Leproux : “ voilà, c'est fini ”

Publié le 13 octobre 2009 par Roltiss @roltiss

Photo archives NR, Hugues Le Guellec
Denis Leproux a dirigé la dernière course d’Agritubel, dimanche, sur Paris - Tours. La fin d’une aventure de cinq ans.
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Autorisation du 03.02.2005

Dimanche, la formation loudunaise a disputé sa dernière course. Retour sur cinq ans de professionnalisme avec Denis Leproux, directeur sportif.
 

Denis, vous deviez en avoir gros sur le cœur dimanche soir ?

« Oh que oui. Tu décharges la voiture, mets les affaires dans le camion et là tu te dis que c'est la dernière fois, chacun va faire sa petite vie, à droite ou à gauche. Et aujourd'hui (hier), tu réalises encore plus. C'est dur… »

Les coureurs ont quasi tous un nouvel employeur pour 2010. Mais quid du reste de l'équipe ?

« Environ un tiers de l'encadrement a retrouvé du travail, cela ne fait pas beaucoup. Il y a quelques jours, on espérait encore qu'un nouveau sponsor prenne le relais. Mais David (Fornes) nous a annoncé vendredi que c'était cuit. La petite lueur d'espoir s'est éteinte. »

Une page se tourne donc. Imaginiez-vous en prenant la tête de l'équipe DN1 en 2004 vivre une telle aventure ?

« Nous nous étions donné deux ans pour passer pro. Nous avions effectué de nombreuses démarches et cela s'était décanté plus vite que prévu. Dès 2005, nous nous sommes lancés dans le monde pro, en espérant nous y faire une place. Mais de là à imaginer que nous gagnerions deux étapes du Tour de France, que nous finirions en tête de l'UCI Europe Tour cette année… »

Agritubel, c'est 75 victoires en cinq années de professionnalisme. S'il ne fallait en retenir qu'une…

« Qu'une, ce serait trop difficile. Mais les plus belles, ce sont évidemment les deux étapes du Tour. La première de Mercado, j'étais derrière lui et Dessel durant leur échappée. Mais je n'ai pas vu l'arrivée car il y avait la déviation pour les voitures. Après tu vis le sprint à la radio, c'est un grand moment d'émotion et d'attente. Une attente de quelques secondes mais qui semble durer une éternité. Quant au succès de Brice (Feillu), je n'étais pas derrière lui mais ça bouillait intérieurement. A ces deux victoires, j'ajouterais le titre de champion de France de Nicolas Vogondy, ce fut tellement indécis. »

Agritubel a donné sa chance à plusieurs jeunes coureurs amateurs, avec réussite. N'y a-t-il pas une certaine fierté après coup ?

« C'est valorisant, cela veut dire que nous visions juste, y compris en relançant des garçons comme Vogondy, Lequatre ou Calzati. Romain et Brice (Feillu) se sont totalement révélés chez nous, ils ont travaillé pour et ont un mental d'enfer. Ils ont vraiment un tempérament à part, un tempérament de “ tueur ”. Ils sont adorables dans la vie, mais une fois sur un vélo, ils ne doutent de rien. Pour sa première course pro, au Quatar, Romain avait reçu une claque sur le casque par Boonen après le sprint. Et en descendant du vélo, il m'avait dit : “ Je m'en fous. De toute façon, un jour, je vais le battre. ” »

L'équipe s'arrête alors qu'elle effectue sa plus belle saison. De quoi être amer…

« C'est dommage car l'équipe était super-bien rodée à tous les niveaux. Nombreux coureurs seraient restés. Et peut-être qu'avec l'arrivée de quelques nouveaux, nous aurions pu franchir encore un palier. Mais voilà, c'est fini. »
Propos recueillis par Emmanuel Esseul