Une horreur boréale…

Publié le 25 octobre 2009 par Boustoune

Au début tout va bien. Une introduction rondement menée – une fusillade provoquant le crash d’un avion militaire soviétique - puis un beau plan-séquence, un peu vain mais bien exécuté, débouchant sur un plan de la toute mimi Kate Beckinsale sous la douche – rhâaa lovely.
On se dit que Whiteout, le thriller de Dominic Sena part sur de bonnes bases, d’autant que l’action se déroule dans un endroit assez inhabituel : une station scientifique internationale située en Antarctique, perdue dans une immensité glaciaire de quatorze millions de kilomètres carrés et plongée dans une nuit hivernale six mois par ans. Météo habituelle : tempête de neige, vents violents et température extérieure de -80°C. Bref, un lieu où on peut facilement se trouver en danger dès lors que l’on s’éloigne des bâtiments…
D’ailleurs, on découvre le cadavre fraîchement congelé d’un géologue. Problème, ce décès n’a rien de franchement naturel et l’enquête menée par la belle Carrie Steko (Kate Beckinsale), responsable de la sécurité des lieux, laisse à penser qu’il s’agit du premier homicide de l’histoire de l’Antarctique. La découverte d’un second corps, abîmé à coup de piolet, confirme très vite ces conclusions. Et il est évident que les meurtres sont liés à la découverte récente, sous une couche de neige, d’un vieil avion soviétique – celui du début – et de sa cargaison…
Mystère, climat glacial et huis-clos étouffant, tous les ingrédients sont là pour créer le suspense…
 
Malheureusement, nos attentes vont être vite déçues au fil d’un scénario ridicule, truffé d’aberrations et plombé par des personnages dénués d’épaisseur psychologique. Sans oublier ses fausses pistes éculées et son coupable prévisible.
L’intrigue, pourtant tirée d’un comics book à succès (*) est un peu trop simple pour tenir la distance d’un long-métrage. Et sa résolution nous laisse perplexes. Vu les tenants et les aboutissants de l’intrigue, tous ces homicides étaient-ils vraiment nécessaires ? Bon, il est vrai que la BD semblait faire la part belle aux personnages, ce qui n’est plus le cas ici. Le personnage de Carrie Stetko est certes toujours perturbée par un passé douloureux, mais ce point est trop maladroitement martelé par le cinéaste à l’aide de flashbacks inopportuns. Par ailleurs, le second personnage principal du bouquin, l’agent britannique Lilly Sharpe est ici remplacée par un agent de l’ONU de sexe masculin, joué par le très inexpressif Gabriel Macht. Drôle d’idée qui affadit la portée féministe de l’œuvre originale et qui, si le but était d’induire une certaine tension sexuelle entre les deux personnages, n’est même pas correctement exploitée…
Bref c’est assez indigent à tous les points de vue…
 
Si encore le suspense était au rendez-vous,on passerait éventuellement sur quelques défauts mais non, même pas ! Le cinéaste ne tire absolument pas parti de l’aspect claustrophobique des lieux, gâchant notamment les scènes finales où la base, totalement évacuée de sa population et au cœur d’une impressionnante tempête de neige et de glace, aurait dû devenir le lieu idéal pour un jeu de chat et de la souris entre le tueur et la femme-flic. Là, rien de rien. C’est mou…
Les scènes d’extérieur ne sont guère mieux loties. Elles se résument à une série de courses poursuites dans la neige où, du fait des intempéries, on ne distingue absolument rien de ce qui se passe à l’écran. Et le montage – au piolet - n’arrange absolument rien.
Résultat : on s’ennuie ferme…
 
En résumé, Whiteout est un thriller mollasson, incohérent et creux, très loin de ce qu’il aurait pu – et dû – proposer. Il faut dire que Dominic Sena, tâcheron hollywoodien connu pour un ou deux blockbusters sans âme (Opération espadon, 60 secondes chrono) n’a rien d’un génie de la mise en scène, au contraire. Restent Kate Beckinsale et Tom Skerritt qui assurent le métier du mieux qu’ils le peuvent, et une ou deux séquences qui ont miraculeusement échappées aux ciseaux de la censure, mais c’est bien insuffisant pour sauver un film qui nous laisse… de glace.
Note :

(*) : « Whiteout » de Greg Rucka & Steve Lieber – coll. Regard noir et blanc – éd. Akileos