Assises du Rhône: la fille matricide (maman SEP) condamnée à huit ans de prison

Par Handiady

"Josiane Humbert a été reconnue coupable vendredi après-midi d'avoir assassiné en 2005 sa mère, atteinte de sclérose en plaques, en l'étouffant avec une couverture, et condamnée à huit ans de prison par la cour d'assises du Rhône.

Après avoir délibéré pendant trois heures, les jurés ont suivi le réquisitoire de l'avocate générale Véronique Escolano, qui avait demandé dans la matinée une "peine d'équilibre" à l'encontre de cette femme de 52 ans, qui a accueilli le verdict le visage impassible et les lèvres serrées.

Poursuivie pour assassinat, un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité, Mme Humbert a reconnu avoir étouffé avec une couverture la malade, clouée sur un fauteuil roulant, traitée à la morphine en raison de ses douleurs mais qui n'était pas en fin de vie, le jour de la Fête des mères le 29 mai 2005, pendant qu'elle dormait.

Ce soir-là, selon les dires de l'accusée, la malade souffrait beaucoup. "Elle m'a dit +aide-moi, fais quelque chose+, et je l'ai interprété comme une aide à mourir", avait rappelé Mme Escolano citant Mme Humbert, alors qu'aucun témoignage n'est venu conforter pendant le procès ce souhait de mourir de la part de la septuagénaire.

Dans sa plaidoirie, l'avocate de la défense, Me Yanina Castelli, avait quant à elle évoqué "l'abnégation" et le "sens du sacrifice" de sa cliente: la victime, décrite par nombre de témoins comme "gentille, gaie et généreuse", avait fini par devenir "l'enfant de Mme Humbert", inversant les rôles selon l'avocate.

"Je souhaite que la seule prison qu'elle connaisse soit celle du chagrin", avait-elle conclu, en demandant aux jurés une "peine de principe" pour sa cliente et son mari, poursuivi pour non-dénonciation de crime, et condamné quant à lui à deux ans de prison avec sursis.

Plus tôt dans la matinée, l'avocat des deux soeurs de la victime, parties civiles, avait contesté le "meurtre par amour".

"Mme Humbert avait pour sa mère une relation encadrante, entourante, enfermante, excluante et enfin étouffante", dans tous les sens du terme, avait affirmé Me Alain-Xavier Spee.

L'accusée avait raconté mercredi, au premier jour du procès, comment elle avait quitté Mâcon en 1988, avec son mari et ses deux petites filles, pour s'installer à Villié-Morgon (Rhône) dans le Beaujolais, près de chez sa mère malade afin de s'en occuper seule.

S'en étaient suivies dix-huit années de soins quotidiens, ayant abouti à ce que l'expert-psychiatre a appelé mercredi une "relation fusionnelle" virant au huis clos entre la mère et sa fille unique."
Source lemonde.fr