La maison du peuple suivi de Compagnons – Louis Guilloux

Publié le 18 octobre 2009 par Ruminances

Je traînais une sale humeur dans mon grenier.

Je tiens à le répéter, j'éprouve un profond dégoût pour le président de la république française. Tout est minuscule chez lui. Sauf les ficelles qu'il utilise. C'est un ancien avocat qui flanque la honte à la justice et discrédite la corporation. Combien des comme ça ?… Qui font de la triche leurs fonds de commerce ? Ce gars joue le mauvais rôle dans le mauvais film. Il est le Ronald Reagan du pauvre.

Il œuvre pour son profit personnel, pour celui de sa famille et pour le bien-être de ses chiens de garde. C'est un chef de clan ou de meute. Sans doute les deux. Tout, sauf le président de tous les citoyens. Par son action, il est en train de faire cabaner notre fragile et boiteuse démocratie.

Il est urgent de débarrasser l'édifice de cet agent nocif qui mérule la charpente. Une erreur se corrige. Un furoncle s'extirpe !

Dans le monde silencieux du savoir et de la réflexion, j'allais au hasard, cherchant un livre qui me procurerait la distance qu'il faut entre l'événement et la colère intérieure.

Je posais une main sur « La métamorphose » et je la retirais aussitôt. Livre extraordinaire et tellement connu. A ce demander : « qui n'a pas lu ou entendu parler de lui et de son auteur ? » Je n'avais pas l'esprit à évoquer la vie des blattes, des cafards et autres cloportes.

Je continuais ma progression. Puis, juste là, entre une complexe « sociologie du langage » et un Jean Paulhan, mon voisin le briochin : Louis Guilloux. « La maison du peuple ». Un livre préfacé par Albert Camus ! Autant dire que nous en avons deux pour le prix d'un. Né et mort à Saint-Brieuc (1899-1980), Louis Guilloux est un homme qui n'est jamais sorti de sa discrétion en s'aidant des bras pour prendre la place de son voisin. Comme le peuple, dont il est issu, c'est un humble au talent impeccable. Un homme qui se méfie des honneurs et refuse les médailles. Un gars fier de son travail. Qui n'aime pas la guerre et qui faisait tout pour la combattre. Un homme libre. Extraordinairement libre. Il était l'ami préféré de gens tels Gide, Malraux ou Camus…

Cela fait longtemps que je songe à célébrer la mémoire de Louis Guilloux, ami de beaucoup d'intellectuels et vrai fils du peuple. Socialiste sans carte, il cherchait dans la géographie de ses racines la protéine d'un avenir commun à l'humanité, sans guerres ni religions encombrantes.

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