L’occasion manquée d’un budget de salut public en 2010

Publié le 20 octobre 2009 par Alaindumait

Longtemps, le discours de présentation du ministre de l’économie du budget de l’Etat pour l’année suivante a constitué l’un des moments les plus forts et les plus attendus de la vie parlementaire française. Valery Giscard d’Estaing, parlant sans notes, s’illustra tout spécialement dans cet exercice.

Le discours délivré ce jour par le ministre «du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l’Etat» ne restera pas dans les annales.

Ni pour sa forme (<http://www.budget.gouv.fr/discours-presse/discours-communiques_budget.php?type=discours&id=624&rub=501>) ni pour son fonds.

Eric Woerth dit avoir placé ce budget sous le double signe de la «vérité» et de «l’action».

Reconnaître que l’environnement économique demeure plein d’incertitudes relève d’une lucidité minimum. Quand au volontarisme de l’action du gouvernement, illustré par la mise en oeuvre des grands messes de la RGPP (révision générale des politiques publiques), il accouche de petites souris. On est content d’apprendre que «l’organisation des fonctions de soutien du ministère de la Défense va être profondément modifiée» ; et que «les subventions versées aux fonctionnaires allant s’installer outre-mer pour leur retraite vont être réformées»…

En vérité, ce budget, est une occasion manquée.

La crise économique que nous vivons justifiait une accélération des réformes et un plan de réduction massive des dépenses publiques. Le budget pour 2010 est bati sur une augmentation des dépenses de 1%, supérieur à la croissance attendu, de 0,75%. Il vient après une exécution 2009 à +5%. Une diminution générale de 5% aurait constitué un signal significatif.

L’opinion l’aurait compris. Elle aurait sans doute soutenu un budget de salut public, comportant des mesures fortes, s’inspirant des expériences réussies déjà menées à l’étranger.

La réduction du nombre des fonctionnaires est insuffisante. Un gel provisoire de toute embauche et de tous les salaires eut été plus adapté.

Un rabotage uniforme des crédits publics, par  exemple de 3% eut été  raisonnable.

La suppression de charges qui pèsent sur les entreprises française et pas sur leurs concurrents étrangers, comme la formation, le logement et le transport eut été judicieux.

On pouvait tailler dans les subventions, aux associations ou aux entreprises.

On pouvait plafonner les allocations familiales, au delà de cinq enfants, qui ne profitent qu’aux familles immigrées.

On pouvait relancer les privatisations. A quoi ça sert de garder 42% du capital de France Télecom ?

On pouvait obliger les organismes HLM à vendre 5%/an de leur patrimoine, comme le recommandait le rapport Attali…

Bref, en tenant en particulier les promesses du candidat Sarkozy, il fallait rétablir l’équilibre du budget, non seulement pour ne pas augmenter la dette, mais aussi pour assurer la compétitivité de la France.

On sait bien que ce sont principalement des raisons électorales, liées au calendrier et à l’échéance présidentielle de 2012 qui ont persuadé le chef de l’Etat de temporiser.

Et c’est là qu’il à tord !

N’ayant pas engagé les réformes en 2007, le budget pour 2010 était la dernière fenêtre de tir, avant le lancement de la campagne fin 2011.

Le délai était encore suffisant pour qu’elles portent leurs fruits.

Après, ce sera trop tard…

La gauche entraînera le président de la République vers de nouvelles et fortes augmentations des impôts. Le programme que vient de présenter François Hollande ouvre le bal.

Quant aux électeurs du Front National, comme ils s’estiment aujourd’hui trahis, ils ne revoteront certainement pas pour le président sortant, dont le populisme n’aura pas duré très lonftemps…

C’est une idée recue, mais fausse, que les réformes font perdre les élections à ceux qui les engagent. Et de toute façon, mieux vaut être un artisan du renouveau que du déclin ! …

En 2010, avec le budget dont le Parlement a commencé l’examen, la France figurera parmi les mauvais éléves. Le débat sur le plafonnement des niches fiscales – passionnant mais byzantin – n’est certainement pas à la hauteur des enjeux économiques du moment.