La traversée du Pakistan

Publié le 15 mars 2009 par Lemondedansuncanape
Ou
Les tribulations et rencontres aussi surprenantes qu’inattendues de nos deux comparses depuis le Punjab pakistanais aux confins du désert du Baloutchistan et de ses enclaves du Talibanistan.
Nous avons quitté nos deux amis sans attache après qu’ils eussent assisté à la plus grande fanfaronnade de cérémonie de clôture de frontière qu’il leur eut été donné de voir.
Nous les retrouvons quelques instants plus tard les yeux pleins d’uniformes à crête et les oreilles emplies de slogans patriotiques se mémorisant insidieusement vite.
Ils arrivent en terre de Lahore chez Tabrez le Sage. Son accueil est à la hauteur de sa réputation virtuelle et sa sagesse est celle du respect du message du Tout Puissant et de son prophète Mahomet qui fait référence en ce pays.
Tabrez le Sage, dans sa grande ouverture d’esprit, donne à messire Frédéric et dame Ariane, les premiers conseils de survie et les comportements de base à adopter afin de ne pas offusquer les moins lettrés de ses pairs ou les ceusses qui ont une lecture erronée et pervertie des Écritures.
En dépit de toute ruse, Frédéric le Curieux ne put jamais voir ou même apercevoir la femme de son généreux hôte. Ce privilège ne fut accordé qu’à dame Ariane la Douce qui de part son statut de femme fût autorisée à découvrir d’autres pièces que la chambre où nos amoureux dorment ainsi que la pièce réservée aux invités.

Tabrez le Sage informe nos deux amis errant que les recevoir sous son toit selon le Livre, est une bénédiction divine et qu’il est de son devoir de bon musulman que de les accueillir en sa demeure.
Enhardis par une telle nouvelle, nos comparses décidèrent d’aller bénir ailleurs. C’est ainsi que, toujours en terre de Lahore ils se retrouvèrent chez Amina l’Active.

Dame Amina est une des rares femmes en terre pakistanaise à avoir créé sa propre entreprise.
La jeune femme au voile couvrant, outre son activité professionnelle prît en main et activa la première le réseau virtuel de nobles âmes prêtes à accueillir les voyageurs fourbus par une longue et souvent périlleuse traversée.
C’est ainsi que Sir Frédéric et Dame Ariane se retrouvèrent confortablement installés au sein d’une demeure familiale fourmillant du résultat des plaisirs de la vie que peuvent s’octroyer les frères et sœurs vivant sous le même toit que Dame Amina l’Active.
Icelle-là même à qui le respect des émissaires et représentants officiels est dû car son implication dans le développement du réseau virtuel, permettant aux pauvres âmes que sont nos deux protagonistes de loger chez l’habitant, est tel qu’elle en est devenue madame l’ambassadeur national.
Voici un rôle qui lui va comme un bonbon au chocolat fourré à la noisette dans son papier d’aluminium doré.
Apprenant que nos deux protagonistes devaient se rendre le lendemain en une terre ancestrale nommée Multan l’Historique car considérée comme l’une des plus vieilles cités du monde, elle prît l’initiative de contacter Princesse Acqsa pour loger les deux voyageurs en son château.
N’ayant pas eu d’Acqsa l’assurance d’être hébergés en temps et en heure, nos deux héros dormirent dans une auberge ma foi de fort bon aloi dans la cité millénaire.
Par chance, ou extraordinaire coup du destin, un mage qui maitrisait la puissance des ondes avait séjourné en ce même lieu et avait laissé derrière lui des ondes de Ouifi.
La magie des ondes de Ouifi permit alors à Frédéric le Geek et dame Ariane reine de l’informatique, d’accéder depuis leur machine à lire les messages à leurs courriels éctroniques et de constater que Princesse Acqsa leur avait envoyé un pigeon voyageur numérique afin de les convier en sa demeure.
Un rendez-vous fût convenu et la rencontre se fît.
Dès le lendemain matin, un jeune homme fort bien mis de sa personne, autant que l’on puisse l’être en ces terres ; s’avérant être Prince Faiz, vint les chercher en leur vil auberge.
Il les conduisit à travers les rues de la cité antique sans que Frédéric l’Assoiffé Pictural ne pût graver une seule image sur la pellicule car ils se trouvèrent en pleine zone militaire ultra sécurisée.
Des barrières et de certainement valeureux combattants portants brassards MP régulaient l’entrée du quartier où résidaient le prince et la princesse en compagnie de leurs parents.
Halte aux manants.
Princesse Acqsa, jeune femme de vingt trois ans, rêvait de gloire et de célébrité. Qu’importe le moyen, seul la finalité comptait. Ayant légèrement conscience du décalage entre ses attentes et la réalité de son royaume et de la difficulté d’accéder à un tel accomplissement de soi, elle fît preuve de mille et une malices afin de se trouver devant l’objectif numérique de ses hôtes. Elle prît bien soin d’adopter les pauses les plus communes et moins naturelles possibles telles icelles que peuvent publier certain romans-photos fleur bleue.

Elle dormait dans une magnifique chambre avec une belle coiffeuse au miroir gigantesque à l’image de l’amour qu’elle se porte.
Son lit, assorti, en bois laqué blanc, symbolisant sa pureté se drapait fièrement d’un tissus à motifs hautement colorés représentant la belle et douce Cendrillon en tenue de bal.
Il semblât à nos deux sans logis que la princesse aimât à s’identifier à cette héroïne des temps passés qui a certainement vécu pour de vrai dans un royaume lointain. Cependant il lui eut été plus aisé de s’identifier à l’une des deux sœurs de l’histoire, la suite nous dira pourquoi.
Le prince était un jeune homme d’une vingtaine d’années, suivant des études de droit comme le fît Père auparavant.
C’était un garçon curieux de tout, posant d’incessantes questions de la plus saugrenue à la plus pertinente, essentiellement sur ses voisins méconnus indiens ou sur la contrée des ses hôtes, l’empire Franc.
Le prince logeait dans une grande chambre aux gros meubles de bois sculptés et dorés à la main. Attenant à ses appartements se trouvait une salle de bain si grande qu’elle tenait plus de la piscine municipale que de la salle d’ablutions.
Vivait dans la maison la reine mère. Femme discrète et oisive passant l’essentiel de ses journées auprès de la princesse et son temps libre au téléphone avec des agences spécialisées chargées de trouver le prince charmant pour sa progéniture.
Hormis les mélodrames télévisuels et des séries de siestes quotidiennes son seul plaisir était de se faire masser les pieds jours et nuits par la rieuse Nadia.
Nadia est l’une des deux enfants vivant sous la protection du seigneur.
L’autre dont le prénom échappe à votre narrateur marchait sur les pas de la princesse mais développait un trait de caractère qui faisait d’elle un petit être insupportable.
Elle avait précédemment connu malheur par la perte de ses géniteurs et sœur du maitre des lieux, qui par grandeur d’âme l’avait accueilli sous sont toit et la considérait comme sa fille, lui octroyant par conséquent un statut idoine à la princesse.
Ce faisant elle considérait comme normal que tout lui soit dû, donnant aisément ordres et directives aux uns et aux autres.
Pis que tous ses travers réunis, elle ne cessait de parler avec une voix si haut perchée et stridente qu’elle vous en faisait saigner les oreilles.
Le roi, souvent absent mais sage avait également recueilli Nadia la Danseuse, ainsi nommée car elle aimait à tourner sur elle-même.
L’histoire de cette petite commence par la perte de son père. Sa mère, dans le besoin, se remaria. Son beau-père, toxicomane, tenta de tuer la petite Nadia.
Pour la sauver des pulsions meurtrières de son beau-père sa mère avait dû faire un choix. Ou l’abandonner dans les bois avec le risque que la petite sème des cailloux et retrouve le chemin du cocon familial, ou la céder à un seigneur local pour qu’il s’occupe d’elle.
Elle fît le second choix.
Mais par ironie du sort, ce ne fût par le seigneur qui s’occupa d’elle, mais elle qui s’occupa de la famille du seigneur.
Contrairement à la petite peste anonyme précédemment présentée, Nadia était calme et rieuse.
Elle n’allait pas à l’école et du haut de ses sept ans devait s’occuper de mettre la table, la débarrasser, faire la vaisselle, nettoyer, déplacer des chaises plus grandes qu’elle, masser à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit les gros pieds de la reine ou servir de poupée souffre douleur à la jeune peste.
Étonnamment, rien n’entamait jamais la bonne humeur de la petite fille à l’unique pyjama rose sale.
Voici ce que purent observer nos deux amoureux errant dans ce domaine où ils furent reçus et demeurèrent tels des hôtes de marque.
Mais le temps presse et nos deux aventuriers se devaient de partir à nouveau et s’engageaient alors dans le train pour Quetta, non sans quelques appréhensions.
Nombreux été ceusses qui ont tenté de les en dissuader.
D’aucun disent que là-bas c’est dangereux. C’est le désert et le territoire des tribus. Ce sont elles qui font la loi et le gouvernement ne maîtrise pas les lieux. Attention, certaines régions ne sont plus au Pakistan mais au Talibanistan.
Mais rien ne saurait remettre en question la détermination de nos deux valeureux voyageurs qui s‘embarquèrent vaillamment dans la grande diligence ferrée.