Presse et conséquences

Publié le 18 octobre 2009 par Nemo

Inspiré par le Crapaud, et bien que cela risque de déplaire Aliocha, je poursuis mes réflexions sur le traitement de l'information par la presse et la blogosphère politique.
Chaque jour, nous nous laissons un peu plus aspirer par la tourmente médiatique organisée ou non par l'Elysée.
Notre presse nationale, difficilement capable d'investigations sur le long terme, traite l'information comme elle vient ou plutôt comme on la lui donne, oubliant que l'une de ses premières missions est de dénicher l'information. Autrement, son pouvoir tombe sous le contrôle d'autrui, politiciens ou financiers. Ne me dites pas qu'il s'agit là malheureusement d'un mouvement globalisé, je le constate moi-même en Grande-Bretagne, tout comme au travers de mes lectures internautiques: les médias britanniques et américains sont beaucoup plus indépendants dans le traitement médiatique.
Ainsi, la presse française se contente de réactions épidermiques et la blogosphère politique la suit généralement (je m'y inclus) mais pas systématiquement grâce à l'analyse pertinente de certains blogueurs n'hésitant pas à fournir une énorme quantité de travail, flirtant avec le véritable travail journalistique.
Hors cette infime minorité, nous autres, blogueurs politiques, nous contentons en général de suivre la chaîne de l'information: la Présidence de la République diffuse un grand nombre d'informations chaque jour, les Agences de Dépêches en reprennent la plupart, la Presse en traite une grande partie et la Blogosphère commente. Nous sommes au final à la merci de l'actualité telle que contrôle par la majorité en place.
Pourtant, nul n'ignore qu'il s'agit là d'une technique de communication que François Bayrou avait brillamment mis en exergue dans Abus de Pouvoir. Une information chasse l'autre. Le peuple ne sait plus trier le grain de l'ivraie. C'est l'indigestion.
Indigestion qui profite, malheureusement au pouvoir en place en ce que chacun finit par oublier ce qu'il y a d'inacceptable dans cette majorité sur le fond de sa politique.
Regardons les sujets qui ont mobilisé sur les quelques dernières semaines écoulées:
- Affaire Polanski
- Affaire Mitterrand 1
- Affaire Mitterrand 2
- Affaire Jean Sarkozy
Quid d'Hadopi 2? Karachi? Clearstream? L'indépendance de la justice? De la presse? L'effacement du législatif? Une politique environnementale faite d'esbrouffe?
Mais comme je l'indiquais dans mon précédent billet, un blogueur n'est pas un journaliste. Parce qu'il n'est pas la liberté financière, parce qu'un blogueur n'est qu'une voix du peuple et non la voix de l'information, parce qu'un blogueur commente, analyse, réagit, il n'informe pas, du moins pas au sens journalistique du terme.
Quel matériau analysons-nous? Quelle est la source de nos commentaires?
L'information.
Mesdames, messieurs, les journalistes, ressaisissez-vous !
Nous voulons de l'investigation, de l'analyse, de l'information triée, recherchée, confrontée à la réalité, du travail sur le long terme !
La semaine prochaine nous aurons oublié l'épisode Jean Sarkozy. Là où telle affaire aurait provoqué la démission de dirigeants à l'étranger, en France, nous zappons.
Le pouvoir ne saurait vaciller que parce que la presse, soutenue par l'opinion publique, sait se montrer insistante, incisive, percutante, dérangeante.
La blogosphère serait à ce titre un formidable vecteur de galvanisation de cette opinion publique, mais au préalable, la presse doit elle-même redevenir la dénicheuse d'information. Je crois même à une formidable interaction entre les deux supports.
Autrement, les brillantes analyses de plus éminents blogueurs resteront réservées à un club privé, le lectorat de la blogosphère qui doit représenter un maximum de 500.000 lecteurs.
Sur environ 45 millions d'électeurs? La belle affaire...
En conclusion, la qualité de la blogosphère dépend en partie, au grand dam de certains, de la qualité de notre presse. Mais rien n'interdit de penser que certains blogueurs franchissent le pas de l'investigation, de la discipline journalistique, face à l'inconsistance de nos médias...
La crise de la presse a trouvé un début de solution...