Saint-Ouen après la fusillade > conseil municipal très agité

Publié le 28 septembre 2009 par Chroniquesmabanlieue

conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" />Le Conseil municipal de ce lundi 28 septembre 2009, deux jours après le décès de deux jeunes dans une fusillade (cf. chronique ici) Cité Arago à Saint-Ouen, restera un moment à part dans la vie audonienne.
Rarement autant d’habitants ne sont déplacés. Les 39 élus étaient eux aussi, chose rarissime, au grand complet.

De cette soirée, je ne retiendrai pas l’intervention du Maire de Saint-Ouen, qui semble avoir découvert que la drogue a envahi sa ville depuis peu et qui en appelle aux Pouvoirs Publics, seule solution selon elle, aux problèmes d’insécurité grandissants sur Saint-Ouen.

J’ai même été choqué par les propos de Jacqueline Rouillon, quand elle a avancé que les trafics sont la conséquence de la répression à Paris, ou Saint-Denis (les trafiquants chassés viendraient donc sur Saint-Ouen), alors que les jeunes décédés ont grandi dans la cité Arago de Saint-Ouen.

Ce soir, j’ai été particulièrement touchée par deux interventions.
Celles de Cyrille Plomb et Lias Khemache, tous deux élus de l’opposition, mais engagés à gauche depuis leur enfance à Saint-Ouen, au sein de l'Association Saint-Ouen Ensemble Autrement (ASOEA).
Parce que Lias et Cyrille vivent au quotidien les conséquences dramatiques de la politique menée par la majorité PC-PS de Saint-Ouen, ils ont donc choisi en 2008 d’être candidats aux municipales, sur une liste citoyenne, mais menée par un UMP.

conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" />Ecoutez leurs témoignages.
conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" />Cyrille et Lias ont grandi dans la Cité Arago. Ils ont été éducateurs : les deux jeunes décédés appartenaient à leur groupe.
Cyrille et Lias avait imaginé à un autre avenir pour « leurs » jeunes. Mais la municipalité n’a pas entendu leurs messages d’alerte, pourtant clairement partagés dès 1996 !

« Les pouvoirs publics, c’est vous, le premier magistrat de la ville, c’est vous. C’est à vous de résoudre les problèmes

Madame le maire, interrogez-vous : pourquoi moi de gauche, ancien salarié du service jeunesse, je siège ici comme citoyen de gauche, mais sur le ban de l'opposition ?
»
De nombreux jeunes étaient présents, chose assez inhabituelle à un conseil municipal.

Les jeunes étaient en colère, contre « la politique de clientélisme électoral des communistes qui a conduit à la ghettoisation de leur ville ». « Une ville sans avenir, sans élan pour les jeunes ».
Le maire et ses élus se sont fait hués à de nombreuses reprises.
Les jeunes, et les moins jeunes aussi, ont applaudi Lias, Cyrille et
William.
Les
jeunes ont crié, aussi. Tantôt leur joie, quand Lias a demandé la démission du maire : « vous êtes responsable et coupable », tantôt leur colère.

William Delannoy, conseiller municipal UMP a demandé à Madame le Maire pourquoi des représentants des élus de l’opposition n’étaient pas invités à rejoindre la délégation qui se rendra demain rencontrer le Ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux.
« Ne pas nous inviter, ne pas prendre la peine de nous appeler, c’est délibérément ignorer les 49% d’habitants qui ont voté pour nous ».

Derrière moi on réplique en chuchotant : « pas très intelligent d’aller voir un ministre UMP, sans l’élu UMP de la ville ».

William Delannoy a également rappelé que Madame le maire était forcément au courant pour la drogue qui ne date pas d’il y a 6 mois, vu que le fils de Jacqueline Rouillon a été condamné en 2004 pour trafic de drogue (cf. infos ici).

  • Les jeunes derrière moi ont renchéri : - « son fils au maire, il a été pris avec 40 kg, c’était pas un très gros caid ».
  • Moi naïve : « ça commence à combien un gros caid ? »
  • « Bonne question ». Qui restera sans réponse…

conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" />Le plus grand moment d’émotion, accompagné de bruyants et chaleureux applaudissements de soutien, restera celui où Lias Khemache, a demandé à Madame le Maire de répondre à cette question :
« Après ce qu’il vient de se passer, Madame le Maire, allez-vous persister à maintenir votre terrifiant projet de construire 14 tours de 16 étages dans les Docks de Saint-Ouen, au pied de l'incinérateur, de l'usine CPCU, sur des terrains pollués ?
Vous nous avez rabaché avec votre mixité sociale, mais là vous allez acceuillir les pauvres de la Ville de Paris
,
comme au bon vieux temps où la droite

envoyait ses pauvres au-delà du périf.


Nous la 2e génération d’immigrés, génération sacrifiée dans ces cités, nous ne voulons plus de ces tours
. »


Madame le maire, allez-vous construire un ghetto de plus dans la ville ?

».

Précision : Paris est propriétaire de 10 Ha dans les Docks et souhaite y construire des logements sociaux (détails ici).

Le maire de Saint-Ouen n’a pas répondu : évidemment ? malheureusement ?
Et voilà comment nous, les habitants, sommes pris en otage par le dogmatisme politique.

Devant le parvis de la mairie, les discussions se prolongent :

  • « On a la ville qu’on mérite, fallait pas revoter pour elle ».
  • « Tu sais bien comment ils font, ils nous rabachent que si la droite passe, on perdra tout ».
  • « Oui, mais là de toute façon on perd tout ».
  • « Avant, je pensais être de gauche, mais là maintenant y a des trucs que j’aime à droite et à gauche ».
  • « Les gens comme nous doivent s’unir pour être plus forts, pour être entendus ».

conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" /> conseil municipal très agité" />C’est cette phrase que je souhaite garder en tête en partant.
Etre forts et unis, en se mobilisant contre le projet actuel des Docks de Saint-Ouen avec ses 14 tours de 16 étages, au pied d'un incinérateur de déchets.
@suivre donc...
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tionnel
Valérie Bernard pour chroniquesmabanlieue.com