Clôture du Festival International du Film de Tunis : où est passé le cinéma ? : Tunisie : In & Out : Théâtre et Ciné : Tuniscope

Publié le 28 septembre 2009 par Tunisie

Le samedi, 26 septembre 2009, le rideau est tombé sur la troisième édition du Festival International du Film de Tunis qui s’est déroulé du 23 au 27 septembre à Tunis et plus précisément dans la banlieue Nord. La remise des prix a été annoncée presque à minuit au milieu d’un dîner gala organisé pour l’occasion à l’Acropolium de Carthage.

Trois figures féminines tunisiennes et arabes, Mouna Noureddine, Dorra Zarrouk et Nadine Labki, ont formé le jury qui a attribué le prix du meilleur film en ex aequo à « Tengri-Blue Heavens » de la réalisatrice française Marie Jaoul De Poncheville et « Heiran » de la réalisatrice iranienne Shalizeh Arefpour. Le prix de la meilleure réalisation a été attribué à la réalisatrice coréenne So Yong Kim pour son film « Treeless Mountain » ou « la colline sans arbres ». le prix de la meilleure actrice a été remporté par Cataline Saavedra, actrice principale du film mexico-chilien « La Nana » et le prix du jury a étéaccordé au film « Stella » de la réalisatrice Sylvie Verhedyde.

Mouna Nourreddine, présidente du Jury, nous a expliqué que le choix était difficile surtout que les 20 films sont d’une très bonne qualité. Elle a ajouté que sa participation à cette 3ème édition était un énorme plaisir et un partage d’idées et de cultures entre des femmes cinéastes issues des 4 coins du monde. Mme Nourreddine, la grande dame du théâtre et du cinéma en Tunisie, nous a aussi confié son souhait de voir des films tunisiens dans de telles manifestations.

Effectivement, ce dernier point est extrêmement important car le Festival International du Film de Tunis n’a programmé aucun film tunisien. Le seul et unique film tunisien qui était prévu à la clôture, «La Berceuse» de Raja Amari, a été annulé subitement et sans explication de la part de l’organisation. (Sachant que le film « le temps qu’il reste » d’Elia Souleiman a aussi été annulé de la même façon). Autrement, notre Tunisie qui accueille bien le 7ème art par ses hôtels, son paysage magnifique et ses monuments, n’a pas pu jusqu’à lors, imposer sa production cinématographique même sur son propre terrain (c’est comme si la coupe d’Afrique du football se déroulait en Tunisie sans la participation de l’équipe nationale… Cela peut être considéré comme une catastrophe).

Revenons à la cérémonie de clôture. La soirée était fabuleusement chic, glamour et branchée. Tapis rouge, dîner arrosé, des starlettes à moitié bourrées… l’Acropolium a été rempli par les invités de Nicolas Brochet, directeur général du festival. Ami de la Tunisie, cet homme a voulu incarner par son festival « la richesse culturelle et le glamour » ainsi que la cause du cinéma et de la femme.

À l’encontre de ses bonnes intentions, les invités de M. Brochet n’étaient pas aussi impliqués que lui dans sa cause, au point que le palmarès a été déclaré au milieu d’une salle bouillante et devant un public qui, à plus de 90%, n’a rien vu des films couronnés. D’ailleurs, Marie Jaoul De Poncheville, a désespérément invité les présents à se taire, pour tenir son discours à propos de son prix, par respect au cinéma, raison d’être de cette soirée et de tout le festival. Mais son appel est resté sans réponse. Furieuse, elle a quitté le podium sans applaudissement ni le silence qu’elle a réclamé…

La nonchalance des présents a marqué toute la soirée. Finalement, on l’a bien compris, et comme nous l’a confirmé ma collègue Narjes dans son article « Festival International du Film de Tunis : un concept qui se cherche » « … Le cinéma se fait ailleurs. Au FIFT, on en parle peut-être mais surtout on le fête ! ».

   Henda

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