La traduction est une histoire d'amour

Par Vanessav
Celui-ci à la couleur rousse d’un été indien au Québec : et oui la teinte de cheveux de l’héroïne irlandaise, ses tâches de rousseur, me rappellent un paysage…

*source photo
« La traduction est une histoire d’amour » de Jacques POULIN est un petit roman bien délicat.
Nous suivons un moment de vie entre un écrivain, sa traductrice et une nature québécoise toujours préservée. Un nouveau venu arrive, un jeune chat noir. Un message est caché dans son collier. Interloqués par le malaise présent entre les lignes du billet, les deux amoureux des mots, amis intimes, vont aller à la recherche de sa propriétaire. Lily en parle bien mieux que moi ici .
Cette prêteuse de livres m’avait attirée vers cette lecture parl’amour des mots, j’ai été comme lovée et séduite à toutes les pages : une chaise berceuse devient chaise berçante « pour certains mots chargés d’émotivité, je fais une entorse aux recommandations du Petit robert. » ou pour reprendre une des phrase que nous livre aussi Lily : « Il n’avait plus d’amis, c’est ce qui arrive quand vous vivez dans un monde imaginaire »
Mais le mieux reste encore avec cet auteur, qui m’était jusque là inconnu, ce pollen des mots et des touches de pensées pris ici et là à travers l’intrigue:

« Sur quoi donc devait se baser le roman contemporain¸ demandait l’interviewer. Sur les ressources infinies du langage ! répondait monsieur Waterman d’une voix exaltée. Et il lançait dans une longue tirade qui faisait l’éloge de la langue et se terminait par une citation qu’il eut beaucoup de mal à retrouver dans son carnet de notes tout sale et couvert de ratures : « Car bien souvent les exilés n’emportent pas de terre aux semelles de leurs souliers ; ils n’emportent rien d’autre qu’un nuage de poussière dorée et dansante qui nimbera tous les êtres, toutes les choses, tous les paysages sur lesquels se poseront leurs regards, s’attarderont leurs caresses ; et ce poudroiement infime, impalpable, fait de cendres mortes et de pollen fécond, s’appelle la langue. »
Il précisa que ce texte était de Sylvie Durastanti, et je fus heureuse d’apprendre qu’il s’agissait d’une traductrice. Du même souffle, il citait la fameuse phrase de Heidegger : « Le langage est la maison de l’être. » »