Dans La Peau d’une Péripatéticienne

Par Roxie

Je m’appelle Victory, ou Victoire en Français. Je suis péripatéticienne, ou fille de joie, ou prostituée, ou call-girl, ou encore pute pour les esprits limités. Excusez cette petite intrusion dans votre vie, mais je suis sure que ma présence vous serait bénéfique ; pesante certes, mais bénéfique.

Je peux être n’importe qui : votre cousine, votre voisine du palier, votre collègue, et pourquoi pas la personne assise juste à côté de vous au café. Vous devez me plaindre, avoir pitié de moi ou être dégoûté, ceci-dit contrairement à ce que vous vous attendez, je n’ai pas choisi ce boulot pour l’argent ou par nécessité (oui, parce que c’est un boulot comme un autre), mais parce que j’aime la luxure, la volupté, les parfums de grandes marques, la lingerie de chez Victoria’s Secret (et non, mon surnom n’en est pas inspiré), les talons aiguilles de chez Louboutin… En une semaine, je gagne ce que vous, vous gagnez en un mois d’un régime 40h. Et en disant « semaine », j’exagère. Je veux dire quatre soirs par semaine. Le début de la semaine je préfère me le réserver, (sauf si y’a un client « spécial »). A quoi ça sert de travailler tout le temps sans avoir un moment pour soi et dépenser son argent?

Comme je disais toute à l’heure, je n’ai pas commencé par obligation, mais parce que j’ai essayé une fois et ça m’a plu. Ça a commencé une matinée du mois de Mai, il y’a de cela quatre ans. J’étais accoudée au bar d’un palace pour passer un entretien pour devenir femme de chambre. Oui ! Femme de chambre ! N’en soyez pas étonnés. Mais au lieu de finir la journée au bureau du responsable, je l’ai fini dans une des plus belles suites de l’établissement.

Après cette soirée, tout s’est enchaîné. J’ai eu accès aux plus belles et prestigieuses chambres d’hôtels, des voitures aussi luxueuses et classieuses que leurs propriétaires, l’odeur du cuir tout neuf, le champagne qui coule à flot, et même les destinations de voyage les plus farfelues… c’est devenu une routine pour moi. Ces fameux soirs, il suffisait que je m’installe au bar de l’hôtel, ou un des ces resto-bars tendance, pour qu’on vienne à ma rencontre ; et là, c’est à moi de choisir d’accepter ou de décliner l’invitation, selon l’odeur de mon interlocuteur. S’il sent bon marché, je sais que ce n’est pas la personne avec qui je voudrais rester au bout de la nuit. S’il réussit à séduire mon odorat, et aussi mes yeux, je lui propose d’aller ailleurs ; car règle n° 1, faut jamais rester au même endroit, tu dois titiller sa curiosité, et le faire rêver, même si c’est juste le temps de joindre une chambre. Tu dois lui montrer que tu es quelqu’un de spécial et que lui, il l’est encore plus.

Bon je m’y perds là, où en étais-je ? Ah oui…

Vous devez penser que je dois être une belle femme pour être abordé aussi fréquemment. Hélas non ! Je suis une femme comme toutes les autres. A part que moi, au lieu de me plaindre et pleurer sur mon sort, j’ai su en tirer profit. J’ai toujours été coquine, et maintenant je le suis encore plus. Tout peut faire la différence : un battement de cils, un sourire narquois du coin de la bouche, un corset qui met en valeur une poitrine pourtant pas si généreuse, la cambrure d’une chute de reins par-dessus une table, et surtout une culture sans failles dans tous les domaines qu’exercent mes clients. Je dois montrer que je leur fais payer cher le corps et la tête. Y’en a même qui deviennent des réguliers.

Mesdames !

C’est moi qui tiens compagnie à vos maris, fiancés, ou copains, quand vous, vous êtes trop occupées à jongler entre les gosses et boulot, ou quand vous vous laissez allez à la monotonie de la vie conjugale, quand vous vous refusez d’entendre les fantasmes sexuels de votre compagnon. Un homme c’est fragile ! Tout comme nous, et peut être encore plus, puisque, lui, il se refuse de le montrer. Mes meilleurs coups étaient ces hommes là, qui devant moi, perdaient tous leurs moyens, dévoilent leurs faiblesses ; et oui, j’éprouvais du plaisir ! Il ne suffit pas juste d’écarter les jambes, de balancer du bassin et puis c’est tout. Sinon à quoi bon choisir ses clients alors ?

Vous savez ! J'ai tellement de choses à vous raconter, mais que je garderais pour les prochains entretiens. Et, si je viens vous voir aujourd’hui, ce n’est pas pour vous donner des leçons, ni en recevoir d’ailleurs, mais pour vous dire, que je suis une femme, tout comme vous, j’ai mes faiblesses, et mes moments de d’euphorie. Je ris, je pleure, j’aime, et surtout je fuis !