A quand la télé-diversité ?

Publié le 21 octobre 2009 par Maudsoulat

Le CSA a rendu public hier un rapport sur la 1ère vague de son Baromètre de la diversité.

Les résultats sont disponibles sur ce fichier mais Serial Zappeur vous les détaille.

Décidé début 2009, ce baromètre quantitatif mesure la diversité en télévision, afin de voir si le petit écran est bel et bien représentatif de la société française en termes de sexe, de catégories socio-professionnelles (CSP), d'ethnies ou de handicap visible (la nuance est importante).

Une semaine d'étude de programmes et publicités sur les chaînes de la TNT, historiques et petites nouvelles, a permis les constats suivants :

- Les CSP ne sont pas représentées en fonction de leur importance réelle dans la société française : on note une sur-représentation des cadres au détriment des inactifs et des ouvriers. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n'est pas le fait de la publicité mais des programmes tels que l'information ou les jeux.

En gros, au JT, si ce n'est Jean-Pierre Pernaut, peu de place est laissée à la France d'en bas puisque les cadres sont présents à 83%.

- Des femmes moins visibles à la télévision, de manière homogène entre la publicité et les programmes, de flux ou de stock. Le sport est le seul genre à exercer une domination écrasante en matière de représentation masculine : 91% contre 9% pour les femmes.

Si l'info est bonne élève en matière de mixité, les divertissements sont un domaine très masculin, où la femme a encore un rôle de faire valoir (terme élégant pour désigner la potiche de la Roue de la Fortune).

- Des minorités très peu visibles sur le petit écran : là aussi, que ce soit dans les écrans pub ou les programmes, les Non-Blancs, comme dit le CSA, sont très peu représentés : 13% pour la pub, 10% pour les programmes. Le divertissement fait un peu mieux avec 18%, surtout en matière de clips. Pour ce qui est de la présence des minorités visibles comme héros de fiction ou animateur vedette, beaucoup de chemin reste à parcourir, Harry Roselmack restant encore un symbole fort mais finalement très isolé.

- Le handicap est quasi-inexistant : d'après la télévision, nous vivons dans un monde merveilleux où personne n'a de problèmes de mobilité, ou de situation de handicap.

Ceci est lié à la représentation plus générale du handicap en France, encore tabou pour beaucoup, et à la dimension "machine à rêves" de la télévision. Seuls 0.2%, soit 142 personnes handicapés, ont été repérées sur l'étude. 68 personnes l'ont été dans la publicité, moins mauvaise élève que l'information, avec 22 personnes en situation de handicap, et les magazines, avec 6 personnes vues. Le chemin est encore long pour éduquer les consciences à cette question.

Dans ses conclusions, le CSA montre qu'il reste encore des progrès à effectuer notamment en matière de CSP, d'ethnies et de handicap. Carton jaune à l'info, aux magazines et aux documentaires sur ces domaines, moins sur la mixité.

Dès lors, que faire ? Déjà appliquer les mesures du CSA en faveur de la diversité, rappelées dans le document :

- Engagement de chaque diffuseur sur des objectifs de progression par rapport à ses propres résultats, établis par le baromètre. Ces objectifs concernent principalement les trois genres reflétant la réalité de la société française : actualité française dans les journaux télévisés, fiction française, divertissements.


- Mesure, deux fois par an, de la réalisation de ces objectifs par le baromètre du CSA.


- Amélioration de la distribution artistique des fictions par un engagement des chaînes sur la présence de comédiens issus de la diversité dans les fictions en cours de tournage.


- Insertion d’une clause « de sensibilisation à la diversité » dans chaque contrat de commande de programmes signé par les diffuseurs.


- Actions de sensibilisation des chaînes, après chaque publication des résultats du baromètre : la chaîne organise une action de sensibilisation auprès de ses équipes de programmes et de sa rédaction.

Avec de manière plus globale une question : la télévision doit-elle faire de la discrimination positive ? Comment éduquer le téléspectateur à la diversité en conciliant exigence d'équité et contraintes d'audience ? Une question loin d'être réglée et que l'ensemble des chaînes privées ou publiques doit intégrer dans les cahiers des charges qui sont les leurs.