Notre narrateur a un visage très commun. En conséquence, on le prend toujours plus ou moins pour quelqu'un d'autre. Bizarrement, cette méprise s'étend facilement à sa porte d'entrée, ou à sa boîte aux lettres. Son facteur ayant la fâcheuse tendance d'y déposer du courrier qui ne lui est pas destiné.
Sa principale occupation est d'aller voir une tante, ou peut-être une grand-tante, ou une cousine de sa tante - il ne sait plus très bien - dans un foyer logement éloigné, un dimanche sur deux.
Tout dérive lorsque fatigué de lutter contre ces vies inconnues qu'on lui assigne, il commence à laisser les évènements se dérouler comme ils le souhaitent. Une spirale dangereuse dans laquelle notre homme, un peu las, risque bien de se perdre tout à fait...
Voici un titre qui était dans mes intentions de lecture (LAL pour les initiés) depuis fort longtemps. Je ne savais plus très bien où, ni pourquoi, je l'avais noté. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais y trouver.
Il y a du Kafka dans le récit de Joël Egloff, ou le sentiment de croiser un personnage à la Sartre, errant dans les rues, les escaliers, vivant dans un monde un peu flou, proche de la nausée. Mais cette histoire de méprise, répétitive à l'excès, est à prendre largement au second degré, au risque d'être terriblement déçu par l'intrigue. L'homme que l'on prenait pour un autre est en fait une fable, au lecteur je suppose d'en comprendre la morale.
Je me suis surprise à sourire à plusieurs reprises aux trouvailles verbales de l'auteur, aux quipropos rocambolesques des situations. A un moment seulement, j'ai eu le sentiment de retrouver les paroles d'un scketche de Bigard (celui qui parle d'une chauve souris intelligente, vous voyez), alors j'ai un peu tiqué, mais sans plus.
Joël Egloff a un talent d'écriture certain. Cet exercice de style particulier qu'est ce roman en est la preuve. Il possède également un goût de l'ironie et de la loufoquerie assez délectable. Cette lecture est plaisante mais pas inoubliable, comme un goût de déjà-vu, ou de déjà lu.
En fait, j'aimerais beaucoup lire "autre chose" de cet auteur...pour voir.
"C'est à mon physique très ordinaire que j'attribue cela. Avec un visage aussi commun que le mien, on ne passe pas inaperçu. Deux yeux, un nez, une bouche, ça rappelle forcément toujours quelqu'un à quelqu'un."
ISBN 978 2 266 18431 1 - Pocket - SEPT2009
Un grand merci aux Edtions Pocket pour l'envoi, et à Blog-o-Book pour la proposition !
Clarabel l'a lu aussi "ce petit roman étrange", et en fait je l'avais noté chez elle - L'auteur est en interview chez AuteursTv - Gambadou a été conquise - La lecture de Uncoindeblog...qui a préféré Kafka - Valdebaz n'a pas adhéré au comique de répétition - Xiane est bien malheureuse de sa déception - ... je remarque que, malgré tout, la qualité de l'écriture a été appréciée par tous, et qu'une certaine curiosité est titillée, tout de même ;o).