Quand les grands ados quittent le nid

Publié le 16 octobre 2007 par Laurent Ballestra
Ils ont entre 18 et 30 ans, sont presque adultes mais pas tout à fait autonomes, et semblent ne prendre leur envol qu’après avoir mis la pagaille dans la famille. Pourtant, le départ de ces « Tanguy » provoque souvent une Berezina émotionnelle... Depuis quelques années, on évoque la difficulté qu’auraient les adolescents à quitter le domicile des parents. Départs sans cesse différés, allers-retours entre un monde trop vaste et un cocon trop familial, ils semblent hésiter entre liberté et sécurité, et redouter cette indépendance pourtant tant désirée. Il faut reconnaître que le contexte ne joue pas en leur faveur. Études plus longues, obstacles pour entrer sur le marché du travail, flambée des prix du logement, ils peinent à trouver les moyens de leur autonomie. Par ailleurs, ils subissent l’influence de l’évolution des relations familiales et des mentalités. Ainsi, on a pu remarquer qu’ils quittaient pour moitié le nid familial à 20 ans dans le Nord (pays nordiques et Royaume Uni) contre 28 ans dans le Sud (Italie et pays méditerranéens)* ! Enfin, les périodes de rupture sont en général, et pour toute la famille, un véritable bouleversement émotionnel.

Laisser partir l’oiseau

La séparation, cap nécessaire pour le passage au stade adulte, peut être une période difficile à vivre. Les ados pratiquent alors diverses stratégies – évitement, réponses floues vaguement bredouillées – afin d’apprivoiser une situation qu’ils sentent explosive. Quant aux parents, ils angoissent. On appelle ça le SNV (syndrome du nid vide). Il concerne indifféremment hommes et femmes, parents et beauxparents. Ses manifestations ? Le sentiment d’un grand vide et un gros noeud à l’estomac que chacun gère à sa manière – hyper activité ou grande léthargie. Quelle est la meilleure parade ? Faire confiance au « petit ». Certes , il risqueparfoisde passer des moments désagréables, mais c’est son apprentissage. Les parents n’interviennent alors qu’en cas de grave danger, un peu comme lors de ses premiers pas : les chutes sont dans l’ordre des choses !

Délier les liens pour en tricoter d’autres

La difficulté réside dans la mise au point d’une nouvelle distance qui, au fil du temps, deviendra une relation d’adulte à adulte. C’est en procédant pas à pas que l’ado se détachera doucement de son rôle d’enfant. Au début, il pourra décider de la fréquence des séjours, les portes de la maison restant toujours ouvertes et sa chambre, intacte. Ensuite, ses venues se transformeront en visites… Mais ce réajustement n’arrive pas seul, c’est également l’heure pour les parents de la renégociation du couple conjugal. Souvent déstabilisé, il est le lieu de toutes les fragilités, où failles et désaccords pointent leur nez. Certains les surmonteront, d’autres referont leur vie... Bref, des histoires d’adultes !

À LIRE

Conseillère en relations humaines, l’auteur peint ce moment de rupture avec beaucoup d’humour et de pertinence. Au fil des témoignages de parents et d’ados, chacun y lira de quoi vivre « son » grand départ. « Mais pourquoi tu veux déjà quitter ta mère ? Ou le syndrome du nid vide », de Rosine Bramly, éd. Ramsay, 15 €.