Biarritz : le match référence !

Publié le 19 octobre 2009 par Lben

Chronique du lundi 19 octobre 2009

La belle victoire, 42 à 15, de Biarritz sur Gloucester ce week-end peut marquer un tournant dans la saison des Basques. Explications.

Qu’est ce qu’un match référence ?

Gagner des matchs, c’est bien mais être capable de le faire en faisant progresser le jeu de l’équipe, c’est mieux. Montrer pendant quasiment 80 minutes tout l’étendue du jeu de l’équipe, tout ce qui est travaillé à l’entraînement mais qui, jusque là, n’avait été aperçu, au mieux, que par bribes lors des rencontres précédentes, c’est le but de chaque entraîneur. Le problème c’est que comme ceux-ci ont peu, voire aucune maîtrise sur le contenu du match, ils en sont rendus à attendre ce fameux match référence, celui où ils retrouvent enfin tout le contenu de leur travail et où les joueurs exécutent parfaitement, en match, l’ensemble du travail effectué à l’entraînement. A ce moment-là, l’entraîneur sait que son équipe a passé un palier, que le niveau de jeu est monté d’un cran et qu’il va pouvoir capitaliser sur ce match pour encourager ses joueurs à aller encore plus loin dans la prise de risque et la capacité à prendre le jeu à leur compte. A partir de ce match-là, il sait que l’équipe a progressé et qu’elle a la capacité de progresser encore.

Le match référence c’est le moment où le travail effectué jusque-là est validé sur le terrain, face à un adversaire suffisamment costaud pour être sûr que ce n’est pas un simple feu de paille mais qu’au contraire un palier vient d’être franchi. Et comme ce premier palier est le plus difficile et compliqué à passer, l’entraîneur peut même se dire que la marge de progression reste encore importante pour le reste de la saison.

Pourquoi la victoire contre Gloucester peut servir de match référence pour Biarritz ?

La question peut se poser alors que Biarritz est en train d’enchaîner sa 7ième victoire d’affilé et que, par exemple, la victoire contre Paris, la première de cette longue série, ou celle du côté de Glasgow le week-end dernier, semblent avoir plus d’importance que celle face aux anglais de Gloucester. La victoire contre le Stade Français, c’est une victoire déclic, celle qui projette l’équipe dans une spirale positive et qui va lui permettre de repartir du bon pied. Par contre, lorsque l’on analyse ce match de Top14, on retrouve les ingrédients habituels qui font la force du BO : la défense et la conquête mais pas beaucoup plus. L’équipe Basque a, bien sûr, lancé des attaques mais rien de bien structuré et surtout d’efficace en attaque. C’est toute la différence avec le match contre Gloucester. Lors de la rencontre de ce week-end, on a vu le jeu du BO atteindre une 3ième dimension avec la capacité des joueurs basques à créer le danger par leur ligne d’attaque et à multiplier les temps de jeu sans que celui-ci ne perde de sa consistance ou ne soit entravé par des fautes individuelles. Mieux, même. Face à une équipe anglaise bien en place en première mi-temps, c’est de l’aile qu’est venu le salut de Biarritz, chose qui n’était pas arrivé à l’équipe Basque depuis bien longtemps. Depuis Philippe Bernat-Salles, diront même certains ! C’est peut-être exagéré mais cela montre bien la nécessité pour cette équipe de dépasser le stade de la conquête et de la défense pour être capable de jouer, à nouveau, les premiers rôles.

A partir de maintenant, les entraîneurs basques vont pouvoir se servir des images de ce match pour obliger les joueurs à toujours hausser leur niveau de jeu et à tendre vers une excellence qui leur permettra de battre les équipes capables de résister à la force de leurs avants et à la pression de leur défense. Ils vont pouvoir obliger leurs protégés à prendre plus de risque dans les lancements de jeu et à ne pas seulement se reposer sur des coups de pieds de la charnière à chaque fois qu’il s’agit de prendre le jeu à leur compte. Les images de ce match vont, pour le reste de la saison, servir de référence pour les entraîneurs afin que les joueurs tendent toujours à retrouver une telle implication et une telle envie et continuent à faire progresser le jeu de l’équipe.

Quel futur pour Biarritz ?

Bien sûr un match référence ne vaut pas diplôme ou même bouclier. Toutes les équipes qui arrivent à avoir un match référence pendant la saison ne finissent pas champion de France, malheureusement pour elles. Pour les Biarrots, néanmoins, ce match clé peut être plus important que pour d’autres équipes car il permet maintenant à l’équipe de passer d’un jeu en 2 dimensions à un jeu en 3 dimensions, ce qui n’est pas rien. En effet, jusque-là, Biarritz était très fort en défense et en conquête mais était à la merci d’une équipe capable d’élever son niveau de jeu sur les phases de combat. A partir de maintenant les Basques ont de nouveaux arguments à faire valoir pour résoudre la problématique proposée par les meilleures équipes. C’est de très bonne augure pour le reste de la saison même si les coupures internationales vont compliquer, à nouveau, le travail des entraîneurs dans les semaines à venir et rendre plus difficile le fait de capitaliser sur la dynamique ainsi lancée…