Amnistie Internationale VS l’exposition Bodies de Montréal et de Québec

Publié le 26 octobre 2009 par Raymondviger

Lors de l’émission Dumont 360 sur l’éthique de l’exposition Bodies, il avait été dit que le promoteur, Premier Exhibitions, afficherait clairement un avis mentionnant que la provenance et l’acceptation des corps humains servant à l’exposition Bodies ne pouvaient pas être garanties. Contrairement à l’exposition Bodies à New York où un juge avait forcé Premier Exhibitions à poser cet avis, rien n’a encore été fait ni pour l’exposition Bodies de Québec, ni pour celle de Montréal au Centre Eaton. Amnistie Internationale a fait parvenir ce communiqué de presse pour s’indigner, une fois de plus, contre le manque de coopération des organisateurs de l’exposition Bodies.

Le public toujours tenu dans l’ignorance sur l’origine des corps de l’exposition Bodies

Montréal, le 26 octobre 2009 – Amnistie internationale Canada francophone réitère sa très grande préoccupation quant à l’exposition Bodies présentée au Centre Eaton de Montréal depuis le 23 octobre, et à Québec depuis juin dernier au Pavillon de l’Espace 400e.

Contrairement à ce qui a été rapporté ces derniers jours, et malgré la demande expresse d’Amnistie internationale et de la Commission de l’éthique, de la science et de la technologie du Québec, Premier Exhibitions n’a toujours pas affiché un avertissement à l’entrée de ses deux expositions quant à l’origine exacte des corps et des organes exposés. Amnistie internationale demande également que le même avis soit mis sur le site web de l’exposition (expobodies.ca) afin que les gens puissent faire un choix éclairé et informé avant de visiter l’exposition, ce qui n’apparait pas en ce moment.

Des représentants d’Amnistie ont rencontré les organisateurs de l’exposition jeudi dernier, mais ces derniers n’ont pas été en mesure de certifier que les cadavres et organes présentés ne proviennent pas de condamnés à mort chinois ou de prisonniers sur lesquels un prélèvement d’organes a été fait. Ils ne peuvent également pas confirmer que ces personnes ont donné leur consentement à ce que leur cadavre ou leurs organes soit ainsi exposés devant le monde entier. Ils se fient exclusivement à leur partenaire chinois de Dalian en Chine et aux assurances du Bureau chinois de police.

L’origine des corps et organes demeure donc pour le moins douteuse. La Chine détient le triste record du plus grand nombre de condamnations à mort dans le monde, avec un processus judiciaire inéquitable et injuste où les aveux obtenus sous la torture sont bien documentés. Il existe aussi un véritable trafic d’organes de personnes exécutées dans ce pays, ce que même les responsables du Ministère de la Santé en Chine ont admis ces dernières années.

À New-York, un juge a obligé les organisateurs de cette exposition à indiquer clairement à l’entrée et sur leur site web, que l’origine des corps présentés n’était pas connue de façon certaine et qu’ils n’avaient pu vérifier de manière indépendante celle des organes.

Amnistie internationale exhorte donc Premier Exhibitions à afficher immédiatement, en français et en anglais, à l’entrée de l’exposition, ainsi que sur le site web (expobodies.ca), un avertissement aux visiteurs à cet effet.

Dans l’éventualité contraire, Amnistie internationale continuera de faire pression sur les organisateurs et de sensibiliser la population à ce sujet.

Avertissement mis sur le site web de Premier Exhibition (http://www.prxi.com/nycdisc) suite à une demande d’un juge américain :

This exhibit displays human remains of Chinese citizens or residents which were originally received by the Chinese Bureau of Police. The Chinese Bureau of Police may receive bodies from Chinese prisons. Premier cannot independently verify that the human remains you are viewing are not those of persons who were incarcerated in Chinese prisons.

This exhibit displays full body cadavers as well as human body parts, organs, fetuses and embryos that come from cadavers of Chinese citizens or residents. With respect to the human parts, organs, fetuses and embryos you are viewing, Premier relies solely on the representations of its Chinese partners and cannot independently verify that they do not belong to persons executed while incarcerated in Chinese prisons.

Traduction :

Cette exposition présente des restes humains de citoyens ou de résidants chinois qui ont été initialement obtenus par le Bureau chinois de police. Le Bureau chinois de police peut recevoir des corps provenant de prisons chinoises. Premier Exhibitions ne peut pas vérifier de façon indépendante si les restes humains que vous voyez ne sont pas ceux de personnes qui ont été incarcérées en Chine.

Cette exposition montre des cadavres entiers ainsi que des membres, organes, fœtus et embryons humains qui proviennent de cadavres de citoyens ou résidants chinois. En ce qui a trait aux membres, organes, fœtus et embryons humains que vous voyez, Premier Exhibitions se fie uniquement aux garanties avancées par ses partenaires chinois et n’est pas en mesure de confirmer indépendamment qu’ils n’appartiennent pas à des personnes exécutées alors qu’elles étaient incarcérées dans des prisons chinoises.