Homme de gouaille

Publié le 10 octobre 2009 par Malesherbes

Le Conseil d’Etat a estimé que les dons d’argent dont M. Dassault avait été accusé au cours de la campagne électorale à Corbeil-Essonnes en mars 2008 « ont été, eu égard à l'écart de voix [170], de nature à altérer la sincérité du scrutin et à en vicier les résultats ». Il a décidé, le 8 juin 2008, d’annuler les élections municipales et a prononcé l’inéligibilité de Serge Dassault. Celui-ci, dans un communiqué, a alors déclaré : « Le Conseil d'Etat, sans aucune preuve, a voulu m'éliminer de la mairie. »

Du fait de l’inéligibilité de M. Dassault, c’est M. Jean-Pierre Bechter, ancien sous-préfet, Secrétaire général de la Fondation "Serge DASSAULT" pour handicapés, qui a conduit la liste UMP. Durant la campagne, il avait répété à satiété : « Voter Bechter, c'est voter Dassault  ». Après avoir remporté l’élection partielle dimanche 4 octobre, M. Bechter a déclaré : « Pour la quatrième fois, M.Dassault est réélu maire de Corbeil-Essonnes ». Ceci est inexact. Elu pour la première fois en 1983, M. Dassault a été élu une nouvelle fois en 1995 et réélu en 2001. Invalidé en 2008 et inéligible en 2009, il n’a donc à son actif que deux réélections. Qui plus est, au soir d’une élection municipale, on n’a fait que choisir des conseillers municipaux qui éliront ensuite un maire.

M. Bechter poursuit ainsi : « C'est moi qui suis élu, mais quand même c'est lui qui bat le Parti communiste, avec moi ». Avec la même sincérité, il proclame : « Il fera tout et je ferai le reste [sic]. Cette ville a avant tout besoin de nombreuses subventions exceptionnelles, nous comptons sur lui. » J’ignorais jusqu’ici qu’un industriel, fournisseur de l’armée, pouvait obtenir, outre des commandes pour son entreprise, des subventions pour sa ville. M.Bechter ose ajouter : « Cette élection a permis de laver l'honneur de Serge Dassault, injustement bafoué par le Conseil d'Etat » Depuis quand un élu peut-il se permettre de commenter une décision du Conseil d’Etat ?

De son côté, le non-élu a déclaré : « Nous allons travailler ensemble. Il est bien meilleur que moi dans la gestion administrative et financière. Je suis meilleur que lui pour toutes les questions qui relèvent des relations avec l'extérieur, avec le gouvernement avec tous ceux qui participent à l'activité de la ville».

On a également vu, à la question : « Qui occupera le bureau du maire ? », M. Bechter répondre : «  lui », et les deux compères, ou commaires, de s’esclaffer bruyamment. Le lendemain, dans le journal de 13 heures sur France 2, le maire rééditait ses fanfaronnades : « Je tiens à le dire, je l’réinstallerai dans son bureau de maire, j’prendrai un bureau à côté, point à la ligne ». Et le porte-mensonge de l’UMP, Frédéric Lefebvre, affirmait pour sa part : « Il a été clairement en disant : Serge Dassault restera dans le bureau qu’il occupait. Ce qui n’aurait pas été honnête, c’était de l’dire qu’après, ils l’ont dit avant ». Quel bel exemple d’honnêteté et de mépris du suffrage populaire! C’est la République sous laquelle nous vivons désormais.

Qu’attend donc le patron de l’UMP, le vrai, notre Président, pas le ministre qui, secrétaire général, lui sert de prête-nom, pour rappeler à son parti qu’une mairie n’appartient pas au maire mais à l’ensemble de ses concitoyens et que, tout maire qu’il soit, celui-ci n’a pas à y accorder un bureau à un condamné. Auparavant, les hommes politiques agissaient mal et le faisaient en se cachant honteusement, avec hypocrisie. Ces temps sont révolus. Les parjures ont  désormais l’audace de se vanter : je triche, je mens, je vole, j’injurie, ouvertement, franchement, je vous lèse et j’en suis fier !