Slick (semaine FIAC 6)

Publié le 18 octobre 2007 par Marc Lenot

à la Bellevilloise et au Pavillon Carré de Baudouin, jusqu’au 22 Octobre.

Commencez par le Pavillon, bâtisse néo-palladienne rue de Ménilmontant et nouveau lieu d’exposition : dans de grands stands, les quelques galeries présentes là décoiffent davantage que la plupart de celles de la Bellevilloise, où on s’est un peu assagi par rapport à l’an dernier.

Commencez par la galerie Pascal Vanhoecke, où à côté d’une vidéo pathétique d’Amparo Sard et de ses dessins à l’aiguille, plusieurs pièces de Frédéric Lecomte, réjouissantes et/ou dérangeantes, méritent le détour, dont A l’ombre de ma pomme : au dessus d’un plateau de parquet irrégulier tourne une toupie de bois. A son pied, mystérieusement se tord un serpent à la queue renflée; ou serait-ce un spermatozoïde mutant ? Il se faufile, se tortille, se retourne. L’artifice distrait, mais la beauté sinueuse fascine. On se délecte des oppositions : pomme et serpent, ovule et sperme, rondeur et longueur, bois clair et métal noir. C’est plein de poésie ironique, avec un zeste de magie.

Ensuite, chez les Bretons d’ACDC, trône cette superbe installation d’un couple joliment dénommé Hop là ! Nous vivons. Forever (La souche) est une grande composition où se superposent plusieurs étages de mousse recouverte de tissu coloré aux formes arrondies et imbriquées. Ces terrasses aux tons rouges sont percées de quelques puits verticaux qui accentuent l’effet de relief. Une souche d’arbre dans laquelle bouillonne une lumière intense couronne le tout. A côté, un tronc couvert d’étoffes rouges lumineuses est appuyé au mur. C’est une opposition du dur et du doux, du bois clair naturel et du tissu rouge plus sombre, du dressé et du couché, du lumineux chaud et du frais, du plein et du creux, mais c’est surtout une sculpture qu’on a envie d’habiter, de s’approprier : s’y coucher, s’y rouler, s’y lover, s’y chauffer, s’y endormir, s’y caresser, s’y aimer. Toutes choses hélas impossibles sur le stand de la galerie. Il me reste à espérer que l’acquéreur futur m’invitera un jour à venir l’expérimenter, la vivre chez lui. Coco Petitpierre et Yvan Clédat, qui forment ce couple d’artistes, semblent coutumiers de sculptures à habiter, à faire vivre. On pourra voir une de leurs performances, Do not disturb, lors du festival Jeune Création à la Bellevilloise le 2 Novembre.

Le stand suivant est un gymnase obscur. Vous vous installez sur un vélo fixe, vous pédalez (comme ici) et des rampes lumineuses s’éclairent soudainement, au rythme de vos coups de pédale, qui deviennent de plus en plus pénibles. C’est une expérience que vous vivez, avec votre corps, vos muscles, votre énergie qui se transforme en lumière. Vous n’êtes visible que si vous déployez un effort, sinon vous restez obscur. Plus que d’athlétisme, c’est de lumière qu’il s’agit là, au propre et au figuré : ne dépendez que de vous-même, gagnez votre mise en lumière, méritez votre célébrité de 15 minutes. C’est une installation de Joël Auxenfans, présentée par heartgalerie.

Derrière, enfin, vous verrez des géants fantastiques de G.wen et Frédéric Baldo, galerie Defrost. Ensuite, à la Bellevilloise, peu d’effet “WOW!”, mais des pièces intéressantes, parmi lesquelles :
- des objets en satin, ornés de perles et hérissés d’aiguilles, à la fois sensuels et intouchables, d’Emilie Noteris à la galerie Incognito;
- chez Miss China Beauty, lieu offrant de multiples plaisirs, une énorme araignée noire au mur faite de bas résilles (éMatome), spectaculaire et léger;
- et sur la galerie Figge von Rosen, de Cologne, ces créatures chimériques de poil, de plume et de soie, de la Française Haïdée Henry, chez qui l’influence d’Annette Messager se mêle à l’univers de Charles Perrault pour créer des oeuvres très sensuelles, tactiles et oniriques, dont on rêve longtemps après.

Photos de l’auteur.

Etant allé à Belleville à pied, et revenu de même, je vous laisse deviner les réflexions que m’a inspiré l’action de grève de privilégiés, qui allient sécurité de l’emploi, retraites dix ans avant tout le monde financées par les contribuables et les usagers, et pouvoir de nuisance grâce à leur monopole.