Sourya, les 21 century boys

Publié le 24 septembre 2009 par Bertrand Gillet
Scratch… Crxxxxx… Vrooommbbbsssss… Zzzzzzzxxxxxxcccriiiiiiiiiiiiittccccchhhhhh… La machine à écrire crisse, le clavier se tord, c’est ma première interview chronique entièrement électro, je tourne un bouton, un mot se transforme en un autre, les basses explosent alors en syntaxe cool, cccccccccrrrrrriiiisssccccrrrriisssssss… Xxxxxxxxxxxxxxxxxbbiiippppppppp... Vuuiiiiiiiiiiizzzzzzzzzooooouuuuuuyyyyiyiyiyiyiyyyrrijjjjjgggscrattttcchhhhhhhh… L’espace d’un moment élastique je deviens moi-même Dj. Vous allez bientôt me demander le pourquoi d’un tel virage, les manettes bloquées à fond dans l’électronique onctueuse ? Je pars rencontrer la formation du moment qui va atterrir pour nous faire redécoller un long moment, éternel j’espère : Sourya. Direction le Batofar où je vais assister à un set avant de sortir Caroline, mon dictaphone, et saisir dans le marbre de l’écrit le témoignage du groupe le plus excitant de la scène parisienne. Rock et électro, pop et synthétique, glam et punk, ils sont tout ça et plus, et mieux. Ils incarnent l’avenir, mes kids, le futur c’est eux. Donc, j’ai rendez-vous avec le futur. On croirait le résumer en quatrième de couv’ d’un roman de science-fiction, « votre rendez-vous avec le futur ». Le Batofar semble avoir été posé sur l’eau par la main de Dieu. Je traverse la passerelle, descends inspecter la salle encore vide, seul un ingé son procède aux réglages d’usage avant le lancement des festivités soniques. Les formations jouant ce soir arrivent progressivement, lancent quelques regards vaguement techniques vers la scène comme pour tester l’espace et ressentir la future moiteur qui s’emparera des corps alors que leur musique se déversera lentement puis violemment dans la pénombre. Je remonte goûter l’air. C’est un début d’été paisible où les couleurs semblent s’installer calmement, occupant les lieux pour la première fois. La foule commence à débarquer ou, pour être plus précis, à embarquer. C’est Rudy qui le premier vient me saluer, je lui parle de l’interview et aussitôt il s’enquiert de l’arrivée de ses petits camarades. Sur le quai, Julien une bière à la main se prépare au set. Nous échangeons une poignée cordiale. L’heure approche, je me glisse dans les tréfonds opaque du Batofar. Arnaud bosse sur ses percussions électroniques, Julien branche ordinateur et platine et Sou débarque enfin. Chacun s’affaire, le concert va bientôt débuter. Puis, là, dans l’attente et l’extase bien présente les morceaux explosent, tout le répertoire a été revisité façon électronique glapissante. La matière est connue et pourtant neuve, ouah, quel pied, quel trip. Moi qui suis adepte d’une certaine musicalité d’époque, des sons vintage façon sixties intronisées, je me sens envahi par une puissance, une jouissance inédite, celle des machines qui œuvrent maintenant sous les caresses expertes des quatre jeunes musiciens. Tout y passe, Anatomy Domine, tout, rien ne nous est épargné, le plaisir est là, quasi enfantin. Je suis automatiquement satellisé quand Sou se met à jouer d’une sorte de petite console sur laquelle il tapote de façon saccadée pour en extraire des petits sons qui crépitent, des piailleries animales. Génial. Scratch… Crxxxxx… Vrooommbbbsssss… Zzzzzzzxxxxxxcccriiiiittccchhhhhh fait alors mon cerveau et mon corps tout entier lui emboîte le pas, je danse de manière minimale, je ne suis pas un clubber né, encore moins un moonwalker assumé, mais il faut bien avouer que la musique agit sur mon organisme comme si mes veines avaient avalé leur dose de Sourya. Je plane dans un ailleurs bourdonnant. Cool. Une heure après, me voilà dehors, haletant comme si je sortais d’une apnée interminable. Je bois littéralement le ciel. Recouvrant mes esprits, je pars en quête du groupe. Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons tous avec Jean-Paul Gonnod, le producteur, confortablement assis sur les marches qui sculptent les quais. Caroline mon dictaphone commence à circuler de main en main comme un joint. A ce moment précis, l’interview vient de commencer.