Pique-Nique à Hanging Rock (Peter Weir)

Par Interstella_fr


Australie, 1900. Les jeunes filles d’un pensionnat privé et régi par l’austère Miss Appleyard partent en excursion au rocher de Hanging Rock, qui est connu pour être un danger mystérieux. Toutes sauf une, Sara, punie et privée de sortie, désespérée de ne pas pouvoir suivre la camarade qu’elle admire tant, Miranda. Mais lors de cette après-midi suave, Miranda et d’autres jeunes filles vont disparaître dans des circonstances inexplicables et inexpliquées.

Deuxième vision pour ce film au rythme très particulier, dans une langueur d’ennui (celle des jeunes filles), dans une ambiance mortifère (celle du pensionnat), sous le soleil ouaté australien. On trouve des vierges presque suicidées, dont on voit probablement un certain prolongement chez Jeffrey Eugenides puis Sofia Coppola, on trouve des jeunes hommes dépassés par le monde et par la féminité, et des femmes d’un autre monde…

Et toujours, devant ce film, je suis moi-même atteinte de cette langueur, et je m’endors, toujours au moins un peu, tellement tout me semble loin, tellement tout est lent, insidieux. Et toujours un peu en attente de quelque chose qui ne vient jamais, une élucidation, une explication, la survenue, enfin, de la raison.

Mais ce n’est pas l’endroit, et c’est justement là la réussite assez indicible de ce film, qui ne ressemble à aucun autre, qui raconte le ténu, qui raconte les mystères, comme une tragédie antique un peu obscure. Sara est la seule vivante, avec, finalement, la jeune professeur, et on se raccroche à elles, dans ce monde déliquescent qui poisse comme un cauchemar, sans jamais pourtant être horrifique (une sorte de version onirique et ensoleillée de Suspiria…)

En bref, le film me plaît mais ne m’envoûte qu’à moitié, jamais autant que je ne le voudrais, car ce film est, sur le papier, fait pour me fasciner.
Je vous renvoie donc à la prose nettement plus inspirée de ma talentueuse camarade Danielle Chou de FilmDeCulte, qui écrit ici un très beau texte sur le film, et me permet de regagner un silence salutaire.