De l'eau à partir de l'air

Publié le 13 octobre 2009 par Brunolecolo
Extrait du JDD.



 

Marc Parent a trouvé le moyen de transformer l'air en eau. Une invention qui, dit-il, pourrait régler le problème de la pénurie d'eau dans certaines régions du monde.

Comment avez-vous eu cette idée géniale?
Cela a germé lorsque je vivais aux Antilles. La maison dans laquelle je vivais n'était pas raccordée à l'eau de la ville, donc j'ai commencé par installer un seau sous mon climatiseur, pour récupérer les gouttes d'eau qui en sortent. Avec ça, je remplissais une cuve qui me permettait de faire une machine à laver le linge ou la vaisselle. C'est là que je me suis dit que ce système de condensation pouvait être une bonne idée.

Et vous vous êtes lancé.
Oui, j'ai d'abord commencé par gribouiller quelques dessins, puis je me suis lancé dans la fabrication. Cela fait dix ans que je travaille sur ce projet, d'abord seul. Depuis 2008, avec des amis convaincus par le projet et qui me soutiennent financièrement, nous nous sommes constitués en SA. On a même procédé à une augmentation de capital en juin dernier, car on dépense beaucoup, mais il n'y a rien qui rentre… Aujourd'hui, on en est à la quatrième version de ma machine. On peut bien sûr encore améliorer le procédé, mais c'est déjà viabilisé.

"On a besoin de moyens"

Qu'est-ce qui vous permet de dire ça?
Tout simplement car une machine est installée dans les Alpes et fonctionne efficacement depuis cinq ans! Alors certes je n'ai pas encore d'agrément, mais je suis en discussion avec nombre de laboratoires.

Et avec des industriels…
Oui, je suis en négociation avec des Américains et des Indiens. Et pour revenir au brevet, je n'ai de toute façon pas l'intention de me lancer moi-même dans la fabrication. Moi c'est la méthode que je vais apporter, ainsi que des conseils. Donc ce sera à chaque industriel de se débrouiller avec les autorités de leur pays, car chacun a des normes sanitaires différentes.

"De grands moments de découragement"

Vous n'avez reçu aucune subvention publique?
Oseo innovations nous a déjà donné 25 000 euros, mais c'est trop peu. Au moment du Grenelle de l'environnement, j'ai tapé à toutes les portes. On m'a toujours encouragé, dit que l'idée était bonne, mais au moment de sortir le chéquier, il n'y avait plus personne… L'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maitrise de l'Energie, Ndlr) par exemple, qui a reçu beaucoup d'argent après le Grenelle, ne m'a pas versé un centime…

Après dix ans de travail, vous n'avez jamais pensé à abandonner?
Bien sûr que si. Il y a de grands moments de découragement. Depuis des années, je survis grâce à de petits travaux que je fais à droite à gauche, mais c'est très difficile. Je ne connaissais pas le monde des affaires, mais je me rends compte maintenant que c'est un monde sans pitié. Certains attendent tout simplement que mon entreprise meure pour prendre ma place.

Cette nouvelle médiatisation doit vous redonner le moral non?
Absolument. Depuis pas mal de temps maintenant, les médias s'intéressent à moi. Je reçois une quantité astronomique de mails, de coups de téléphone. Cela donne du baume au cœur. Moi, je fais ça pour aider les gens, pas pour gagner de l'argent. Je cherche donc des partenaires qui sont dans le même état d'esprit, et ce n'est pas évident… Mais je suis malgré tout optimiste. Il y a des gens responsables en France qui vont comprendre ma démarche et me suivre dans ce projet un peu fou, mais qui pourrait empêcher des milliers de décès chaque année.