L'affaire Polanski dans la presse suisse

Publié le 01 octobre 2009 par Sylvainrakotoarison

(dépêches)
http://www.24heures.ch/actu/suisse/polanski-affaire-passions-2009-09-28
Polanski, l’affaire de toutes les passions
ARRESTATION | En France et en Suisse, des personnalités s’indignent de l’interpellation du réalisateur, samedi à Zurich. Tandis que la majorité de nos lecteurs jugent la démarche légitime, les soupçons de guet-apens pèsent sur notre pays, le cinéaste ayant été invité officiellement.
© MICHEL EULER/AP | Roman Polanski vient de passer sa troisième nuit dans une geôle zurichoise. Hier, il s’est opposé à la demande d’extradition vers les Etats-Unis. A Gstaad, où le citoyen franco-polonais possède un chalet, l’émotion est vive.
  
Liens en relation avec l'article :
Les habitants de Gstaad, tristes et déçus, soutiennent leur résident
Wikipédia bloque la page Polanski
Interview Express de Christophe Piguet, avocat
Éditorial de 24 Heures
Le dessin de Burki
Martine Clerc (collaboration Elisabeth Nicoud, Zurich) | 29.09.2009 | 00:05
Traquenard policier, arrestation illégale, lynchage médiatique. La stupéfiante arrestation samedi soir à Zurich du cinéaste franco-polonais Roman Polanski, 76 ans, a provoqué un tollé et la mobilisation hier de tout le gratin du cinéma mondial. Les gouvernements français et polonais ont eux aussi exigé la libération du réalisateur du Bal des Vampires , venu en Suisse pour recevoir un hommage du tout jeune Festival du film de Zurich, qui accède subitement à une notoriété internationale.
Et pourtant, hier soir, le célèbre cinéaste s’apprêtait à passer sa troisième nuit en prison. Il refuse d’être extradé aux Etats-Unis, a fait savoir son avocat. La justice américaine le recherche pour un délit sexuel contre une adolescente de 13 ans, remontant à 1977. Roman Polanski avait purgé 47 jours de prison et plaidé coupable avant de fuir la justice américaine, qui menaçait d’alourdir sa peine, pour s’établir en France.
Samedi, c’est ainsi munie d’un mandat d’arrêt international que la police zurichoise a arrêté le fugitif, la Suisse étant liée par un traité d’extradition avec les Etats-Unis, où les faits qui sont reprochés au cinéaste ne sont pas prescrits. La demande formelle d’extradition ne devrait pas tarder. Le procureur de Los Angeles a annoncé hier qu’il agira dans le délai imparti de quarante jours.
En attendant, Roman Polanski reste détenu en Suisse dans un lieu que le Département fédéral de justice et police (DFJP) refuse de confirmer, pour des raisons de sécurité. L’épouse du réalisateur, l’actrice française Emmanuelle Seigner, ainsi que son avocat français, Me Hervé Temime, ont rendu hier visite au prisonnier, a priori dans un pénitencier zurichois. De même que le consul de France à Zurich. Selon Jean-Luc Fauré-Tournaire, Roman Polanski «est bien traité, et remercie les nombreuses personnes qui lui témoignent leur soutien». Les membres du jury international du festival de Zurich, arborant un badge rouge «Free Polanski», ont eux aussi condamné l’arrestation.
Le cinéaste peut-il espérer recouvrer la liberté, au moins provisoirement? C’est la demande que va déposer Me Hervé Temime. La liberté sous caution «n’est pas exclue», mais elle est accordée «très très rarement», indique Guido Balmer, porte-parole du DFJP. Si elle était prononcée, elle pourrait être liée à un assignement à résidence dans le chalet de Roman Polanski à Gstaad.
Car, et c’est ce qui étonne l’opinion, le réalisateur est un habitué de la station bernoise et de la Suisse (lire ci-contre en page 3) . Que faisait la police lors de ses précédentes visites? Les autorités suisses en avaient eu connaissance trop tard pour agir à temps, a expliqué Eveline Widmer-Schlumpf.
Pour l’heure, le Conseil fédéral fait bloc. Micheline Calmy-Rey, ministre des Affaires étrangères, a été contactée hier par son homologue français Bernard Kouchner, qui demande des explications. De son côté, la conseillère fédérale Doris Leuthard, en déplacement à Paris, a elle aussi justifié l’arrestation du cinéaste en soulignant que la Suisse n’a pas d’autre choix que d’appliquer les mandats d’arrêt internationaux.
«Pas de justice de classes»
De nombreux parlementaires abondent dans ce sens. Pour Christian Luscher (PLR/GE), «la Suisse passe, avec cette interpellation, pour un pays respectueux de ses engagements internationaux et qui n’applique pas une justice de classes». Carlo Sommaruga (PS/GE) ne dit pas autre chose. Pour lui, la situation de Polanski est toutefois un exemple des excès que provoque l’imprescriptibilité des crimes pédophiles, que le peuple suisse a lui aussi «hélas» accepté.
Yves Nidegger (UDC/GE) nie tout zèle des forces de l’ordre. «Lors de l’arrestation d’Hannibal Khadafi, la police avait agi de façon disproportionnée. Rien de tel cette fois. Les artistes ne sont pas au-dessus des lois.»
D’autres élus, dont Géraldine Savary (PS/VD) ou le sénateur Dick Marty (PLR/TI), expriment au contraire leur incompréhension et déplorent les dégâts en termes d’image d’une telle arrestation. «Les autorités suisses ont fait preuve de faiblesse et de servilité» vis-à-vis des Etats-Unis, conclut pour sa part l’avocat Marc Bonnant. Selon nos informations, le Genevois aurait d’ailleurs été approché pour devenir le défenseur de Polanski en Suisse.
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Une arrestation programmée
Au sein de la Berne fédérale, c’est tout juste si on ne reproche pas aux organisateurs du Festival du film de Zurich d’avoir fait trop de publicité autour de la venue de Roman Polanski. «Si les Etats-Unis n’avaient pas appris qu’il planifiait un voyage en Suisse, ils n’auraient pas renouvelé, jeudi dernier, leur mandat d’arrêt», soulignent plusieurs voix.
L’office des procureurs de Los Angeles, qui recherche activement le réalisateur, renouvelle ce type de mandat chaque fois qu’il a vent d’un déplacement du Franco-Polonais dans un pays qui a signé un accord d’entraide judiciaire avec les Etats-Unis. Si, jusqu’ici, Roman Polanski est venu à diverses reprises en Suisse, «il l’a toujours fait discrètement», note-t-on à Berne. Certes, lors d’une récente visite au Montreux Jazz Festival, le cinéaste avait renoncé à la dernière minute à des interviews promises aux médias suisses. Sans doute pour ne pas trop se faire remarquer. Toutefois, ses escapades annuelles à Gstaad, où il a un chalet, ont souvent été commentées par la presse people, sans qu’il ne soit inquiété.
Or, la police de Los Angeles a su la semaine dernière que le cinéaste allait quitter la France pour rejoindre Zurich, a déclaré Jeff Carter, porte-parole des U.S. Marshals, et a donc actualisé, via Interpol, son mandat d’arrêt. Le Département fédéral de justice et police a reçu un avis le jour même. Et, selon nos informations, la cheffe de ce département, Eveline Widmer-Schlumpf, a été prévenue vendredi, soit la veille de l’arrivée de Roman Polanski.
D’un simple point de vue juridique, elle ne pouvait que prendre acte de l’arrestation programmée. Toutefois, un diplomate confirme qu’il est déjà arrivé, lorsqu’un ressortissant étranger était sous le coup d’un mandat d’arrêt en vertu de l’entraide judiciaire, qu’on lui déconseille de venir en Suisse, ou qu’on ne l’invite pas. Surtout lorsqu’il s’agit de «personnalités publiques, d’élus ou de hauts représentants d’Etat».
Cela aurait-il été envisageable pour Roman Polanski? Afin d’évaluer la situation, il eût fallu que le Département fédéral des affaires étrangères en soit informé, pour éviter, par exemple via des canaux diplomatiques, la venue du cinéaste, qui aurait pu prétexter une simple grippe pour justifier une défection de dernière minute au Festival du film de Zurich. Or, au DFAE, on assure n’avoir appris l’existence du mandat d’arrêt qu’après l’arrivée de Roman Polanski…
Ron Hochuli
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Los Angeles affiche sa satisfaction, Paris s’offusque
ÉTATS-UNIS L’arrestation de Roman Polanski samedi en Suisse a réjoui le procureur de Los Angeles, mais soulève des questions sur le coût de son initiative à l’heure où la Californie est au bord de la faillite.
Steve Cooley a de la suite dans les idées. L’infatigable procureur du comté de Los Angeles s’était juré d’obtenir la capture de Roman Polanski et il se félicite d’y être parvenu. «Il (ndlr: Roman Polanski) a essayé de résoudre l’affaire à sa manière, mais elle va l’être selon les règles établies par le comté de Los Angeles, a déclaré ce fils d’un agent du FBI au Daily Telegraph. La justice va enfin pouvoir être rendue.»
Contactée par 24 heures, Jane Robison, porte-parole du procureur de Los Angeles, a indiqué que le procureur avait collaboré la semaine dernière avec le Département américain de la Justice pour faire parvenir à la Suisse un mandat d’arrêt contre Roman Polanski. «Nous avons découvert que M. Polanski se rendrait à Zurich pour participer à un Festival du film, explique-t-elle. Nous avons aussitôt préparé les papiers.»
La démarche de Steve Cooley n’a pas convaincu tout le monde aux Etats-Unis. Un article du Los Angeles Times estime que le cas Polanski est une «priorité bizarre» pour un procureur qui s’est fait connaître par son bras de fer avec le Mexique pour obtenir l’extradition de prévenus condamnés pour meurtre à la prison à vie aux Etats-Unis. L’éditorialiste du Los Angeles Times rappelle que trois juges fédéraux ont récemment ordonné à la Californie de libérer 40 000 détenus en raison de la surpopulation dans les prisons de l’Etat. D’autre part, Samantha Geimer (photo), la victime dans l’affaire Polanski, a depuis pardonné au cinéaste français et a demandé en début d’année l’abandon des poursuites contre lui.
Ces éléments ne perturbent apparemment pas le procureur. Son équipe est en train de préparer les papiers pour demander l’extradition de Roman Polanski dans les 40 jours. «M. Polanski est toujours considéré comme un fugitif depuis qu’il n’a pas comparu devant un juge en 1978, conclut Jane Robison. Il va devoir se présenter.» Dans un communiqué, Chad Hummel et Douglas Dalton, les avocats américains du réalisateur, ont pour leur part indiqué n’être pas au courant d’une procédure d’extradition visant leur client.
Jean-Cosme Delaloye, New-York
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Polanski piégé?
Une question préoccupe d’ores et déjà certains juristes. Peut-on considérer qu’il y a eu guet-apens et que l’arrestation est illicite? Pour étayer cette thèse, les spécialistes argumentent que Jean-Frédéric Jauslin devait prononcer au Festival du film de Zurich le laudatio pour Roman Polanski, en sa qualité de directeur de l’Office fédéral de la culture (OFC) et donc de représentant de l’Etat. Dès lors, il serait possible d’affirmer que la Suisse a elle-même invité le cinéaste, ou à tout le moins cautionné sa venue. Comment dès lors qualifier son interpellation?
Lors de précédents – où une personnalité avait été invitée par un pays pour mieux se faire «pincer» –, l’arrestation avait été jugée illicite, au motif du guet-apens. Toutefois, dans le cas de Roman Polanski, on peut imaginer que le Département fédéral de justice et police (DFJP) et sa cheffe Eveline Widmer-Schlumpf ignoraient l’implication de l’OFC dans la venue du Franco-Polonais. Quant à l’OFC, il ignorait selon toute vraisemblance l’existence d’un mandat d’arrêt contre le réalisateur. Des circonstances atténuantes valables?
http://www.24heures.ch/actu/divers/suisse-reitere-erreurs-2009-09-28
Quand la Suisse réitère ses erreurs
Opinion | Éditorial de 24 Heures
Corinne Feuz | 29.09.2009 | 00:01
Juillet 2008-septembre 2009, quatorze mois se sont écoulés depuis l’arrestation puis l’inculpation d’Hannibal Kadhafi à Genève. Largement le temps de tirer les enseignements des erreurs diplomatiques passées. Et pourtant, à en juger par l’arrestation de Roman Polanski samedi à Zurich, la Suisse n’a rien appris. Oui, Roman Polanski a commis des actes sexuels voilà plus de trente ans sur la jeune Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans. Actes pour lesquels il avait d’ailleurs alors plaidé coupable et effectué quarante-sept jours de prison. Avant de s’expatrier en Europe, menacé qu’il était par le juge en charge du dossier de se voir renvoyé derrière les verrous.
Il ne s’agit pas là de nier les actes commis, ni de remettre en question l’imprescriptibilité des crimes pédophiles et encore moins de plaider pour l’impunité des personnalités. Mais ne faisons pas du cas Polanski un symbole du juridisme bureaucratique, alors que sa victime d’alors est son premier défenseur. Aujourd’hui âgée de 45 ans, Samantha Geimer réclame le droit à l’oubli, affirmant que cela fait longtemps qu’elle a tourné la page.
Si, sur le plan juridique, la Suisse n’avait probablement pas d’autre choix que de coopérer avec les Etats-Unis, sur le plan politique, elle en avait un. Elle aurait pu faire preuve de davantage de finesse. Et attirer l’attention du cinéaste avant sa venue, cette fois attendue, sur le risque qu’il encourait s’il venait à Zurich recevoir son prix. Une nouvelle fois, l’absence de communication entre les instances dirigeantes aura au moins plongé la Suisse au cœur de la tourmente. Au pire, elle éveille des soupçons de piège susceptibles de déclencher une véritable affaire d’Etat.
 
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Par tatch le 29.09.2009 - 10:14
les faits reprochés à Polansky sont indéniables. Cependant, invite t'on qq'un chez soi pour lui tendre un piège et l'arrêter à son arrivée ?
Beau comportement des bouffons de Berne qui ont trouvé là un moyen de faire parler à nouveau de nous et de ridiculiser notre pays.
Cela rappelle les méthodes de la Gestapo.Merz dans la peau de Mengele, Widmer-Schlumpf, dans celle de la chienne de Buchenwald et l'inneffable Calmy Rey dans celle de la sublime Eva Braun, celle qui rase plus près..
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Par Roland le 29.09.2009 - 01:06
J'espère que 24 heures soutiendra avec la même énergie la prochaine personne inculpée pour abus sexuel. Je me réjouis de lire un futur éditorial stigmatisant le "juridisme" helvétique concernant l'inculpation pour abus sexuel touchant un agriculteur ou un fonctionnaire. Ce changement de point de vue est certain, non ? parce que je ne pense pas que le journal soutienne que finalement il devrait y avoir deux justices: l'une pour Monsieur tout le monde et l'autre pour quelques people bien nés ou dans l'air du temps. Si ? Ha bon.
http://www.24heures.ch/node/118121
«Si j’étais son avocat, je lui dirais de se rendre aux Etats-Unis»
INTERVIEW | Interview express de Christophe Piguet, avocat.
© CHRISTIAN BONZON | Christophe Piguet
R. H. | 29.09.2009 | 00:04
L’avocat lausannois Christophe Piguet, spécialiste de l’entraide judiciaire, livre une analyse critique de l’arrestation.
– L’arrestation du réalisateur est-elle normale?
– D’un point de vue juridique, la Suisse n’avait pas le choix. Elle devait respecter le Traité d’extradition conclu avec les Etats-Unis. En vertu du mandat d’arrêt international délivré contre M. Polanski, elle avait l’obligation de l’arrêter dès le moment où il posait les pieds en Suisse. Reste une question politique: pourquoi le réalisateur est-il venu? S’il est exact que l’Office fédéral de la culture était informé de la venue de M. Polanski, c’est bien regrettable, même si j’imagine que cet office ignorait l’existence d’un mandat d’arrêt et n’a pas eu l’intention de lui tendre un guet-apens. Bref, la Suisse a mis les pieds dans le plat.
– Vous comprenez donc l’indignation de la France?
– Non, bien au contraire. Si je peux comprendre l’incrédulité de M. Polanski, je trouve que la France ne manque pas de souffle en reprochant à la Suisse de n’avoir rien fait d’autre que de respecter ses engagements internationaux. Mais il est vrai que la France n’a elle-même pas toujours la même rigueur avec ses propres obligations en matière de droit international.
– Les avocats de M. Polanski réclament sa libération. Ont-ils des chances de l’obtenir?
– Si j’étais son avocat, je lui conseillerais d’accepter son extradition, de partir immédiatement pour les Etats-Unis et de se soumettre à un plea bargain, soit une peine qui tienne compte de l’ensemble des circonstances, en particulier du pardon de la victime et du temps qui s’est écoulé. On pourrait imaginer qu’une peine serait prononcée sous forme de travail d’intérêt général. Quant à une libération, même sous caution, elle me paraît exclue. Elle ne pourrait se faire qu’avec l’aval des Etats-Unis. En outre, en matière de libération provisoire, la pratique en Suisse est très restrictive, surtout lors de détentions extraditionnelles.
– Qu’en est-il des chances d’un recours contre son extradition?
– Si l’extradition de M. Polanski est prononcée, il peut recourir auprès du Tribunal pénal fédéral de Bellinzone, en soutenant, par exemple, que trente-deux ans après les faits, la peine est prescrite au regard du droit suisse (si le crime de pédophilie est aujourd’hui imprescriptible en Suisse, cela ne s’applique pas aux délits anciens). Cependant, il n’est pas sûr que l’argument tienne la route. Car l’extradition doit être ordonnée en fonction du droit américain. Si son recours est rejeté, M. Polanski pourra encore s’adresser au Tribunal fédéral, à Lausanne. Mais, si vous me permettez l’expression, les carottes seront probablement cuites à ce moment-là.
http://letemps.ch/Page/Uuid/5e2e8cd2-ac6e-11de-bf71-a0e943372248/Affaire_Polanski_la_Suisse_trop_z%C3%A9l%C3%A9e
http://letemps.ch/Facet/print/Uuid/5e2e8cd2-ac6e-11de-bf71-a0e943372248/Affaire_Polanski_la_Suisse_trop_zélée
justice mardi29 septembre 2009
Affaire Polanski: la Suisse trop zélée?
Par Fati Mansour
La marge de manœuvre de la Suisse pour ne pas arrêter le cinéaste Roman Polanski était étroite. L’esprit légaliste de l’Office fédéral de la justice ne portait pas ses responsables à imaginer une diversion qui aurait signifié que la Suisse manquait à ses devoirs envers les Etats-Unis
Une Suisse trop bonne élève, trop bureaucratique, trop zélée? L’arrestation du cinéaste Roman Polanski à son arrivée à Zurich samedi – sur demande des autorités américaines et pour des abus commis il y a une trentaine d’années sur une mineure de 13 ans – continue de susciter des réactions enflammées. Le feuilleton va sans doute se poursuivre,
Il y a ceux qui pensent que l’égalité devant la loi et le respect des traités internationaux passent avant toute autre considération. Ceux qui estiment que l’ancienneté des faits et la grandeur du personnage méritaient qu’on ferme les yeux sur des infractions que la société considère par ailleurs comme graves. Ceux enfin qui trouvent que le pays aurait pu s’éviter une nouvelle brouille en dissuadant cet invité encombrant de venir. Que pouvait faire la Suisse? Inventaire des scénarios.
La persuasion
La première option qu’avait Berne en recevant la requête d’extradition aurait été la persuasion. En d’autres termes, convaincre les Etats-Unis de ne pas insister car l’arrestation de Polanski à l’occasion de la célébration de son talent a quelque chose d’inélégant et peut donner l’impression que la Suisse lui a tendu un piège.
De telles discussions informelles sont envisageables et relèvent du pouvoir d’appréciation quant à l’opportunité de lancer la lourde machine judiciaire. L’extradition reste un acte de gouvernement même si cette souveraineté est appréciée de façon toujours plus restrictive et que le feu vert des autorités judiciaires devient primordial dans les procédures.
«Les deux administrations collaborent étroitement et, dans ce contexte, il était sans doute possible, si on l’avait souhaité, d’expliquer aux Etats-Unis que collaborer dans ce cas précis entraînerait beaucoup d’ennuis que la Suisse était peu désireuse d’affronter», souligne l’avocat genevois Philippe Neyroud. Une marge que ce dernier qualifie de «très très étroite» et dont on ne sait même pas si elle a été exploitée. La correspondance entre les Etats – qui devra se trouver au dossier d’extradition – ne dévoile en général pas tous ces détails.
­L’indiscrétion
Un autre moyen de s’éviter cette tourmente aurait été de prévenir discrètement les autorités françaises ou, plus subtil encore, de s’enquérir auprès d’elles du statut exact de Roman Polanski avant sa venue. Cela aurait permis à l’intéressé – qui se sait recherché – de comprendre que la Suisse est prête à exécuter un mandat d’extradition.
«Je doute que ce genre de manœuvre proactive fasse partie du style de l’Office fédéral de la justice qui a une conception très légaliste de son rôle et de sa collaboration avec les autorités étrangères», explique Paul Gully-Hart, avocat et spécialiste de l’entraide internationale.
Et ce dernier d’ajouter: «Chacun doit assumer ses propres responsabilités. Demander à l’autorité suisse d’avertir une personnalité recherchée reviendrait à inverser les rôles. Il appartenait à Roman Polanski lui-même de se renseigner sur le risque encouru.» De plus, une telle démarche de la Suisse, si elle venait à s’ébruiter, n’aurait pas manqué de susciter une autre polémique.
De son côté, Guido Balmer, porte-parole du Département fédéral de justice et police, parle d’hypothèses inimaginables: «Il n’y a pas de place pour la politique dans un tel cas.» Et précise que la ministre Eveline Widmer-Schlumpf a été informée la veille au soir de l’imminence de cette arrestation «un peu spéciale».
La collaboration
Le dernier scénario – celui qui s’est assez logiquement réalisé – revenait à collaborer sans chercher à contourner les règles en fonction de la qualité de la personne visée. «Les Etats-Unis ont présenté à la Suisse de nombreuses demandes d’entraide judiciaire et d’extradition et très peu d’entre elles sont rejetées. En général, les autorités américaines sont sûres de leur fait et le traité qui nous lie à ce pays est très rigide. C’est l’un des seuls, avec l’Allemagne, qui prévoit notamment que le délai de prescription à prendre en considération est celui de l’Etat requérant», relève Me Gully-Hart.
Une fois que les Etats-Unis ont requis et planifié cette arrestation, la Suisse pouvait difficilement laisser entrer Roman Polanski sans intervenir. Sans sous-estimer la créativité dont les avocats du cinéaste sauront faire preuve, les arguments pour s’opposer à cette extradition sont ténus. On peut songer que celui du trouble à l’ordre public – qui n’est d’ailleurs pas prévu par ce traité – pourrait être avancé par les avocats du cinéaste.
Un argument qui s’applique à des situations très rares où la personne concernée a été attirée par la force ou la ruse pour ensuite être livrée à un autre Etat. Cette mauvaise foi n’avait d’ailleurs pas été retenue dans l’affaire Adamov, du nom de l’ancien ministre russe de l’Energie atomique, arrêté dans des circonstances bien plus troubles alors qu’un juge bernois l’avait convoqué comme témoin tout en dénonçant sa présence aux autorités américaines. Cet aspect du dossier est encore pendant à Strasbourg.
http://www.laliberte.ch/?contenu=article&article=474490
L'ARRESTATION DE ROMAN POLANSKI DIVISE LA SUISSE EN DEUX CAMPS
EXTRADITION • Fallait-il cueillir Roman Polanski, 76 ans, à  sa descente d'avion samedi à  Zurich? Et, surtout, la Suisse doit-elle le livrer à  la justice américaine? L'affaire, qui concerne un rapport sexuel que le cinéaste franco-polonais a eu en 1977 avec une adolescente de 13 ans, divise l'opinion en Suisse. Les intellectuels et artistes participant au Festival du film de Zurich, où Polanski était attendu pour recevoir un prix, crient leur indignation. De même la fondatrice de l'association Marche blanche, Christine Bussat, qui parle d'«imbécillité». Au parlement, les avis sont nettement plus partagés.
CHRISTIANE IMSAND
(photo Keystone)
La vague de réactions négatives suscitées par l'arrestation samedi à  Zurich de Roman Polanski, 76 ans, restera sans effet: l'affaire est désormais du ressort de la justice. Le cinéaste franco-polonais, qui refuse d'être extradé, dispose d'un délai de dix jours pour déposer un recours auprès du Tribunal pénal fédéral. De leur côté, les Etats-Unis ont 60 jours pour déposer une demande d'extradition définitive.Le Département fédéral de justice et police (DFJP) dément toute pression politique. La police se serait contentée de donner suite à  un mandat d'arrêt international, conforme au traité d'extradition conclu avec les Etats-Unis.
Deux conditions remplies
«L'extradition dépend de deux critères, explique le porte-parole du DFJP, Guido Balmer. Il faut d'une part que les faits reprochés à  la personne incriminée soient reconnus comme un délit dans les deux Etats, d'autre part que ce délit ne soit pas prescrit dans l'Etat requérant.» Ces deux conditions sont remplies. Le rapport sexuel que Roman Polanski a eu en 1977 avec une adolescente de 13 ans est punissable en Suisse comme aux Etats-Unis. Et pour ceux-ci, il s'agit d'un délit imprescriptible.Berne rejette par ailleurs le reproche selon lequel la Suisse aurait mis plus de 30 ans avant de réagir. «Les faits remontent certes à  1977, mais c'est seulement fin 2005 que les Etats-Unis ont émis un mandat d'arrêt international valable dans le monde entier», souligne Guido Balmer. Ensuite, tout était question d'opportunité. «Même si M. Polanski possède un chalet à  Gstaad, la police n'est pas forcément au courant de sa présence. Par contre, on savait qu'il était attendu à  Zurich pour recevoir un prix.»
Couchepin sème le doute
Le conseiller fédéral Pascal Couchepin a créé une certaine confusion, dimanche soir, en faisant un lien entre la procédure d'extradition et l'adoption par le peuple, il y a une année, de l'initiative «pour l'imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine». Le raccourci était trop rapide car le lien existe peut-être sur le plan politique, mais pas sur le plan juridique. «Le traité d'extradition conclu avec les Etats-Unis est clair, note Guido Balmer. Il suffit que le délit ne soit pas prescrit dans l'Etat du requérant. Peu importe la règle qui s'applique en Suisse.»
Berne rejette le reproche d'avoir trop tardé
Il n'en reste pas moins que la nouvelle norme constitutionnelle adoptée le 30 novembre 2008 met la Suisse sur plan d'égalité avec les Etats-Unis. En lieu et place du délai de prescription de 15 ans qui s'appliquait jusqu'ici, elle a rendu imprescriptibles «les actes punissables d'ordre sexuel ou pornographique commis sur un enfant impubère».Le DFJP travaille actuellement sur un avant-projet de loi d'application. Les initiants sont déjà  parvenus à  un accord avec les juristes du DFJP pour préciser la notion d'enfant impubère. Toutes les victimes de moins de 16 ans pourront se prévaloir de l'imprescriptibilité. Par contre, les initiants n'ont pas réussi à  convaincre Eveline Widmer-Schlumpf que la nouvelle règle devait s'appliquer rétroactivement. Cela signifie que seuls les cas survenus après le scrutin seront imprescriptibles.
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À LIRE ENCORE DANS NOTRE ÉDITION COKMPLÈTE:
> Bio express
> Le cinéaste possède un chalet à Gstaad
> «Trop de traités, trop peu d'amis»
> Il s'oppose à son extradition
> L'indignation prévaut chez les artistes
> Un DVD révélateur
> HUMEUR: Des «moeurs» à la pédophilie
http://www.laliberte.ch/images/presse/2009-09-29.jpg
http://www.lematin.ch/actu/suisse/affaire-polanski-suisse-allume-meche-171745
DÉBAT
Affaire Polanski: la Suisse a allumé la mèche
 
Image © Keystone
A Zurich, le monde du cinéma a manifesté pour demander la libération de Roman Polanski.
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La version officielle dit que les Etats-Unis ont sonné le tocsin pour arrêter le cinéaste à Zurich. Notre enquête démontre que c'est l'inverse qui s'est passé. Tout serait parti d'une bête demande de protection policière en faveur de la vedette!
Ludovic Rocchi et Fabian Muhieddine - le 28 septembre 2009, 22h51
Le Matin
90 commentaires
Roman Polanski aurait été arrêté en Suisse sur ordre des Etats-Unis. Voilà comment l'affaire est présentée officiellement depuis dimanche. Le problème, c'est que cette version ne tient pas vraiment debout. Tout d'abord, les Etats-Unis n'ont jamais fait de Polanski une priorité et la Suisse non plus, les allers et retours du cinéaste dans son chalet à Gstaad sont là pour le prouver.
Alors quoi? Comment en est-on arrivé à cette polémique qui prend une dimension quasi planétaire? Notre enquête tant à Berne qu'à Zurich apporte une réponse presque décevante, tellement elle démontre qu'il n'y a eu ni grand complot ni grand deal politique.
Voilà comment: en invitant Polanski pour un hommage au Festival du film de Zurich, il a fallu se soucier de sa sécurité en tant que vedette internationale. Et, selon nos informations, c'est une demande de protection auprès de la police qui aurait tout déclenché! En prenant des renseignements sur le cinéaste, des fonctionnaires de police ont découvert sur Interpol qu'un mandat d'arrêt international courait contre lui pour un ancien délit pédophile aux Etats-Unis.
Dès ce moment, on imagine aisément l'enchaînement. Les policiers zurichois ont appelé l'Office fédéral de la justice pour savoir que faire. Et Berne a bien dû se renseigner à son tour aux Etats-Unis pour savoir exactement comment traiter un mandat datant de 2005. Et l'engrenage administrativo-judiciaire s'est mis en route entre les deux pays sans plus s'arrêter.
«No comment»
Pour se couvrir, Berne a obtenu mercredi dernier une demande officielle d'arrestation des Américains. C'est le seul élément de l'affaire que le Département fédéral de justice et police (DFJP) acceptait hier de confirmer. Mais nos questions sur les origines de l'arrestation sont restées sans réponse. Même silence auprès du Parquet de Los Angeles, dont une porte-parole affiche un «no comment» à la question de savoir qui a appelé qui en premier entre la Suisse et les Etats-Unis. Enfin, la police cantonale zurichoise fait savoir qu'elle a reçu l'ordre de Berne de ne plus rien dire.
Porte-parole du Festival de Zurich, Jürg Wildberger est à peine plus bavard. Il affirme ne pouvoir donner aucun détail sur les opérations de la police. Mais il précise tout de même que «ce n'est pas la police mais une société de sécurité privée qui est chargée de veiller sur les hôtes du festival». Une manière de dégager la responsabilité directe du festival sur ce qui est arrivé à Polanski à sa descente d'avion samedi soir à Kloten.
Au final, la question de savoir s'il fallait laisser se refermer le piège sur le cinéaste est de toute manière politique. Et il semble bien qu'Eveline Widmer-Schlumpf ait pris seule cette responsabilité à la tête du DFJP. Avertie vendredi soir du projet d'arrestation de Polanski, comme le confirme son porte-parole Guido Balmer, elle n'en aurait pas parlé à sa collègue des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey. Pour éviter un coup de fil diplomatique et préventif à Paris? Sans doute.
Quant au ministre de la Culture, Pascal Couchepin, il n'a visiblement pas non plus été mis au parfum. Sinon, le chef de l'Office fédéral de la culture, Frédéric Jauslin, n'aurait pas encore peaufiné le discours d'hommage qu'il devait rendre à Polanski dimanche à Zurich! Son rôle d'«appât» officiel met d'ailleurs le département de Couchepin dans un certain embarras.
DE QUOI ON PARLE?
Roman Polanski L'arrestation du cinéaste franco-polonais a pris une dimension quasi planétaire, suscitant le plus souvent indignation ou incompréhension. Notre enquête montre que son incarcération ne résulte pourtant ni d'un grand complot ni d'un deal politique.
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Polanski n'est pas près de sortir de prison
Le cinéaste, qui a refusé la demande d'extradition des Etats-Unis, risque de rester longtemps dans les geôles suisses. Et la demande de remise en liberté rapide de ses avocats suisse et français, Me Lorenz Erni et Me Hervé Témime, a peu de chances d'aboutir. Explications.
Après l'arrestation à Zurich de Roman Polanski sur la base d'un mandat d'arrêt international lancé par Sandi Gibbons, procureur de Los Angeles, les Etats-Unis doivent présenter une demande formelle d'extradition. «Pour cette demande, précise Guido Balmer, du DFJP, les Etats-Unis disposent d'un délai de 40 jours.» Une prolongation de 20 jours est même prévue dans les textes. «Par contre, explique l'avocat genevois Christian Lüscher, le traité entre les deux pays ne prévoit pas de libération sous caution.»
En clair, Roman Polanski devra rester en prison jusqu'à ce que le Tribunal pénal fédéral (TPF) de Bellinzone statue sur son sort. Et ce dernier ne pourra pas délibérer avant d'avoir reçu la demande d'extradition américaine et entendu les avocats de Polanski.
De plus, Guido Balmer a déjà donné le ton: une libération sous caution par le TPF est extrêmement rare. «Et si elle devait quand même être accordée, elle coûterait plusieurs centaines de milliers de francs», explique Me Christian Lüscher.
On peut toutefois imaginer que, sous la pression des politiques, une libération sous caution soit finalement accordée si Roman Polanski recourt contre une décision du TPF qui ne lui serait pas favorable. Le cinéaste devrait alors attendre en Suisse, probablement cloîtré dans son chalet de Gstaad, la décision finale du Tribunal fédéral, qui prendrait plusieurs mois au minimum.
Le scénario le plus favorable à Roman Polanski serait que le TPF ait «rapidement» tous les éléments en main pour statuer. Mais «rapidement» signifie qu'une libération sous caution ne pourrait pas intervenir avant une quinzaine de jours. - Victor Fingal
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Témoignage de Christophe Darbellay
«Je suis fier d'être Suisse»
«La Suisse a bien agi.» Christophe Darbellay était hier le seul président de parti à défendre avec véhémence la Suisse. A l'UDC, Toni Brunner parlait d'une Suisse qui s'est couchée devant les Etats-Unis et, chez les Verts, Ueli Leuenberger se demandait pourquoi on ne l'avait pas averti de son arrestation... Voici donc la réaction du PDC valaisan: «Il faut l'extrader le plus rapidement possible vers les Etats-Unis. Je suis fier d'être Suisse quand je vois que la loi est vraiment la même pour tous. Nous n'allons pas admettre le viol d'une fillette de 13 ans pour faire plaisir aux uns ou aux autres. Je vous rappelle qu'il a avoué, qu'il s'est enfui et qu'il n'a jamais fait face à ses responsabilités. Je reçois des réactions d'une violence inouïe. Je trouve tout de même inadmissible de banaliser et de relativiser son geste. Même un génie doit assumer ses responsabilités!»
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L'éditorial par Ariane Dayer, rédactrice en chef
Mandat d'arrêt
Cet homme-là a réalisé «Le pianiste». Il savait de quoi il parlait: Roman Polanski était lui-même, à l'âge de 6 ans, dans le ghetto de Cracovie. Une vie bâtie sur les cendres, puisqu'une partie de sa famille a été exterminée pendant la Seconde Guerre mondiale. Le pays qui l'arrête aujourd'hui est le nôtre. Et la honte est absolue.
Un artiste, un créateur peut donc être invité à participer à un festival en Suisse et se faire arrêter à sa descente d'avion. Notre système politique et judiciaire profite des événements culturels pour y mener ses petits jeux d'épuration. Il vient y puiser des gages pour rafistoler ses relations désastreuses avec les Etats-Unis. Inadmissible.
Faudra-t-il bientôt réserver des cachots à chaque manifestation culturelle? Quel est le statut des artistes dans ce pays? Ce sont les vraies questions qui se posent aujourd'hui, plus importantes encore que l'effet de cette polémique sur l'image de la Suisse.
Bien sûr, la jeune fille à la base de l'affaire n'avait que 13 ans lorsque le cinéaste a eu des rapports avec elle et c'est inexcusable. Mais, si le cas était juridiquement si clair, si Roman Polanski était un visiteur irrecevable, pourquoi l'a-t-on laissé venir séjourner tant de fois chez nous comme le prouve notre enquête?
Cet homme-là a réalisé «Le pianiste» et l'on aurait aimé que les sept personnes qui dirigent ce pays s'en souviennent. Qu'il y en ait une, au moins, pour s'insurger. Pour oser dire que les sursauts tardifs de juridisme étroit et la servilité envers les Etats-Unis ne doivent pas l'emporter sur la reconnaissance du statut artistique. Qu'on ne met pas la culture sous mandat d'arrêt.
 
http://www.tagesanzeiger.ch/schweiz/dossier/der-fall-polanski/dossier.html
http://www.tagesanzeiger.ch/panorama/leute/Schwarzenegger-ist-gegen-StarBonus-fuer-Polanski/story/30223763
Schwarzenegger ist gegen Star-Bonus für Polanski
Aktualisiert um 09:05 UhrDrucken Mailen   Artikel als E-Mail versendenEmpfänger (E-Mail)*
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Der Oberstaatsanwalt von Los Angeles wehrt sich gegen die Kritik nach der Festnahme von Roman Polanski. Auch der kalifornische Gouverneur Arnold Schwarzenegger äusserte sich zum Fall Polanski.
 1/29 «Polanski flüchtet!»: Titelblatt der «L.A. Times» vom 1. Februar 1978.
 
Er bewundert Polanskis Werk: Arnold Schwarzenegger. (Bild: Keystone)
Interaktiv-Box
Der Fall Polanski
«Es kommt nicht darauf an, ob es sich um Roman Polanski oder um jemand anderen handelt», sagte Arnold Schwarzenegger am Donnerstag dem US-Nachrichtensender CNN und fügte hinzu: «Ich denke, diese Dinge müssen behandelt werden wie bei jedem anderen.» Der frühere Filmschauspieler sagte, er sei ein Bewunderer von Polanskis Werk. Dennoch dürfe man dem Regisseur keine Vorzugsbehandlung geben. Auf die Frage, ob er eine Begnadigung Polanskis erwägen würde, sagte Schwarzenegger, er erhalte viele solche Gesuche und würde einem solchen von Polanski keine besondere Beachtung schenken.
Verfahren, das abgeschlossen werden muss
In Los Angeles reagierte auch der oberste Staatsanwalt, Steve Cooley, auf die Kritik, die die Verhaftung Polanskis am vergangenen Samstag in Zürich vor allem in Frankreich und bei der Hollywood-Prominenz ausgelöst hat. Er verfolge niemanden aus Rachsucht, sagte der Chefankläger und sprach von einem Gerichtsverfahren, das abgeschlossen werden müsse. Ein hängiger Haftbefehl des Obergerichts sei vollstreckt worden, und nun folge das weitere Verfahren. «Wir machen unsere Arbeit», sagte Cooley. Das Auslieferungsverfahren werde nach den Bestimmungen im bilateralen Auslieferungsvertrag zwischen den USA und der Schweiz durchgezogen.
Der Chefankläger von Los Angeles reagierte auch auf Stimmen, die Polanskis Verfehlungen herunterspielten und von «angeblichen Verbrechen» sprachen. «Herr Polanski hat sich eines Verbrechens schuldig bekannt», sagte Cooley und erinnerte daran, dass noch fünf oder sechs viel ernstere Anklagepunkte hängig seien. «Diese werden nicht beigelegt, bevor er endlich seine Strafe erhält», sagte der Staatsanwalt.
Er spielte auf den Umstand an, dass Polanski 1978 vor seiner Flucht aus den USA nur im Anklagepunkt des ungesetzlichen Geschlechtsverkehrs ein Schuldbekenntnis abgelegt hatte. Der Richter hatte zugesichert, im Gegenzug die schwereren Vorwürfe wie Vergewaltigung unter Abgabe von Drogen, Kindsmissbrauch und Sodomie fallen zu lassen. Polanski hatte sich 1977 an einem 13-jährigen Mädchen vergangen und sass anschliessend während 42 Tagen in Untersuchungshaft.
Keine Angaben machte Cooley, wie die US-Staatsanwaltschaft über die Reisepläne Polanskis ans Filmfestival in Zürich informiert worden war. Seine Sprecherin Sandi Gibbons sagte, man habe vier Tage vor der Verhaftung von den Reiseplänen «erfahren». Sie erinnerte zudem daran, dass der Fall innert Tagen erledigt werden könnte, falls Polanski seinen Widerstand gegen die Auslieferung aufgeben und für die Bestrafung nach Los Angeles reisen würde.
(vin/ap)
Erstellt: 02.10.2009, 06:40 Uhr
http://www.nzz.ch/nachrichten/international/us-staatsanwalt_bereitet_definitives_auslieferungsgesuch_vor_1.3705338.html
29. September 2009, 06:11, NZZ OnlineUS-Staatsanwalt bereitet Auslieferungsgesuch vor
US-Staatsanwalt bereitet Auslieferungsgesuch vor
Polanski zeigt sich in der Haft «schockiert, aber kampfeslustig»
 
 
Roman Polanski in einer Aufnahme aus dem Jahre 2006. (Bild: Reuters) 
Roman Polanski in einer Aufnahme aus dem Jahre 2006. (Bild: Reuters)  Fenster schliessen Toolbox
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US-Staatsanwalt bereitet Auslieferungsgesuch vor
Polanski zeigt sich in der Haft «schockiert, aber kampfeslustig»
Zwei Tage nach der Festnahme von Roman Polanski bei seiner Einreise in die Schweiz bereitet die Staatsanwaltschaft in Los Angeles das definitive Auslieferungsgesuch für den bekannten Regisseur vor. Dessen Anwälte arbeiten gleichzeitig an einem Haftentlassungsgesuch. ...
     
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 Fenster schliessen Nur zwei Tage nach der Festnahme von Roman Polanski bei seiner Einreise in die Schweiz leitet die Staatsanwaltschaft in Los Angeles den nächsten Schritt ein. Sie wird ein definitives Auslieferungsgesuch für den bekannten Regisseur stellen.
(sda) Theoretisch haben die Behörden in den USA 60 Tage Zeit für das definitive Auslieferungsgesuch. Es soll aber offenbar bereits in den kommenden Tagen in der Schweiz eintreffen. 
Gleichzeitig wollen Polanskis Anwälte dessen Entlassung aus der Haft bewirken. Sein französischer Rechtsanwalt Hervé Temime sagte, die für die Haftentlassung nötigen Dokumente sollten noch am Dienstag eingereicht werden.Die Anwälte haben 10 Tage Zeit dafür. Bei abschlägigem Bescheid können sie beim Bundesgericht rekurrieren. Dasselbe Prozedere wiederholt sich nach Eintreffen des endgültigen Auslieferungsgesuchs.
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Mehrere Besuche in der Haft
Am Montagnachmittag stattete der französische Konsul in der Schweiz, Jean-Luc Fauré-Tournaire, dem Häftling einen ersten Besuch ab. Am Abend plante der polnische Botschafter Jaroslaw Starzyk ein Treffen. Wo sich Polanski aufhält, wollten die Zürcher Justizbehörden nicht preisgeben, wie aus einem Bericht der «Tagesschau» von Schweizer Fernsehen (SF) vom Montagabend hervorgeht.
Auch Polanskis Ehefrau, die Schauspielerin Emanuelle Seigner, und Hervé Témime hatten erste Begegnungen mit dem Inhaftierten. Polanski sei «schockiert, aber kampfeslustig», sagte Témime am Abend in Paris vor den Medien.
Polanskis Rechtsvertreter in Frankreich, der Schweiz und den USA halten «unbedingt» daran fest, dass das Auslieferungsbegehren aufgrund eines 32 Jahre zurückliegenden Vergehens illegal sei. Der Regisseur war wegen Missbrauchs einer Minderjährigen international zur Verhaftung ausgeschrieben. Das Opfer hat ihm inzwischen vergeben und spricht sich für eine Einstellung des Verfahrens aus.
Freilassung eher unwahrscheinlich
Eine Freilassung auf Kaution sei «nicht ausgeschlossen», werde aber «sehr, sehr selten» gewährt, sagte der Sprecher des Eidgenössischen Justiz- und Polizeidepartements (EJPD), Guido Balmer, der Nachrichtenagentur SDA. Theoretisch wäre eine Freilassung auf Kaution, verbunden mit Hausarrest in Polanskis Gstaader Ferienhaus, möglich, ein solcher Fall sei aber noch nie eingetreten.
Seit Montag bereiten die beiden Aussenminister Radoslaw Sikorski und Bernard Kouchner ein Schreiben an ihre amerikanische Amtskollegin Hillary Clinton vor. Es enthalte die Bitte an Präsident Barack Obama, die Anwendung des Begnadigungsrechts zu erwägen, teilten sie mit.
Bundesrätin Doris Leuthard verwies bei ihrem Besuch in Paris auf den internationalen Haftbefehl gegen Polanski. Die Schweizer Justiz mache keinen Unterschied zwischen prominenteren und weniger prominenten Gesuchten.
  Leuthard: Festnahme verteidigt
Link: http://www.nzz.ch/nachrichten/international/leider_hat_es_diesmal_herr_polanski_getroffen_1.3702150.html
 Polanski: Will Auslieferung anfechten
Link: http://www.nzz.ch/nachrichten/international/polanski_haft_usa_auslieferung_1.3697395.html
 Kommentar: Dumm gelaufen
Link: http://www.nzz.ch/nachrichten/international/dumm_gelaufen_1.3708186.html
 Recht: Wenig Spielraum
Link: http://www.nzz.ch/nachrichten/international/das_recht_laesst_den_behoerden_wenig_spielraum_1.3708345.html
 Verhaftung: Tipp aus der Schweiz?
Link: http://www.nzz.ch/nachrichten/international/tipp_aus_der_schweiz_1.3708310.html
 Kommentare: Wenn Polanski nicht berühmt wäre
Link: http://www.nzz.ch/nachrichten/international/roman_polanski_verhaftung_kommentare_1.3696824.html
 
 Leser-Kommentare: 20 Beiträge
http://www.bernerzeitung.ch/schweiz/dossier/der-fall-polanski/Spielraum-fuer-Polanski-nicht-allzu-gross/story/22409574
Dossier: Der Fall Polanski
Spielraum für Polanski nicht allzu gross
Von Michael Widmer. Aktualisiert am 29.09.2009 Drucken Mailen   Artikel als E-Mail versendenEmpfänger (E-Mail)*
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An allen Fronten kämpfen Anwälte und Sympathisanten von Starregisseur Roman Polanski für dessen Freilassung aus der Zürcher Haft. Aus juristischer Sicht scheint der Spielraum für den 76-Jährigen indes nicht allzu gross zu sein.
 Freiheit für Polanski: Künstler, hochrangige Politiker aus Frankreich und Polen sowie die Anwälte des Regisseurs verlangen dies vehement.
Bild: Keystone
TeleBärn-Video
Das EJPD nimmt Stellung zur Verhaftung.
Seit der Verhaftung von Regisseur und Oscarpreisträger Roman Polanski am Samstag in Zürich gehen die Wogen hoch – und dies weltweit. Der 76-jährige französisch-polnische Doppelbürger war auf Grund eines Haftbefehls aus den USA in Gewahrsam genommen worden. Sein mutmassliches Vergehen liegt 32 Jahre zurück. Der Filmemacher hatte gemäss Medienberichten 1977 zugegeben, im selben Jahr auf dem Anwesen von Schauspieler Jack Nicholson in Kalifornien die 13-jährige Samantha Geimer mit Alkohol und Drogen gefügig gemacht und sexuell missbraucht zu haben. Trotz eines Vergleichs zwischen Polanski und Geimer wollte der Richter das Verfahren jedoch nicht abschliessen.
Aus Furcht vor einer Haftstrafe flüchtete Polanski daraufhin nach Frankreich. Über 30 Jahre lang bewegte er sich hier unbehelligt. 2005 wurde er international zur Fahndung ausgeschrieben, entging aber mehrmals einer Verhaftung. Als offizieller Gast des Zurich Film Festival ging er den Behörden nun ins Netz. Die Staatsanwaltschaft in Los Angeles machte gestern klar, sie werde die Auslieferung Polanskis beantragen.
Offensive Anwälte
Die Bemühungen, den weltweit gefeierten Regisseur freizubekommen, liefen gestern auf verschiedenen Kanälen entsprechend auf Hochtouren. Polanskis Zürcher Anwalt Lorenz Erni will gemäss dem Pariser Anwalt Hervé Temime beim Bundesstrafgericht in Bellinzona Rekurs einlegen, um eine «Freilassung – eventuell auch unter gewissen Auflagen» – zu erwirken.
So könnte Roman Polanski zum Beispiel in seinem Chalet in Gstaad unter Hausarrest gestellt werden, bis das Verfahren abgeschlossen ist. Dieses könnte Monate dauern. Eine Freilassung auf Kaution ist laut Guido Balmer, Sprecher des Eidgenössischen Justiz- und Polizeidepartements (EJPD), «nicht ausgeschlossen, aber sehr selten». Das Bundesstrafgericht greife praktisch nie zu einer solchen Massnahme, erklärte Balmer gegenüber dieser Zeitung. Nichtsdestotrotz betonte Temime gestern Abend nach einem ersten Besuch im Gefängnis, sein Mandant sei «kampflustig».
Ins Visier nehmen die Anwälte auch das Auslieferungsgesuch der USA. Dieses sei auf Grund eines 32 Jahre zurückliegenden Vergehens illegal. Konkreter wurden die Anwälte nicht. Lorenz Erni war gestern trotz mehrfacher Nachfrage nicht erreichbar.
«Korrekt gehandelt»
Es wäre interessant gewesen, zu erfahren, welche Lücken die Anwälte Polanskis im gegenwärtigen Verfahren ausgemacht haben. Denn nach Meinung von Pirmin Bischof, Rechtsanwalt, ausgewiesener Kenner der US-Justiz und Solothurner CVP-Nationalrat, haben die Schweizer Behörden korrekt gehandelt. «Es bestehen Rechtshilfeverträge. Für die Schweiz war eine Verhaftung auf Ersuchen der USA hin geradezu zwingend», erklärt Bischof. Und er stellt klar: «Trotz Kritik aus der Kulturszene; auch ein Star steht nicht über dem Recht.» Dass die Schweiz der USA mit der Verhaftung gefallen wollte, glaubt Bischof nicht. Der sexuelle Missbrauch eines Kindes sei auch für die Schweiz ein schweres Delikt.
Doku-Film als Rettung?
Gestern standen zwei mögliche Gründe für eine Einstellung des Auslieferungsverfahrens im Vordergrund: die Verjährung der Tat nach über 30 Jahren und die Tatsache, dass das Missbrauchsopfer inzwischen ein Ende des Verfahrens fordert. Beides löst den Fall Polanski aber nicht, wie Bischof und auch Juristen der Universität Bern erklären:
Die Tat ist nach damaligem schweizerischem Recht zwar verjährt, nach amerikanischem Recht aber nicht, da Polanski die Tat gestanden hat und offenbar bereits ein Vergleich vorliegt. Im Prinzip muss der Inhaftierte für die Erfüllung der Auslieferungsbedingungen zwar in beiden Ländern verurteilt werden können. Doch im Vertrag zwischen der Schweiz und den USA ist festgehalten, dass für die Auslieferung nur die Verjährung gemäss dem Recht des «ersuchenden» Staates – im vorliegenden Fall also der USA – massgebend ist. Gleiches gilt auch für Auslieferungsverträge mit der EU.
Die Desinteresseerklärung des Opfers hat keine Bedeutung, weil sexuelle Handlungen mit Kindern als Offizialdelikte gelten. Diese werden von Staates wegen verfolgt.
Möglich ist, dass sich Polanskis Anwälte auf Verfahrensfehler in den USA berufen, die im Dokumentarfilm «Roman Polanski: Wanted and Desired» von 2008 beschrieben werden.
Politik zieht nach
Sicher ist: Polanski und seine Entourage können auf gewichtige politische Unterstützung zählen. Frankreich und Polen wollen die USA in einem Schreiben um Gnade für den Regisseur bitten. Der französische Aussenminister Bernard Kouchner nahm zudem laut Agenturberichten Kontakt mit Amtskollegin Micheline Calmy-Rey auf und forderte einen schnellen «günstigen Ausgang» des Falls.
(Berner Zeitung)
Erstellt: 29.09.2009, 07:36 Uhr