PRG, a donné l'opinion des Radicaux de gauche, à l'idée émise au Parti socialiste d'inviter les autres partis de Gauche à choisir le candidat socialiste à la présidentielle de 2012.

L'idée est de ne pas reproduire l'erreur de 2007.

A l'époque, du coté du PRG, les Radicaux avaient décidé lors de leur congrès de Paris, de ne pas présenter de candidat. En tant que Président de la fédération de Seine-et-Marne, je considérais alors que cette décision était une erreur, et j'avais voté pour une candidature radicale à la présidentielle. En estimant que Christiane Taubira, candidate en 2002, serait alors la mieux à même de nous représenter. Le congrès en décida autrement. Quelques semaines plus tard, après la désignation par les militants socialistes, bien aidés en cela par les médias, de Ségolène Royal, un Comité directeur entérina ce choix et fit,  de la candidate socialiste, la candidate du PRG. Je me souviens m'être alors abstenu, considérant que voter contre n'offrait, faute d'alternative, aucun intérêt. Mais, je ne pouvais me résoudre à valider un choix que d'autres avaient fait pour moi et mon parti.

Du coté du PS. Les choses furent beaucoup, beaucoup, plus compliquées. Les déchirements. Les petites trahisons. Les grandes. Les rivalités. L'influence déplorable des médias et des sondages. La curieuse campagne d'adhésion à 20 euros. Tout cela fit que la primaire socialiste ressembla plus à un champ de bataille qu'à un débat d'idées, pour finalement, ne laisser qu'un champ de ruines.

Pourtant, l'idée même de primaire, au sein du Parti socialiste, n'était pas mauvaise. Elle permettait non seulement de choisir une ou un candidat, mais elle offrait l'opportunité au PS de définir, pour l'avenir, son orientation politique.

Ainsi, on vit s'affronter Dominique Strauss-Kahn, le chantre d'une social-démocratie très libérale, Laurent Fabius, le champion du non au TCE, dont la victoire lui fît espérer une qualification facile et Ségolène Royal, candidate hors-appareil, qui basa sa campagne sur le non conformisme et les nouveaux adhérents.

Le PS avait donc le choix entre une voie libérale-sociale, le repli noniste ou l'aventure médiatique royaliste. Le choix fut fait rapidement.

Un choix qui, après une campagne présidentielle chaotique, donna un résultat, malgré tout, honorable.

Aujourd'hui, de revers électoraux, en divisions internes, que suivent d'autres revers électoraux, le Parti socialiste ne semble plus être en mesure d'imposer son candidat au restant de la Gauche. Ni même à une partie de ses propres troupes.

C'est alors que réapparaît l'idée de primaires, que certains Socialistes, devant le risque d'une nouvelle défaite du PS, due à ses divisions, ont relancé pour désigner leur candidat à l'élection présidentielle. Le principe n'est pas neuf. Déjà en 2007, le PRG avait déposé une proposition de loi, afin de fournir un cadre législatif à des primaires pour les présidentielles.

Mais, dans ce domaine aussi, le PS reste divisé.

Des primaires oui, mais lesquelles ?

Primaires socialo-socialistes, où les seuls militants PS désigneraient le candidat socialiste. Ce remake de 2006 parait à la fois peu mobilisateur et peu fédérateur.

Primaires ouvertes aux alliés du PS pour choisir là aussi le candidat socialiste… On demeure là dans une tradition socialiste, celle du mépris de ses alliés.

Une troisième voie se fait jour. La primaire “populaire”. Inspirée du modèle italien et qui a permis la victoire de la Gauche transalpine en 2006. Une Gauche italienne qui regroupe de multiples formations puisque 9 partis, d'égale importance, étaient concernés par cette primaire. Une primaire ouverte à tous les citoyens italiens. Des femmes et des hommes de progrès et se sentant proche des idéaux de la Gauche et dont environs 3 millions se déplacèrent pour choisir Romano Prodi comme leader de la coalition. Cependant ce système n'est pas gage de victoire assurée. Puisque 2 ans après sa victoire, la coalition de la Gauche italienne, à bout de souffle, minée par ses divisions entre modérés et traditionalistes, perdait les élections anticipées, au profit de Silvio Berlusconi.

Cette dernière solution s'oppose au système de primaires “à la française” en vigueur. C'est-à-dire, le premier tour de l'élection. J'y ai longtemps été favorable. Ce système permet aux formations politiques de s'exprimer devant les électeurs en présentant leur vision pour le pays. Surtout qu'avec la présidentialisation de la Veme République, il y a peu de salut électoral et médiatique pour un parti politique, hors de l'élection majeure en France.

Cependant, la donne a changé. La Droite, autrefois bien plus divisée que la Gauche, notamment plus pour des raisons de personnes qu'idéologiques, a réussi, sous la bannière de l'UMP et de Nicolas Sarkozy, à réunir toutes ses familles politiques, des modérés Radicaux valoisiens jusqu'aux nationalistes Villieristes. Face à cette véritable machine électorale, la Gauche semble bien dispersée.

L'état financier, industriel et social du pays. La paupérisation des classes populaires et moyennes. L'abandon des services publics. La désolation des banlieues et des campagnes. Le manque de respect des principes républicains. Tout appelle à un profond changement de politique. A une politique de gauche.

Et ce changement passe par une victoire en 2012. La victoire d'une Gauche unie et solidaire, regroupée autour d'une candidate ou d'un candidat, crédible, populaire et républicain.

Issu de primaires populaires, où des millions d'électeurs de progrès l'auront désigné, le candidat de Gauche bénéficiera d'une légitimité certaine. Une légitimité que ne pourront remettre en cause, les perdants ou les ambitieux. Et qui le portera tout au long de la campagne, en lui permettant de porter sereinement le programme de progrès que le pays attend.

Ces primaires seront aussi le moyen pour la Gauche de changer sa méthode de faire de la politique. Une occasion de s'ouvrir sur son électorat et sur la population française, afin d'être à l'écoute constante du pays, de ses difficultés et de ses envies. Une manière nouvelle de se présenter aux électeurs qui devra aussi changer sa méthode de gouvernement.

Pétition pour des primaires populaires à Gauche : www.primaire2012.fr