Roland Grünberg ressuscite Michael Jackson

Publié le 06 octobre 2009 par Variae

La mort de Michael Jackson, à la lisière de ce que beaucoup espéraient être son retour musical, avait été une sorte de choc générationnel. Dans les jours qui suivirent, j’eus l’idée de lui rendre hommage à ma manière en proposant à Roland Grünberg, artiste et graveur à la signature visuelle aussi intemporelle que profonde, de travailler à réaliser son portrait. Portrait aujourd’hui terminé et dont vous pouvez voir une copie sur cette page.


Il serait difficile, et sans doute injuste, de résumer en quelques lignes le travail et le talent de cet artiste précieux. Graveur donc, empruntant au folklore d’Europe centrale aussi bien qu’à l’univers du jazz – il fut l’illustrateur des affiches des premières éditions du Nancy Jazz Pulsation – il poursuit un voyage graphique le conduisant à travers des thématiques tour à tour humanistes, mythologiques, religieuses. Passant ces sujets au prisme de motifs récurrents, relatifs notamment au règne végétal. Membres-racines, peau travaillée de boucles, d’arabesques et de sinuosités comme l’écorce d’un chêne noueux, chevelure-feuillage ou cheveux-lianes, les êtres qui habitent les dessins de Roland Grünberg semblent hésiter, osciller entre humanité et végétalité – sauf pour leur regard, toujours troublant, et comme riche d’une expérience séculaire. Celui, peut-être, de celles et ceux qui en ont trop vu.

J’étais curieux et impatient de savoir comment Roland, auteur tout récemment d’un Miles Davis diabolique, traduirait Michael Jackson. Plus que de traduction, c’est de résurrection qu’il s’agit, avec un Michael tel qu’il se rêvait : Peter Pan, elfe sylvestre se jouant de la gravité, pareil au « springbok » qui bondit au-dessus de sa chevelure. Gazelle africaine qui est aussi une jolie allusion aux racines africaines du chanteur-danseur, à la dimension proprement mondialisée de sa carrière et au message d’unité interethnique qu’il entendait porter. Echo subliminal enfin à la relation particulière qu’entretenait Bambi avec les animaux, part intégrante de l’univers féérique qu’il s’était forgé, comme le rappelle la couverture de son album Dangerous.

Avec ce Michael aux yeux de biche, perdus dans le lointain, Roland Grünberg rend d’une certaine manière vie et honneur à un artiste dont le nom avait été souillé et associé, ces dernières semaines, aux médicaments et à l’inhumanité de l’artificiel.

Romain Pigenel

Pour plus d’informations vous pouvez consulter le site de Roland Grünberg : ici.