Les ombres de Craonne de David RAMOLET

Par Goliath @Cayla_Jerome

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Les ombres de Craonne de David RAMOLET

Un écrivain, ça écrit des romans, ça joue avec ses personnages, ça conduit une histoire, mais êtes-vous certains que cela ne cause pas de dégâts collatéraux ?

Simon en fait l'âpre expérience, en voulant écrire l'histoire de Martin, personnage inventé pour un lieu qui ne l'est pas, mais qui le hante depuis son enfance. Il imagine donc des personnages, les décrits ainsi que les endroits sur des pages, se constitue un plan d'action pour rédiger ensuite. Il a la chance de ne plus travailler qu'à son roman, son épouse lui assurant subsistance et confort. Une vie rêvée qui pourtant se fêle au fil des pages, l'homme se sent aspiré par son paysan, l'esprit entièrement plongé dans son scénario, en 1914…

De fait il se trouve avoir la tête dans une autre époque, l'aube de la grande guerre, et le corps en 2007, sa plume assumant seule le lien entre ces deux mondes.

Parfois, il retombe sur terre, un peu groggy, mais sa femme le soutien et l'encourage à persister dans son roman. Pour le reste de la famille, il n'est qu'un illuminé, un doux rêveur, un inconséquent qui aurait mieux fait de conserver son emploi de fonctionnaire.

Pour que Martin soit crédible, il fraternise avec un officier des archives militaires ; une manière de reniement de ses convictions antimilitaristes ; mais Martin le mérite.

L'écrivain prend armes et bagages pour suivre sa création sur le front, ensemble ils partent au combat, escaladant les collines et plongeant dans les tranchées, dans la boue et les larmes, la puanteur et la terre tâchée de sang. Ils n'ont peur de rien, bravant les feux les plus nourris avec pour seule idée de retrouver un jour une jeune femme dont Martin s'est amouraché. Une journalière que Martin aime en secret de sa propre femme, mais qui l'anime, sans cesser de l'habiter.

Un écrivain a une fâcheuse tendance à vivre les mondes qu'il engendre et, ressent ses personnages jusqu'à s'oublier, parfois.C'est une gestation envahissante qui dure jusqu'à l'accouchement du livre, un enfantement dont une certaine douleur de la séparation n'est pas exclue. Pour que sorte le roman et qu'il vive son existence, il va falloir que Simon laisse partir Martin vers son destin…

Pour un auteur, achever un manuscrit est toujours une rupture, c'est un enfant qui s'en va, une nouvelle vie qui débute par le mot fin…

Ce roman est captivant, on ne le lâche plus. Toutes les personnes aimants écrire vous le diront de la même façon ; Simon, c'est eux !

Tout comme Simon, l'auteur a besoin d'une colonne vertébrale, d'un tuteur qui lui assure de ne pas s'évader, là d'où il aurait de la peine à revenir indemne.

Source In Octavo  4 ème de couverture :

À force de lecture de récits, de témoignages autobiographiques et de documents officiels, Simon s’était peu à peu détaché du monde réel pour ne plus réfléchir, vivre et respirer qu’au rythme de la Première Guerre Mondiale.

Il n’était plus un écrivain cuvée 2007. Il était devenu l’ombre de Martin Brosse. Claire tâchait de le ramener à son présent, mais la vie de son homme se situait dorénavant en octobre 1915.

Simon perdait toutes ses facultés, sa lucidité dès l’instant qu’autre chose que les tranchées et ses poilus prenaient le dessus. Douze heures par jour, Simon écrivait… Au jour le jour… À la minute près, il suivait Martin… Captait chacun de ses gestes et ses déplacements. Et lorsqu’à bout d’énergie, les mots n’arrivaient plus à s’enchaîner, Simon se plongeait dans un livre ou visionnait un documentaire bien évidemment relatif à la guerre.

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Les chapitres s’entassaient sur le bureau. De plus en plus réalistes. Parfois même à la limite du supportable.
— Ce n’est qu’un roman, intervenait Claire.

Simon, romancier, se laisse peu à peu envahir par le personnage de son deuxième roman, Martin, paysan mobilisé en 1914.
Nous voyons l'horreur des tranchées submerger lentement le quotidien de l'écrivain fasciné par son héros.

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